• La Pnyx à Athènes, où se réunissait l'ecclesia - maquette
    La démocratie ! Un sujet de choix par ces temps de dénis quotidiens de ce principe jamais (oui, jamais) vraiment appliqué jusqu'à présent dans les périodes historiques.
     
    Erwin répond  dans un commentaire à un billet de Ponts de vue alternatifs intitulé En quoi le régime actuel dénature l’ensemble des principes politiques de 1789 ? sur le Grand Soir. Je l'ai trouvé particulièrement explicite et bien écrit au point de le reproduire ici.
     
     
     
    06/04/2013 à 04:03, par erwin
     
    Il y a quelques temps, j’ai fait connaissance (grâce à Franck Lepage) avec la définition que donne Paul Ricœur de la démocratie. Depuis, c’est mon principal aiguillon pour juger du degré de démocratie dans une société, car ce qu’elle dit explicitement induit tout le reste :
    "Est démocratique, une société qui se reconnaît divisée, c’est-à-dire traversée par des contradictions d’intérêt et qui se fixe comme modalité, d’associer à parts égales, chaque citoyen dans l’expression de ces contradictions, l’analyse de ces contradictions et la mise en délibération de ces contradictions, en vue d’arriver à un arbitrage".

    Dans le cas qui nous intéresse, je dirais qu’aujourd’hui on en est très loin, et que pendant la Révolution...on en était très loin aussi !

    Bien évidemment la définition de Ricoeur exclut catégoriquement le système représentatif, dont l’auteur de l’article rappelle à juste titre qu’il s’assimile à l’aristocratie. La représentation est pourtant au cœur des institutions révolutionnaires et elle est largement évoquée par la DDHC.

    J’ai donc du mal à rejoindre l’auteur sur une dénaturation des principes politiques de 1789, qui à mon sens portent en germe -à dessein bien entendu- la confiscation de la souveraineté par la nouvelle élite.

    A main levée - Indignés à Athènes
    Pour être démocratique, une représentation politique doit être assurée par des citoyens dont la politique n’est pas le métier, mandatés pour accomplir une tâche précise, possédant une autonomie décisionnelle très limitée et clairement délimitée, le tout sous le contrôle étroit des autres citoyens, et moyennant une indemnité correspondant aux besoins d’un citoyen qui prend en charge une partie des affaires de la cité pendant un temps limité avant de revenir à sa vie "normale" (vraiment normale, hein...) et non à ceux d’un aristocrate rentier.
    Bien sûr, tout çà doit s’accompagner de la suppression de 90% de la représentation politique, ce qui veut dire que les citoyens doivent prendre les choses en mains, exercer réellement leur souveraineté. Autrement dit, gérer directement la cité.

    Dans l’Athènes antique, cela fut possible au prix d’une exclusion du corps civique de l’écrasante majorité de la population : pendant que les citoyens sont en train de débattre sur la Pnyx, il faut bien que les autres fassent "tourner" la cité.

    Aujourd’hui nous avons collectivement les moyens, notamment techniques, de nous émanciper en grande partie du travail (moi je dis qu’on peut passer les doigts dans le nez à la semaine de 25h aujourd’hui et beaucoup moins demain, mais çà se discute). Il devient donc tout à fait envisageable que chaque citoyen qui le souhaite puisse consacrer une partie importante de son temps à la gestion de la cité.

    Bon bah voilà, y’a plus qu’à pendre les aristocrates à la lanterne !

    Et cette fois-ci évitons d’en mettre d’autres à la place.

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