• Le Blog de Fukushima avait, il y a quelque temps, résolu de traduire le rapport qu'une commission vraiment indépendante avait diligenté, à propos de la catastrophe de Fukushima, de ses causes, des erreurs humaines qui avaient pu la rendre possible, des conséquences qu'elle impliquait, et de ce qui aurait pu advenir si les humains avaient réagi d'une autre façon.

    Ce rapport,  ou plus exactement le résumé de celui-ci (c'était un travail colossal) a été traduit donc, à l'initiative du Blog de Fukushima, et de huit bénévoles qui se sont partagé le travail et ont fait consciencieusement des vérifications croisées à partir de la version anglaise. Je ne reproduirai ici que le mot du président de la commission, qui est déjà très parlant. Merci à tous ces humains, au meilleur sens du terme, qui ont accompli cette tâche ingrate, mais essentielle.

    Dernier point : dans un souci de transparence, il est bien précisé que seule a valeur officielle la version japonaise. On trouvera ici le lien vers le rapport intégral en japonais. 


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    Message du président

    LE SÉISME ET LE TSUNAMI du 11 mars 2011 sont des catastrophes naturelles dont l‘ampleur a choqué le monde entier. Quoiqu‘il ait été déclenché par ces cataclysmes, l‘accident de Fukushima Daiichi qui s‘en est suivi ne peut pas être considéré comme une catastrophe naturelle. Ce fut un désastre d'origine spécifiquement humaine ‒ qui aurait pu et aurait dû être prévu et empêché. De plus, ses effets auraient pu être atténués par une réponse plus efficace.

    Comment un tel accident a-t-il pu  se  produire au Japon, une nation qui a une telle préoccupation de sa réputation d'excellence en ingénierie et en technologie? Cette Commission est d'avis que le peuple japonais ‒ et la communauté mondiale ‒ méritent une réponse complète, honnête et transparente à cette question. Nos rapports listent une multitude d'erreurs et de négligences délibérées qui ont laissé la centrale de Fukushima démunie devant les événements du 11 mars. Ils examinent également de graves lacunes dans la gestion de l'accident par TEPCO, les régulateurs et le gouvernement.

    Malgré tous les détails qu‘il fournit, ce rapport ne peut pas réellement faire comprendre, surtout à une audience internationale, l‘état d‘esprit qui a nourri la négligence à la source de cette catastrophe. Ce qu‘il faut admettre, aussi douloureux soit-il, c‘est que nous avons à faire à un désastre « made in Japan ».  Les raisons fondamentales sont à chercher dans le souci des convenances qui fait partie intégrante de la culture japonaise : notre obéissance automatique, notre réticence à remettre en cause l‘autorité, notre attachement au « respect du programme », notre dépendance au groupe et notre insularité. Si d‘autres Japonais s‘étaient trouvés à la place de ceux qui sont responsables de l‘accident, le résultat aurait fort bien pu être le même.
    Après les « chocs pétroliers » des années 1970, le Japon a accéléré le développement de l‘énergie nucléaire pour s‘efforcer d‘assurer la sécurité énergétique nationale. C‘est ainsi que ce développement  est devenu un objectif politique pour le gouvernement comme pour l‘industrie et qu‘il a été poursuivi avec cette détermination farouche qui a permis le miracle économique d‘après guerre au Japon.

    Forte d‘un tel mandat, l‘énergie nucléaire est devenue une force échappant au contrôle de la société civile. Sa régulation a été confiée à une bureaucratie gouvernementale engagée dans sa promotion. À une époque où le Japon avait une grande confiance en soi, une petite élite soudée bénéficiant d'énormes ressources financières avait peu d‘égards pour ce qui n‘était « pas inventé ici ». Cette arrogance a été renforcée par la mentalité collective de la bureaucratie japonaise, pour laquelle le premier devoir de tout bureaucrate est de défendre les intérêts de  son organisation. Poussée à l'extrême, cette mentalité a conduit les bureaucrates à placer les intérêts de l'organisation avant leur devoir primordial, qui est de
    protéger la population.

    C‘est seulement en l‘abordant ainsi que l‘on peut comprendre comment l'industrie nucléaire japonaise est passée à côté des leçons de Three Mile Island et de Tchernobyl, et comment il est devenu habituel de résister à la pression réglementaire et de dissimuler les petits accidents. C'est cette mentalité qui a conduit à la catastrophe de Fukushima Daiichi.

    Ce rapport critique sévèrement de nombreux individus et organisations, mais l'objectif n'est pas ‒ et ne devrait pas être ‒ la réprobation. L'objectif doit être de tirer les leçons de cette catastrophe, et de réfléchir profondément sur ses causes fondamentales, afin de s'assurer qu'elle ne se répète jamais. 

    Parmi les leçons à tirer, beaucoup ont trait aux politiques et aux procédures, mais la leçon principale devrait inciter chaque citoyen japonais à se livrer à une profonde réflexion. Les conséquences de la négligence de Fukushima se sont révélées catastrophiques mais la mentalité sous-jacente se retrouve d‘un bout à l‘autre du Japon. En admettant ce fait, chacun d‘entre nous se doit de s‘interroger sur notre responsabilité en tant qu‘individus dans une société démocratique. 

    Parce que nous sommes la première commission d‘enquête indépendante de la bureaucratie et disposant de l‘aval de la législature, nous espérons que cette initiative pourra contribuer au développement de la société civile japonaise.
    Et surtout, nous avons entrepris de produire un rapport qui satisfasse aux plus hautes exigences de la transparence. Les habitants de Fukushima, la population du Japon et la communauté internationale ne peuvent se contenter de moins.

    Le Président :

    Kiyoshi Kurokawa

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  •  Voici la copie du communiqué de presse du Parti de gauche, section de Loire-Atlantique


    à l'intention des rédactions de presse de Loire-Atlantique

    Expulsions à Notre-Dame-des-Landes

    le gouvernement contre les citoyens, ou fait d’un prince ?

    Les expulsions de mardi 16 octobre à Notre-Dame-des-Landes sont inacceptables. Le
    Parti de Gauche apporte une nouvelle fois tout son soutien aux opposants à ce projet
    inutile socialement et économiquement et nuisible écologiquement.

    La criminalisation des luttes et la répression ne peuvent plus durer. Un gouvernement élu
    avec les voix de gauche ne doit pas gouverner à l’encontre des citoyens  !

    Actes contraires au discours du Président Hollande sur l’artificialisation des sols lors de la
    conférence environnementale ; le bétonnage d’un écosystème humide pour un projet
    dispendieux pour la collectivité mais rentable pour l’investisseur VINCI décrédibilise le
    gouvernement qui affirme devoir agir sous dépenses contraintes et promeut une politique
    d’austérité au dépend du peuple.

    En effet, ce dossier, cher à Jean-Marc Ayrault, est un véritable déni de la démocratie et de
    la concertation.

    Face à ce dossier, les membres du gouvernement en arrivent à perdre leur capacité de
    penser librement. En effet, Arnaud Montebourg qui, dans son courrier du 3 octobre 2011,
    flattait les élus du CEdPA, en leur affirmant qu’il fallait reprendre le dossier depuis le début,
    assurait lundi aux militants que le dossier était arbitré  ! Arbitré par qui et par quel
    processus démocratique ? Arbitré par le premier ministre ! La démocratie ayant déjà eu
    lieu ! dixit M. Montebourg. Le processus démocratique relevant visiblement d’un acte
    éphémère aux yeux de ceux qui gouvernent actuellement.

    Mais, qu'en est-il des enquêtes environnementales dont le compte-rendu n’est toujours
    pas publié ? Qu'en est-il des zones humides et de la loi sur l’eau  ? Qu'en est-il de la
    contre-étude économique réalisée par le CEdPA démontrant le coût exorbitant et durable
    du projet pour la collectivité ?

    Dans ce dossier, nous passons de l’arbitrage à l’arbitraire, de la concertation à la
    répression, de la réflexion politique à l’auto-soumission des ministres concernés.
    Sur le terrain, c’est un déploiement militaire important réprimant violemment, empêchant la libre circulation y compris des journalistes, organisant déjà la destruction des maisons
    comme on pratique la politique de la terre brûlée.

    Le Parti de Gauche ne comprend ni n'accepte cette politique poursuivie au détriment des
    citoyens, de l’environnement et des moyens publics. C’est pourquoi nous dénonçons la
    passion déraisonnable et autoritaire du premier ministre pour la construction d’un aéroport
    à Notre-Dame-des-Landes et condamnons toutes les formes de politiques répressives et
    arbitraires. A contrario, nous invitons M. Ayrault à protéger la France des appétits
    mercantiles d’opérateurs financiers comme VINCI et à combattre les dérives droitières
    d’un patronat et d’une finance toujours assistés et jamais satisfaits.

    Parce que Notre-Dame-des-Landes ne doit pas devenir un «  no man’s land » ou une terre
    d’affrontement, nous demandons au premier ministre l’arrêt des expulsions et l’abrogation
    de la déclaration d’utilité publique au vu des éléments écologiques et économiques
    nouveaux, ainsi qu’un moratoire, de manière à prendre la réelle mesure de l’intérêt public.

    le Parti de Gauche de Loire-Atlantique

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  • AFP  le 15-10-2012 à 10h55 - Mis à jour à 20h21

    PARIS (AFP) - Jean-Marc Ayrault a immédiatement rappelé à l'ordre lundi le ministre de l'Education, Vincent Peillon, qui avait souhaité la veille un débat sur la dépénalisation du cannabis, déclenchant une levée de boucliers à droite mais aussi à gauche.
    "Le Premier ministre et M. Peillon se sont parlé au téléphone ce matin (lundi), il n'y aura pas de dépénalisation du cannabis", a annoncé Matignon.
    En déplacement près de Nantes, Jean-Marc Ayrault a ensuite enfoncé le clou. "Lorsqu'ils (les ministres) sont à la radio et la télévision, ils doivent défendre à la fois la politique de leur ministère et la politique du gouvernement, et rien d'autre", a-t-il lancé.
    Dépénaliser le cannabis, "ce n'est pas la position ni du gouvernement, ni du président de la République et ça n'a pas changé", a insisté le chef du gouvernement.




    Bien entendu, après un tel déni de démocratie, Jean-Marc Ayrault n'a plus qu'une seule position à prendre : démissionner.

    Ce n'est pas le sujet le plus grave du moment, mais il est symptomatique de la façon de procéder de ces nouveaux responsables, qui s'entêtent à suivre la même voie que leurs prédécesseurs, après avoir, comme sur ce point-là, dit le contraire. C'est vrai à propos de la règle d'or,  de l'Europe, en fait de tout ce qui a eu une réponse avant les élections. Nous avons maintenant le contrepied, et c'est bien ce qui était craint par les vrais partisans de la gauche.

    Ce qui est terrible, c'est ce concept de "fermer la porte", de refuser le dialogue. C'est ce qu'on avait connu à propos du dossier Notre-Dames des Landes, délibérément biaisé par des manœuvres du genre "il est trop tôt pour en discuter", puis peu de temps après " Ah désolé, c''est trop tard, le dossier est clos".  Est-ce là une posture de responsable ?

    Ajoutons, sur ce sujet précis, que c'est une très mauvaise chose : cela oblige à utiliser les brigades antistupéfiants à perdre leur temps là-dessus, cela encourage les trafiquants à continuer, c'est une cause de violences dans les banlieues (mais cela aussi n'est-il pas volontaire ?), cela enlève des redevances versées via les buralistes, et pendant ce temps-là il n'y a même pas (volontairement sans doute) de vraies recherches sur les avantages et les inconvénients du produit. Les chercheurs ne peuvent même pas s'en procurer pour travailler dessus, puisque toute possession en est illégale. On en rirait.

    Ayrault, démission.

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