• Grèce : quand la droite du premier ministre A. Samaras rejoint l’idéologie de l’Aube Dorée (Okeanews)



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    Grèce : quand la droite du premier ministre A. Samaras rejoint l’idéologie de l’Aube Dorée

    Classé dans Politique

    Par Okeanos

    28 février 2013 - 12:45
    (dernière modification le 28/02/2013 - 12:48) </header>
    85 députés du parti de la droite "conservatrice" Nouvelle Démocratie ont déposé un texte qui entend privilégier la " loi du sang " pour entrer dans la police ou dans l’armée du pays. Avec cet amendement, il ne suffira plus d’être citoyen grec pour accéder à ces fonctions, il faudra aussi être de « souche grecque ».  Cette initiative révèle encore un peu plus le vrai visage du parti du premier ministre Antonis Samaras, qui rallie l’extrême droite et affiche son mépris des droits de l’homme et des citoyens.
    Samaras lors de la campagne électorale
    Samaras lors de la campagne électorale
    Le 25 Février 2013, le chef des forces armées grecques Michalis Kostarakos a provoqué une réaction considérable sur l'échiquier politique quand il a écrit sur twitter :
    Kostarakos
    "Le temps est venu de réglementer par la loi la question de genos pour ceux qui s'inscrivent  dans les académies militaires. Ils doivent être grec par genos "
    L'expression "grec par genos" est un critère couramment utilisé, mais plutôt vague de "grécité". Le mot "genos" (γένος) dans son sens le plus large peut être traduit par filiation, race, de sang, de lignée, de souche etc. Définir quelqu'un comme "grec par genos" peut signifier "grec de naissance", "grec par le sang", "né de parents grecs", "de lignée grecque", "grec ethnique" ou toute variation de ce qui précède, en fonction de l'intention politique de l'orateur. Pour l'extrême-droite, il peut aller aussi loin que définir "quelqu'un qui a de l'ADN grec".
    Remise en cause de la loi sur la naturalisation
    Outre le fait que Kostarakos, comme figure militaire supérieure en Grèce, puisse ou non avoir le droit de commenter publiquement des questions de politique, son intervention est arrivée dans un contexte où la question de l'identité nationale est vivement débattue en Grèce. En 2010, le ministre de l'Intérieur de l'époque Giannis Ragousis (PASOK) a proposé au parlement la loi 3838/2010 qui a établi un certain nombre de critères pour les enfants de parents immigrés pour obtenir la nationalité grecque. Les catégories d'enfants immédiatement admissibles à la citoyenneté grecque en vertu de cette loi comprenaientt des enfants nés en Grèce de parents immigrés, qui ont tous deux vécu en permanence et légalement en Grèce depuis au moins 5 ans au moment de la demande de citoyenneté, et les enfants qui avaient terminé 6 années d'études dans le système éducatif grec tout en résidant en permanence et légalement en Grèce. Cette loi permettait de faciliter la naturalisation qui était quasiment impossible avant.
    Durant la campagne électorale, Antonis Samaras s'était engagé à repousser cette loi en affirmant que cela contribuerait à la lutte contre la criminalité. Il avait également indiqué que "les immigrés sont les tyrans de la société grecque". Après sa victoire aux élections de 2012, la mise en place de l'opération "Xenius Zeus" (le dieu grec de l'hospitalité - une sémantique qui en dit long) confirmera une position déjà extrême concernant l'immigration. Jusqu'à 60 000 immigrés ont été détenus durant les raids de la police depuis l'été dernier. 4.200 ont été arrêtées pour des infractions. Une décision qui a été critiquée par Amnesty International et d'autres organisations de défense des droits de l'homme.
    Depuis, la loi sur la naturalisation a été invalidée par  le Conseil d'Etat, qui a annoncé  le 14 novembre 2012, qu'il la jugeait inconstitutionnelle. La décision du Conseil d'État, qui a finalement été publiée le 6 février 2013, précise que l'exigence minimale pour un résident étranger pour se faire naturaliser doit être de montrer la preuve d'un «lien réel avec la société grecque et l'Etat grec», qui ne pourrait pas être démontré de manière adéquate par des critères formels tels que le nombre d'années de résidence ou d'éducation en Grèce. Le gouvernement de Samaras avait annoncé avant même la publication officielle que toutes les naturalisations seraient suspendues.
    Il est inutile de préciser que le sujet de la naturalisation fait partie des thèmes de prédilection du parti nazi Aube Dorée, dont le slogan "Sang, Honneur, Aube Dorée" rappelle des temps bien sombres. De plus, l'impunité dont profite les membres du parti néonazi Aube Dorée depuis des mois maintenant pose de nombreuses questions sur la volonté réelle de l'Etat de lutter contre les violences racistes et les dérives fascistes.
    La Nouvelle Démocratie intègre des éléments pro-junte dans son groupe parlementaire
    Le parti d'Antonis Samaras avait intégré, pendant la campagne électorale de 2012, des membres de l'ancienne extrême droite du LAOS (lire ici).
    Makis Voridis, par exemple, ancien membre du parti d'extrême droite LAOS est actuellement le porte parole du groupe parlementaire de la Nouvelle Démocratie. Voridis se lance en politique en 1985 en tant que chefs des jeunes de l'Union Politique Nationale, un parti d'extrême droite pro-Junte fondé par le dictateur Papadopoulos depuis sa cellule. Notons que son prédécesseur à ce poste n'était autre que N. Michaloliakos, l'actuel chef du parti néonazi Aube Dorée. Après plusieurs échecs à des élections législatives, Voridis a rejoint le LAOS en 2007, s'est fait élire et fut nommé ministre en 2011 dans le gouvernement de "technocrates" de L. Papademos. En février 2012, il est exclu du LAOS mais Papademos lui demande de rester ministre et il adhère à la Nouvelle Démocratie d'Antonis Samaras.
    Adonis Georgiadis, qui faisait à la radio la promotion d'ouvrages nationalistes et national-socialistes quand il était journaliste, fut nommé ministre adjoint au développement par Papademos en novembre 2011, et quittera le LAOS pour la Nouvelle Démocratie en février 2012.
    Konstantinos Kiltidis, qui a rejoint lui aussi la Nouvelle Démocratie en 2012, a commencé sa carrière en 1973 au sein du Parti du 4 Août (en référence au coup d'état fasciste de Metaxas en 1936).
    Thanos Plevris a rejoint la Nouvelle Démocratie en mai 2012. Il n'est autre que le fils de Konstantinos Plevris, souvent considéré comme le père du néo-nazisme grec, puisqu'en 1960 il fonde avec d'autres le parti du 4 Août, un parti fasciste qui soutient ouvertement la dictature des années 1967-1974. C'est dans ce parti que Konstantinos Kiltidis (voir plus haut) et  N. Michaloliakos (Aube Dorée) ont fait leurs premiers pas en politique. Il se trouve aussi être l'auteur du livre "Les Juifs : toute la vérité", pour lequel il est condamné pour racisme, puis acquitté par la Cour Suprême.
    Cette radicalisation n'a cessé de se confirmer mois après mois, par l'attitude du gouvernement concernant ses positions sur l'immigration mais aussi par celle du ministre de l'ordre public Nikos Dendias. Interrogé récemment par Unfollow concernant les violences policières, N. Dendias a avoué de ne pas avoir lu le rapport d'Amnesty International qui est pourtant alarmant. En octobre dernier, des manifestants antifascistes ont été torturés par la police à Athènes lors de leur détention. Il y a quelques semaines, la police grecque a modifié les photos prises de 4 détenus, pour selon les termes de N. Dendias, "permettre qu'ils soient reconnaissables". Un aveux qui en dit long.
    Le parti du premier ministre propose une loi intégrant la notion de "grec par genos"
    Une nouvelle étape vient d'être franchie cette semaine : 85 parlementaires, soit les deux tiers des membres élus de la Nouvelle Démocratie, proposent un amendement à un projet de loi présenté par le ministère de l'Éducation et des Affaires religieuses, de la culture et des sports sur la ratification "de l'accord entre le Gouvernement de la République hellénique et le Gouvernement de la République Fédérale du Nigeria sur les droits économiques, scientifiques et la coopération technologique. "
    Cet amendement intègre la notion de "grec par genos" :
    Préambule
    En raison de la particularité des questions qui ont à voir avec notre sécurité nationale par rapport aux autres pays européens, mais aussi concernant le problème de l'immigration clandestine qui frappe notre pays, ainsi que la récente loi sur la nationalité et ses conséquences, il est souhaitable que genos soit réintégré comme critère de sélection dans toutes les académies militaires et de police comme un pré-requis pour l'admission, avec une exception pour couvrir les besoins spécifiques jugés nécessaires par l'état-major général.
    Article
    Les candidats aux instituts supérieurs d'études militaires (ASEI), aux académies militaires pour les sous-officiers (ASSY), aux académies de police et aux académies de formation des autorités portuaires et gardes côtières grecques doivent être grecs par genos et par nationalité. Les grecs Omogeneis [la diaspora] qui ne sont pas ressortissants grecs sont également admissibles et obtiendront la nationalité sans autre formalité lors de l'inscription. Le chef de chaque branche ou d'organisme [des forces armées] peut décider d'autoriser, de manière à couvrir des besoins spécifiques, les inscriptions des candidats qui ne sont pas Grecs par genos, à condition que celles-ci ne dépassent pas le nombre de deux (2) par académie.
    Parmi les signataires de la proposition, on retrouve bien sur les éléments les plus extrêmes du parti d'Antonis Samaras, ce qui éclaire sur la manière dont le terme "grec par genos" est utilisé ici. Le parti nationaliste des grecs indépendants de P. Kammenos et le parti néo-nazi de N. Michaloliakos Aube Dorée ont bien entendu applaudit cette initiative et ont annoncé leur soutien pour le vote de ce texte.
    Triomphante, Aube Dorée a déclaré le 25 février :
    "Il n'y a aucun besoin de plus amples commentaires pour souligner que ceci est une nouvelle grande victoire pour Aube Dorée et une nouvelle concession pour la Nouvelle Démocratie, qui suit maintenant clairement  notre agenda politique dans sa vaine tentative de limiter la perte de ses électeurs vers l'Aube Dorée".
    Très vives critiques de l'opposition et des autres partis de la coalition gouvernementale
    Le parti de l''opposition SYRIZA a vivement critiqué l’amendement (voir ici et ), ainsi que les deux partis membres de la coalition gouvernementale, le PASOK et la Gauche Démocratique. La déclaration du PASOK a souligné que la législation antérieure exigeant que les candidats aux académies militaires soient "grecs par genos" avait été déclarée inconstitutionnelle et que le seul cas où la Constitution grecque stipule "genos" comme critère d'admissibilité est pour la candidature à la Présidence de la République, qui demande une nationalité grecque de son père ou de sa mère. Le PASOK a en outre noté l'absurdité de permettre aux citoyens naturalisés de devenir ministres ou d'effectuer leur service militaire, tout en leur interdisant d'atteindre le grade d'officier, et a qualifié l'intervention du chef des forces armées "inacceptable".
    La déclaration de la gauche démocratique a été extrêmement brutale dans sa critique envers les 85 députés de la Nouvelle Démocratie qui ont soumis la proposition d'amendement, disant que c'était un symptôme de "l'obscurantisme de l'époque moyenâgeuse." La Gauche Démocratique a conclu : "Ceux qui retournent les forces armées dans un champ de la confrontation idéologique et politique sapent leur unité et leur efficacité en ce temps de crise pour notre pays."
    En réponse, Aube Dorée à déclaré :
    "L'interdiction des étudiants étrangers dans les académies militaires est une grande victoire pour l'Aube Dorée et est la justification d'une lutte que nous avons menée depuis de nombreuses années. Les uniformes d'honneur des officiers grecs ne peuvent pas être donnés à des Albanais, des Asiatiques et des Africains, et les forces armées de notre pays ne deviendront pas subordonnées à des agents étrangers, car c'était la volonté des dirigeants anti-hellénique décadents. Ces deux parties dégénérés, le PASOK et la gauche démocratique, se sont déjà mis en marge de la politique et de la société. "
    Pour le quotidien Efimerida ton Syndakton (voir la traduction complète de l'article chez roumelie), aucun doute, cela montre "Le visage hideux de la droite grecque" :
    La quasi totalité du groupe parlementaire de Nea Dimokratia a montré son véritable fondement idéologique, celui d’une droite dure et non repentante, malgré les réactions acerbes de ses partenaires gouvernementaux, en déposant le projet d’amendement relatif aux écoles de la police et de l’armée. Une initiative bien sûr saluée frénétiquement par [le parti néonazi] Chryssi Avgi.
    (...)
    Le pays emprunte des routes dangereuses, sur lesquelles paradent en grandes pompes les 85 députés de Nea Dimokratia et les ultranationalistes de Chryssi Avgi. Voilà un gouvernement qui essaye, dit-il, de nous sortir de la crise, tout en nous menant vers une autre crise dangereuse, celle de l’identité. Une initiative totalement anticonstitutionnelle, selon le PASOK, un obscurantisme moyenâgeux pour le DIMAR [Gauche démocratique].
    (...)
    D’un pas régulier, le gouvernement montre que son intérêt pour la politique centriste  était un pur artifice pré-électoral. Dans le triumvirat qu’il forme désormais avec les Grecs Indépendants et Chryssi Avgi, il présente son vrai visage : figé, impassible, dur et antidémocratique.  Voilà la droite.
    Avec l'appui du parti des grecs indépendants et de l'Aube Dorée,  l'amendement peut recevoir un total de 123 voix, assez loin des 151 voix nécessaires pour valider la loi. Il reste possible, quoique peu probable, que l'amendement soit adopté, si 28 des 44 autres députés de la Nouvelle Démocratie votent en sa faveur.
    Même si le texte ne passe pas lors vote qui aura lieu aujourd'hui, une nouvelle étape vient d'être franchie dans le schéma politique grec. La Nouvelle Démocratie, encore présentée par la vaste majorité des médias comme une droite "conservatrice", montre pourtant une idéologie toujours plus orientée vers son extrême. Il est grand temps de changer de sémantique.
    "Sang, Honneur, Nouvelle Démocratie" : le prochain slogan du parti du premier ministre Antonis Samaras ?

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