• Les Français s'opposent de fait, par leur unité, au Capital représenté par l'union européenne

    A vrai dire, après beaucoup de lectures, dont E. Todd, je remarque une chose, qui est esquissée dans le billet référencé par DPP ce matin sur mon billet d'hier. A la différence de la plupart de nos voisins (pas les plus petits, c'est encore autre chose), la France s'est soudée à la Révolution par le bas. Les autres pays n'ont pas eu cette chance. 

    Ce sont les rois d'Espagne qui ont, depuis pourtant longtemps, tenté d'agglomérer autour de la Castille les rétives provinces périphériques. Ce fut fait en théorie en 1512, il y a donc cinq cents ans. Mais des "rois catholiques" de l'époque à aujourd'hui, c'est une alliance objective et pesante entre le sabre et le goupillon qui a maintenu vaille que vaille un semblant d'unité à des entités fortes et dissemblables, d'autant plus fortes qu'elle avaient gardé pour certaines leurs langues spécifiques, et parfois totalement originales comme le basque. Les mouvements centrifuges n'ont jamais cessé, surtout à mon avis parce que la brutalité de la répression en a cristallisé les exigences. Le passage à une Europe encore plus lointaine et désincarnée a lui aussi été imposé par la violence, à des administrés auxquels des programmes insensés ont désormais apporté la misère et le chômage. L'unité est de plus en plus précaire.

    L'Italie ne date guère que du XIXe siècle, et les efforts de Victor Emmanuel II et Cavour ont partiellement porté leurs fruits.  Il n'empêche que, tout récemment encore, une tentative de sécession du nord plus développé a failli réussir. La fusion entre la Ligue Lombarde et la Ligue de Vénétie en Ligue du Nord a tenté de créer la Padanie, afin de détacher le nord des provinces du sud plus déshéritées, donc "moins rentables". Malgré tout, l'Italie garde son unité, sans doute parce que de gros efforts tentent de libérer le Mezzogiorno (le sud) de ses grandes difficultés. Elle n'a d'ailleurs qu'une langue, excepté des dialectes locaux.

    La Grande Bretagne....n'a jamais été vraiment unie. Si la reine (actuellement) est nominalement souveraine de toutes les îles (ainsi que du Canada, de l'Australie, etc...), chaque constituant du Royaume Uni est autonome sur bien des points. Chacun a sa langue, en particulier le Pays de Galles. Le Mur d'Adrien reste une belle frontière. Seul le fait de vivre sur une même île empêche plus d'éclatements. D'une certaine façon, chez ses voisins, l'Anglais est l'intrus.

    La Belgique n'a pas eu de chance au long de son histoire. Ses frontières ont fluctué terriblement au cours des siècles. Entre Flamands et Wallons, l'animosité est parfois palpable. Les langues sont un support stable pour la différence, et en revanche le pays n'a guère pour dénominateur commun que le roi. Avoir choisi Bruxelles pour "centre" de l'Europe est à la fois paradoxal en raison de l'instabilité de son entourage, et logique parce que c'est le symbole d'une Europe imposée de haut à des Européens qui voudraient une Europe à leur hauteur.

    Quant à l'Allemagne, unifiée plus tard encore que l'Italie, par un processus brutal, "prussien",  elle digère encore, mal, le fait d'avoir été longtemps coupée en deux par le Rideau de Fer. Dans les faits, elle n'a guère que 23 ans, depuis la chute du mur de Berlin. Pourtant, la poigne de fer de ses dirigeants, dont la chancelière actuelle, assure à ce pays une suprématie économique (malgré la pauvreté des habitants) qui le protège provisoirement de velléités de scission. Fait marquant, ces Länder disparates ont une langue commune, depuis longtemps.

    Les autres pays plus à l'est ont une histoire bien différente, liée à des empires relativement souples, avec des langues (excepté l'Autriche) slaves, souvent écrites avec l'alphabet cyrillique.  C'est "une autre Europe", que ceux plus à l'ouest ne connaissent guère. Elle a été ajoutée au pot commun dans le simple but d'empêcher tout vrai consensus dans les décisions européennes.  Décider sereinement à 27, voire plus, est tout simplement impossible.

    fête de la Fédération - 14 juillet 1790
    La France fait cavalier seul dans ce concert disparate, en raison de son passé révolutionnaire nourri, de ses positions laïques évitant l'hégémonie de toute religion, de son unité affirmée par tous et réaffirmée dans sa Constitution même. C'est d'ailleurs ce qui fait sa force, car être français est d'abord, avant le sol, avant la langue, une adhésion personnelle et naturelle de chaque citoyen. C'est ce qui a conduit notre pays pendant longtemps à s'affirmer comme un refuge pour les opprimés venus d'ailleurs, malgré les horribles dérives du colonialisme, puis aujourd'hui du racisme "maison" exacerbé par des politiciens irresponsables ou soucieux, précisément, de faire éclater cette unité.

    L'Europe des banquiers n'aime pas ce pays trop monolithique, difficilement accessible aux divisions et jaloux de sa culture commune et spécifique. Le grand "égalisateur" a minima qu'est le néolibéralisme a besoin de diviser pour régner. Assez curieusement, ce sont des "nationalistes" par opportunité politique qui tentent de diviser, en voulant dresser les unes contre les autres des "communautés" qui n'existent pas. Face à eux, se dressent fièrement les républicains, laïcs, qui se fichent des couleurs, des croyances, des modes de vie sédentaire ou itinérant, au risque de se heurter à la seule communauté constituée, affirmée, mais dont on ne parle guère : celle des Chinois en France.

    Être français, à la différence d'autres, c'est justement ne pas être nationaliste, mais pleinement citoyen du monde. Décidément, le Nouvel Ordre Mondial doit détester. Des "gens" qui se serrent les coudes, malgré des efforts de propagande pendant des dizaines d'années, face à lui, quel grand danger ! Et puisqu'il faut à nouveau parler de langues, rappelons que la nôtre, précise, non agglutinante, fut jusqu'à une période récente LA langue de la diplomatie, à comparer au brouet internationale et jargonnant d'une langue anglaise "normalisée" riche en termes économiques, mais bien pauvre sur le reste, y compris l'articulation des phrases. C'est pourquoi certains politiciens de notre pays font tout pour éradiquer le français pour le remplacer mot par mot par "l'autre", comme d'autres le font avec peut-être plus de succès dans d'autres pays. La culture, c'est la langue. Tuez celle-ci, ne restera que l'anti-culture du fric.

    Ne nous trompons pas d'adversaire : l'ennemi (oui, l'ennemi), ce n'est pas l'immigrant de bonne volonté, ce n'est pas le Rom pourchassé par ceux qui devraient protéger notre spécificité, et font l'inverse, l'ennemi c'est le financier international, apatride et pervers. Celui qui s'enrichit à nos dépens à tous, et qui par des moyens détournés paye nos "dirigeants" pour qu'ils nous imposent sa loi.

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