• De Florange à Goa

    L'homme de l'Élysée (non, pas du Picardie) fait donc "sa" guerre, dans un lieu dont je crains qu'il ne le connaisse mal. Le voilà soudain conquérant. Il ne s'agit pourtant pas de sauver "nos fils et nos compagnes", mais de l'extraction d'un produit que bien des Français préfèreraient bien voir ailleurs. Oui, bien sûr, il y a aussi de l'or, du pétrole, et autres bricoles. Mais ne s'agit-il pas de sauver le soldat Areva, qui a là sa principale source... de pollution à long terme ? C'est tellement mieux que les énergies durables : là il s'agit du danger durable.

    Soudain, à la demande d'un gouvernement à la légitimité très douteuse, les mercenaires que sont désormais tous les prétendus "défenseurs de la France" sont envoyés là-bas, dans le désert, à leur sortie d'un autre théâtre d'opérations contesté, et contestable, l'Afghanistan. Il va falloir combattre quelques mercenaires là aussi, ceux d'Al Qaida, ces groupuscules de déstabilisation inventés par la CIA aux temps des Moudjahidin... encore d'Afghanistan. A leurs côtés sont les occupants légitimes et millénaires du terrain, les Touareg. Une vraie civilisation, très différente de la nôtre, mais au moins aussi respectable. C'est un processus qui sent très mauvais.  Les Affaires Étrangères de notre pays y seront durablement jetées au Gémonies par les gens du cru. Sans doute cela n'a-t-il pas d'importance, dès qu'on parle d'uranium.

    Florange
    Curieusement, le discours fut bien moins ferme, quand il s'est agi de défendre notre sidérurgie. Il est vrai que, désormais, elle appartient à un homme du sous-continent indien, très riche donc respectable sans doute. En revanche, elle est bien implantée sur notre sol, et elle est servie par nos compatriotes. Bah ! Cela n'a sans doute pas d'importance. Et toutes les solutions qui ont été proposées pour sauver ce facteur pourtant stratégique ont été récusées, toujours par l'homme de l'Élysée. Au contraire, le voilà en quête du démontage final pour toute la protection sociale de notre pays, sans doute parce qu'elle agresse les amis du personnage. Son prédécesseur n'est donc pas allé assez loin, il faut très vite finir de détruire ce que des centaines d'années de luttes avaient fini par obtenir, au prix du sang parfois.

    Un certain séjour à Londres, un peu avant les élections, fut donc fructueux. Tout est en place pour contenter les adorateurs de la City, les banquiers du Dieu Argent. Comme ses prédécesseurs des années 90, un socialiste ™ va plus loin et plus vite que ceux qu'on aurait pu supposer être ses adversaires. Les centrales syndicales ne bougent pas. Ceux qui descendent dans la rue ne s'en réclament pas. A la suite d'autres sacrifiés comme la Grèce ou l'Espagne, voilà la victime qui est présentée à ses bourreaux.

    Et pourtant, l'opposition existe, elle est toujours là. Elle n'a pas les mêmes aspects que les hommes de Billancourt. Elle se bat ici contre Areva (oui, celui qui a des mines au Niger et en Mauritanie), contre Vinci ici, contre Vinci là. C'est un projet d'aéroport ridicule, dans le pire endroit pour le construire ; c'est un EPR-Arlésienne, et la ligne THT qui en découlerait peut-être s'il venait à fonctionner.... un jour.... c'est un dossier pharaonique pour traverser les Alpes en bousculant tout sur son passage (merci le TAV) comme les éléphants d'Hannibal ; ce sont des dizaines de projets où Vinci (encore lui) n'a pas la plus petite part, pour des résultats envisagés qui feraient rire si ce n'était si grave (dix minutes de gain de temps pour Poitiers-Limoges, si, si....).

    Oui, il y a une opposition, mais elle n'est portée ni par des syndicats, ni par des partis politiques hormis le Front de Gauche parfois. La plupart du temps, ce sont des riverains de projets qui prennent leur destin en main, ou des jeunes motivés qui viennent leur prêter main-forte. Ils sont en butte aux forces dites de l'Ordre (particularité, tout est très calme quand elles ne sont pas là) qui, manifestement, ne sont là que pour les intimider, alors pourtant et manifestement, cela ne fait que renforcer l'opposition, et ridiculiser les positions gouvernementales.

    Magistral là-bas (pour le moment), piteux ici, et dangereux, voilà un parcours "officiel" que les citoyens français ont le droit de trouver malséant. De la précarité organisée pour un maximum de personnes, à une retraite de plus en plus rikiki pour de moins en moins de gens, d'une santé publique en grand danger (l'espérance de vie redescend désormais) à un emploi aussi rare que l'eau dans le désert du Mali, notre pays entier s'en va à la poubelle.

    N'a-t-on pas le droit d'être en colère ?

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