• Grandes écoles, grands désastres

    Sur le blog à Jef, un ami contributeur me pousse à préciser ce que j'entends quand je crie mon indignation :
    Le grand truc, c'est déplacer les pions de tête, sans pour autant les mettre sur la touche avec une retraite d'agent d'exécution. Le poisson pourrit par les ouïes. Le principe de Peter fonctionne à fond. Les Grandes Écoles sont de magnifiques usines à décerveler.
     C'est parfaitement exact. Les Grandes Écoles, si elles "forment" des personnages, les formatent aussi à l'identique. Les grands commis de l'État, comme on dit, sont acquis à la mondialisation libérale parce qu'ils ne connaissent absolument rien d'autre, et que penser autrement peut leur valoir l'exclusion non seulement de l'école, mais de la fraternité de ceux qui en partent diplômés. Parmi eux sont recrutés à nouveau des professeurs révérant la même optique, ce qui pérennise ad vitam eternam le système d'éducation.

    Sans doute de magnifiques ingénieurs sortent de l'X, sans doute un énarque a une belle somme de connaissances,  de la méthode, mais l'un comme l'autre sont prêts à accepter pour les autres, les petits, les sans-grade, les pires sacrifices, puisqu'ils n'en ont aucune idée.  Peuvent-ils imaginer ce qu'est survivre avec 400€ ? Non, bien sûr. Cela leur est inconcevable. Peuvent-ils comprendre la rage au cœur du paysan chassé de ce qui est sa vie : sa terre, pour laisser place à du béton, ou à du macadam où rouleront les poids lourds pollueurs ?

    C'est pourquoi ces zombies seront prêts sans haine ni amour, sans compréhension ni empathie, à envoyer des hommes casqués, armés de boucliers et de grenades, pour défendre leurs projets. Ces projets sont inadéquats, obsolètes avant même le début des travaux, la facture finale dépassera l'évaluation initiale dans un facteur dix ? Peu importe, puisque ces planifications auront été faites dans les règles de l'art, et au passage donneront droit à quelques commissions. Cela peut être aussi bien une réforme des rythmes scolaires, que la pose d'un aéroport ou la fermeture d'un hôpital : ces personnages sont sensé tout connaître, avoir un avis autorisé sur tout, en théorie. La pratique doit suivre, de gré ou de force, même si c'est parfaitement aberrant.

    Oui, les Grandes Écoles sont des machines à expérimenter le principe de Peter à très grande échelle. Le résultat est là, navrant, accablant. Encore n'a-t-on pas abordé ce qui va souvent de pair avec ce système : les pots-de-vin, que des scandales mettent en lumière (et quelle lumière !) de temps en temps.  Mais déjà l'incompétence institutionnalisée est un facteur déterminant pour la gabegie finale.

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