• Le Rosier, une belle ferme après le passage des envahisseurs
    Cette déclaration de Matignon ne rend pas du tout compte de la situation. Elle ne prend pas en compte le fait que l'opinion est en train de prendre fait et cause pour les défenseurs de la ZAD, qui ont d'excellents arguments pour contester l'aberration d'une construction anti-écologique, extrêmement onéreuse (bien plus que ce qui fut chiffré par Vinci, comme on peut s'en douter), à la rentabilité très controversée (d'autant qu'en cas  de trou - prévisible - dans le budget, ce sont les contribuables qui paieraient), inutile puisque l'aéroport actuel suffit largement. En tout cas, rien qu'en ce 24 novembre 2012, 45 manifestations au moins sont organisées dans toute la France, prolongeant celles d'hier, et toutes les autres.

    Si petit caillou il y a chez les écologistes de gouvernement, qui n'auraient pas dû accepter un tel marché avec le président de la république et le premier ministre, pour un ou deux strapontins, gros caillou il y a dans la chaussure gauche d'un ancien maire de Nantes en train de se faire désavouer à toute allure par ses anciens électeurs.  Accroché à son projet comme le sont certains insectes, il réussit à avoir rallié à sa cause quelques élus régionaux. Cela lui donne-t-il une légitimité ? Bien entendu, non. Il est remarquable que des militants de son parti commencent à déchirer leur carte, pour protester. Son assise, et celle de Solférino, pourraient de ce fait vaciller faute de base pour les soutenir.

    Pour être aussi agressif, vindicatif et intolérant, pour refuser toute médiation des verts, pour affirmer avec tant de force sa détermination, ne serait-ce pas que le premier ministre se sentirait désavoué par ses "camarades" de la base ? Malgré cette façade monolithique, ne verrait-il pas s'effriter sa légitimité et celle du président qui le soutient ? En plein aventurisme sur ce dossier, il risque fort de se retrouver en porte-à-faux dans beaucoup d'autres questions à décider ou arbitrer.

    Les défenseurs du bocage de Notre-Dame des Landes continuent à être motivés à fond, malgré les avanies que leur inflige le premier ministre, directement ou non. Molestés, bousculés, gazés, cibles de tirs tendus de grenades lacrymogènes ou assourdissantes, parfois criblés d'éclats, ils sont de plus en plus nombreux. Malgré une tentative de propagande les présentant comme des asociaux, des personnages dangereux, ils ont de plus en plus l'appui de la population, bien plus qu'avant ces tentatives de les déloger. Le mouvement s'étend à toute la France, à l'Europe. Celle-ci est en train de se faire, mais pas du tout de la façon dont les dictateurs collégiaux de Bruxelles l'entendent. Ils ont tenté de diviser pour régner, et appliquer leur plan de paupérisation catastrophique en tablant sur la division et l'individualisme : sur ce point-là ils sont en train de perdre.

    Après tout, c'est peut-être ce petit caillou qui fera basculer l'Europe, et s'écrouler l'échafaudage patiemment édifié depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Des empires comme Vinci risquent d'y perdre. L'Europe des citoyens, solidaires et tendus vers un but commun où le chômage et la précarité ne sont plus inéluctables, pourrait bien naître des débris de ce culte du veau d'or désavoué et rejeté. Ce que nous avons vu naître à Notre-Dame des Landes peut bourgeonner et se répandre partout, dans la joie et la fraternité.

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