• Le traité franco-allemand, il y a cinquante ans

    Le 22 janvier 1963, Konrad Adenauer et Charles de Gaulle signaient un traité qui aurait pu être historique. Celui-ci scellait la coopération des deux côtés du Rhin en vue d'un avenir commun et indépendant d'acteurs "extérieurs". Louable préoccupation.

    Malheureusement les politiciens allemands ne l'entendaient pas du tout ainsi. C'est pourquoi ils ont concocté un préambule qui en effaçait TOUS les effets, et qui fut voté juste avant la ratification du traité lui-même. La classe politique allemande, tournée vers les États-Unis d'Amérique plutôt que vers la France, voulait associer la Grande-Bretagne à cette union (C.de Gaulle, prévoyant, ne le voulait surtout pas), elle comptait pour sa Défense sur l'OTAN (récusé en France), et comptait bien adhérer au GATT (un carcan selon le président français).

    Aujourd'hui, De Gaulle parti, la France est jusqu'au cou et même plus dans l'OTAN, dont elle a même pris "la direction" (traduisons : c'est elle de son propre chef qui envoie ses mercenaires au casse-pipe).

    Concernant la "construction européenne", la Grande-Bretagne et vingt autres pays ont fini par rejoindre le noyau initial composé de l'Allemagne, la France, le BENELUX et l'Italie. Pareil conglomérat de pays aux économies, aux motivations, aux contraintes géographiques complètement différentes, sans guide bien défini, ne peut être que la proie d'un acteur extérieur, les USA. Bien entendu, ce sont ceux-ci, dès 1944, qui avaient commencé à poser des jalons dans ce sens pour se constituer un marché captif colossal. Jean Monnet et Robert Schuman, en "stage" aux States à cette époque-là, en avaient été les agents bien "briefés" et conscients.

    Bien entendu, faisant partie désormais de cette pseudo-Europe qui ressemble plus à un amas disparate, notre pays adhère aux traités internationaux d'économie comme le GATT, et puis le GATS que l'on appelle ici l'ACDS, et puis... tout ce qui peut enchaîner les économies, donc les politiques des États du monde. Seul bénéficiaire, les USA.

    humour - le monde selon GW Bush
    Les États-Unis d'Amérique sont un non-sens, au même titre que cette pseudo-Europe dont nous venons d'esquisser les contours. Deux cents ans après leur constitution, ils sont la somme de cinquante États plus ou moins accolés, aux profils extrêmement divers, aux climats fort différents, séparés par une succession de fuseaux horaires. Leur formation a été l'occasion de violences énormes, au point que subsiste un certain Second Amendement aux conséquences souvent cruelles. Leur "espace vital" a été gagné grâce à l'extermination de cent peuples, de millions de bisons, ce qui n'est guère un signe de civilisation. La partie sud n'est que l'annexion pure et simple, selon plusieurs méthodes, du nord du Mexique. Entre Albuquerque et Boston, le contraste est fondamental, comme entre Valence et Oslo sans doute. Même les langues sont souvent différentes (en particulier entre les quartiers riches et les ghettos de pauvres). La seule unité provient de ce salut au drapeau auquel les écoliers sont contraints chaque jour : c'est maigre.

    En raison de ce salut au drapeau, le seul ciment qui peut être apporté est une vision de tout ce qui est extérieur comme une terra incognita hostile, qui doit être domptée coûte que coûte.  C'est pourquoi, à la grande joie des industriels de la chose, ce sous-continent disparate, plus petit que l'Europe, se dote du budget militaire équivalent à presque tous les autres réunis (42%).  D'une agressivité digne du diable de Tasmanie, il mord tout ce qui bouge, et dans sa tête pourrait lui nuire.  L'agressivité militaire qui en découle va de pair avec une agressivité commerciale encore plus accentuée, héritage de la tradition britannique ("nation de boutiquiers", comme disait Napoléon).

    C'est pourquoi il existe bel et bien un danger permanent sur cette planète limitée : l'expansionnisme impérial US, à la fois militaire avec ses mille bases, postes, points d'appui, et financier avec à la fois les banques de Downtown Manhattan entourant le NYSE, et la Bourse de Chicago régissant le flux des matières premières. Ces puissants lieux d'échange de capitaux sont les garants de la Fed, cette banque privée des banques privées qui fait mine de poser pour indépendante. A son tour la Fed est le bras droit du gouvernement de Washington. Comme celui-ci n'a guère le droit de s'immiscer dans les les affaires des différents États (les "citoyens américains" y tiennent), il se tourne plus volontiers vers l'extérieur. Le FBI est un organisme puissant, puisqu'il s'occupe de tout crime impliquant plusieurs États, ou les organismes centraux. Mais il est  d'une bien moindre envergure que la NSA, le stéthoscope de la planète avec ses milliers d'antennes de surveillance, et il est suivi de près par la CIA qui se pose en gendarme occulte du monde.

    Celle-ci, à force de "fourrer son nez" partout, en est arrivée à susciter des réseaux de terroristes aux différents patronymes. Escadrons de la mort surtout en Amérique centrale et du sud, ils sont aussi regroupés sous la bannière "commerciale" Al Qaida ailleurs. De nombreux témoignages révèlent que ces entreprises occultes seraient financées au moins en partie par la reprise de la culture du pavot en Afghanistan (qui avait été bannie par les Talibans quand ils y étaient au pouvoir). C'est dire combien ce réseau mondial a des relents pestilentiels.

    Les protagonistes sont en place. Le conglomérat nommé "USA" veut tout régenter sur la planète, par ambition, par paranoïa aussi. Il craint les BRICS qui ne veulent pas se laisser faire malgré les menaces et les provocations, il pèse de tout son poids commercial et politique, financier aussi, sur une Europe sans tête qui est de fait sous sa coupe. La seule solution serait de claquer la porte de cette pseudo-Europe, pseudopode des pseudo-USA, afin de créer de nouveaux réseaux d'alliances et de nouvelles façons de vivre où la finance n'est pas le moteur principal. C'est le grand défi de ce siècle, qui est déjà "de fureurs, de sang et de larmes". En fait, dès la fin de la guerre de 39-45, c'est De Gaulle qui avait raison en pointant du doigt les USA comme la plus grande menace pour l'avenir. Il ne s'agit pas d'être nationaliste, comme certains partis français, mais de défendre face à un rouleau compresseur "libéral", capitaliste, financier, la vie toute simple des habitants et des populations de notre petite planète. Avant qu'il ne soit trop tard.

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