• Avez-vous lu cela dans vos journaux ? Il est probable que non. Sans vouloir s'avancer, n'y aurait-il pas un parallèle - mais dans le sens inverse cette fois - avec l'affaire des missiles de Cuba en 1962 ? C'est bien entendu l'avenir qui nous l'apprendra, mais il y a semble-t-il des similitudes. Il se peut - avec bien entendu toutes les réserves que l'on peut y apporter - que nous soyons passés tout près d'un déclenchement de guerre au moins largement régionale, avec toutes les interrogations que l'on peut se faire sur un élargissement encore plus important.

    En tout cas, voici cette analyse qui ne peut qu'interroger chacun sur son avenir.


    Les quatre jours qui ont fait trembler la planète

    Éclairage  : la semaine dernière – et jusqu’au discours du président américain samedi soir –, le monde était au bord d’une nouvelle guerre, une fois de plus, dans le monde arabe, mais impliquant des forces régionales et internationales. Depuis la visite de l’ancien secrétaire d’État adjoint américain Jeffrey Feltman, en Iran, au début de la semaine dernière, la tension n’a cessé de monter et selon certains médias américains, le monde a vécu les quatre jours les plus difficiles depuis l’effondrement de l’URSS et du pacte de Varsovie. Que s’est-il donc réellement passé pour amener le président américain à se rétracter après avoir lui-même fixé des lignes rouges concernant l’utilisation des armes chimiques ?

    Des sources diplomatiques du Brics révèlent qu’avant l’annulation par les États-Unis de la rencontre entre Kerry et Lavrov prévue la semaine dernière, les négociations entre les deux pays au sujet de la Syrie avaient atteint un point avancé, les Américains ayant accepté l’idée d’un compromis politique, à la seule condition que Bachar el-Assad abandonne le pouvoir, quitte à ce qu’il désigne lui-même son successeur. Les Russes avaient soumis cette idée aux Iraniens qui l’avaient fermement rejetée. Il fallait donc faire en sorte de les contraindre à changer d’avis.

    Toujours selon la source diplomatique du Brics, l’émir Bandar ben Sultan, qui a supplanté les responsables qataris dans la lutte contre le régime syrien, avait mis au point un plan pour porter un coup fatal au régime via la capitale Damas. Une unité entraînée en Jordanie avait été préparée dans ce but. Les rumeurs véhiculées par la presse sur l’imminence de la bataille d’Alep n’étaient que de la poudre aux yeux, visant à détourner l’attention du régime syrien du véritable champ de l’offensive prévue. De même, l’attaque de l’opposition contre 13 villages de Lattaquié visait à obliger le régime à alléger son dispositif de sécurité autour de la capitale pour protéger son fief, Lattaquié. L’offensive contre la capitale devait avoir lieu sur deux fronts, celui du Nord et celui du Sud, et elle devait coïncider avec une large campagne médiatique, politique, psychologique et sur le terrain contre le Hezbollah pour le pousser à retirer ses troupes de Syrie et à se replier sur la scène interne libanaise.

    Mais le régime syrien, selon la source, avait découvert ce plan et il avait lancé une contre-offensive, appelée « le bouclier de la capitale », destinée à élargir le périmètre de sécurité autour de Damas, autour du centre (Homs), jusqu’au littoral de Lattaquié, qui a été déclenchée le 20 août, dans une opération qualifiée de « préventive ». Le régime syrien et ses alliés ont ainsi pris leurs adversaires de court et enregistré une véritable percée. C’est alors, ajoute la source du Brics, qu’a été brandie l’affaire de l’utilisation des armes chimiques à Ghouta dans le rif de Damas, dans le cadre d’une gigantesque opération médiatique, à l’aide d’images très fortes, d’enfants morts, destinées à mobiliser l’opinion publique internationale.

    Cette campagne s’est accompagnée de l’envoi d’émissaires américains en Russie et en Iran. Le ton, précise la source diplomatique du Brics, utilisé par les émissaires des États-Unis était très ferme et le discours se résumait ainsi : « Soit vous faites des concessions en abandonnant le régime d’Assad, soit nous vous les arracherons par la force. » La source diplomatique précitée affirme que les Américains auraient été surpris par le calme des Russes, alors que les Iraniens n’auraient au départ pratiquement pas réagi. Seul le président Assad a déclaré qu’il ne ferait pas de concessions.

    Les Américains auraient alors décidé de hausser encore plus le ton en envoyant leurs navires destroyers en Méditerranée et en décrétant la mobilisation dans leurs bases dans la région, pour montrer le sérieux de leurs propos. Ils croyaient ainsi avoir bien fait comprendre à leurs interlocuteurs que cette fois, ils ne plaisantaient pas. Le ministre russe des AE a alors eu cette phrase qui a induit l’Occident en erreur, lorsqu’il a dit que la Russie ne se laissera pas entraîner dans une guerre contre l’Occident. Les États-Unis auraient pris cela pour un feu vert tacite, un peu comme lorsque l’envoyée américaine à Bagdad April Glasby avait fait croire en 1991 à Saddam Hussein que les États-Unis ne réagiraient pas à une occupation du Koweït... En même temps, les sources militaires américaines ont dévoilé les cibles des frappes en Syrie, dans une tentative de convaincre les alliés du régime du sérieux de l’affaire.

    Mais dans le camp adverse, les préparatifs allaient bon train. Une chambre d’opérations communes a été créée, entre la Russie, l’Iran, Damas et le Hezbollah. Les Russes ont mobilisé leurs navires devant les côtes méditerranéennes, les Iraniens ont décrété une mobilisation de leurs forces navales, aériennes et terrestres, alors que l’armée syrienne a mis en état d’alerte toutes les troupes gardées jusque-là en réserve. Les Russes et les Iraniens ont ensuite fait savoir aux Américains qu’à leurs yeux, il n’y a pas d’opération militaire limitée et ciblée et que toute attaque entraînera une riposte totale, jusqu’au détroit d’Ormuz et à celui de Bab el-Mendab. Les Iraniens ont aussi laissé entendre que la riposte ne sera pas limitée à la Syrie mais pourrait atteindre d’autres cibles dans la région. Vendredi et samedi, les Russes et les Iraniens n’ont cessé de hausser le ton pour montrer qu’ils sont prêts à tout et finalement, c’est le président américain Barak Obama qui s’est rétracté, soumettant sa décision à l’approbation des députés américains, après la défection des Britanniques.

    Aujourd’hui, les paris sont ouverts. Dans le camp hostile au régime syrien, on est convaincu que les frappes américaines ne sont que partie remise, puisque selon le président américain lui-même, la décision a été prise. Mais dans le camp adverse, on pense au contraire que le message a été bien reçu et que les États-Unis ont renoncé à leur projet. En réalité, il n’y a pas de raison pour que les Iraniens et les Russes changent d’avis, puisqu’ils ont déjà rejeté toutes les propositions qui leur ont été faites par les Américains, directement par le biais d’émissaires ou indirectement par le biais de médiateurs. Il va donc falloir ouvrir des négociations sérieuses, soit dans le cadre du sommet de Saint-Pétersbourg, jeudi et vendredi, soit dans le cadre des contacts parallèles à l’Assemblée générale des Nations unies, à laquelle le président iranien compte d’ailleurs assister. Sinon, le bras de fer va se poursuivre, avec encore plus de morts et de tragédies, au moins dans l’avenir visible...

    Scarlett Haddad, le 04/09/2013.
    * L’Orient le Jour
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  • C'était la guerre froide
    La "guerre froide" est un concept inventé par Washington à son usage, pour justifier maintes et maintes choses. Elle a obligé l'URSS à se doter de vecteurs d'attaque nucléaire en masse, alors qu'elle avait bien d'autres raisons d'utiliser son argent. C'est à la longue ce qui l'a tuée. Était-ce délibéré dès le départ ? Pas forcément. Je pense que les USA en ont vu l'avantage sur ce point au bout d'un certain temps. Ce ne sont pas des surhommes !



    Le Département d'État sème son souk partout sur la planète pour justifier lois, mesures, représailles, guerres "préventives" ou "humanitaires". En fait, et l'État d'Israël l'a copiée là-dessus en allant encore plus loin, l'entité qui se définit comme "Les États-Unis d'Amérique" n'est qu'une armée (avec ses offices de renseignement par douzaines) qui se prend pour un pays. C'est le seul point qui unit les habitants, grâce à une propagande colossale et continuelle. C'est dire combien c'est fragile, en fait. Donc dangereux, car pour rester crédible il faut aux têtes dites "pensantes" de ce machin aller toujours plus loin dans la surenchère.

    Après la guerre de 1939-1945 (ou du moins l'arrêt officiel des hostilités) les États-Unis d'Amérique  ont (du moins en apparence) redéfini quels étaient leurs ennemis. D'où cette "guerre froide". En fait, depuis 1918 c'est la Russie devenue trop différente qui était considérée comme une menace. D'où le fait que jusqu'en 1941 les financiers de New York furent les pourvoyeurs d'Adolf Hitler.  Celui-ci devenant trop gênant, les alliances ont paru changer, juste le temps d'éliminer le trublion. C'est pourquoi les affaires ont repris de plus belle avec Bonn (Berlin étant passé sous le contrôle soviétique). Et si deux essais nucléaires "pour de vrai" ont eu lieu il y a 69 ans et un jour, ce n'était pas pour faire tomber un Japon déjà à genoux, mais pour stopper l'avance russe en Mandchourie, et ainsi geler les positions.

    Pour rester debout, pour exister, ce pays aberrant qui s'étend du Rio Grande aux Grands Lacs a besoin d'ennemis : ainsi l'ont défini les paranoïaques de Washington. Ce fut donc une problématique "menace de l'Ours" qui fut le prétexte pour la création de l'OTAN. En même temps, pour élargir leur influence économique, les stratèges des Think Tanks ont suscité une Union Européenne à leur botte, par avancées successives depuis 1943-44 (oui, déjà) en mettant sur les rails Jean Monnet et Robert Schuman. L'arrivée de cette OTAN "à ses portes" ou presque a obligé Moscou à proposer ce qui devint le Pacte de Varsovie.

    Catastrophe ! La chute du mur de Berlin, puis celle de l'URSS tout entière, rendait la présence de l'OTAN inutile : qu'à cela ne tienne, désormais ce furent les Islamistes qui prirent la relève dans la propagande étatsunienne. Quitte à les armer d'abord comme en Afghanistan. Le rôle de Ben Laden, là-dedans, n'est pas très clair : un seul avion a eu l'autorisation de s'envoler immédiatement à la suite du bizarre évènement du 11 septembre 2001, et c'était celui où avait pris place la famille d'Oussama. Fallait-il la protéger, l'empêcher de parler ? C'est assez probable. Comme est fort probable la fausseté totale de la ridicule version officielle de cet attentat (nous n'y reviendrons pas ici, cela demanderait un ouvrage en plusieurs tomes). Est-ce pour faire oublier ce fiasco (beaucoup de gens refusent cette version, malgré les efforts de propagande et les menaces envers ceux qui la dénient haut et fort, qui expliquent et s'insurgent) que récemment a eu lieu l'attentat de Boston ? Une tentative pour ressortir le danger islamique ?

    Détroit de Behring : à gauche l'Ours, à droite le renard, au milieu la mouche
    Bien entendu, malgré cet islamisme si commode pour tenter de faire avaler des couleuvres, le "partage du monde" à la Yalta reste plus ou moins de rigueur, donc il faut continuer à discuter avec le voisin d'en face, celui qui n'est qu'à quelques encablures de l'Alaska. Est-ce si facile ?


    Aujourd'hui entre le Kremlin et la Maison Blanche, ce n'est pas le beau fixe. Les radars et autres sites de missiles que la seconde s'entête à installer à deux pas de la Russie, soit-disant pour se prémunir contre les islamistes, sont considérés avec raison comme inacceptables par la Place Rouge qui considère qu'être susceptible de viser un pays avec lequel on est théoriquement en paix, cela ne se fait pas. Les accords SALT piétinent joyeusement malgré les belles envolées célébrant leur progrès. Cerise sur le gâteau, l'accueil au nom d'une acceptation provisoire d'asile pour Edward Snowden reste dans la gorge des faucons washingtoniens, soudain pris le doigt et tout le bras dans la confiture par le judicieux et courageux lanceur d'alerte. Ajouté au différend concernant la Syrie, où Moscou considérerait comme un casus belli à son encontre une attaque directe de Damas ou de Téhéran par des troupes de l'OTAN ou assimilées, cela nous amène à une magnifique Paix de Glace. Rien de neuf depuis 1918, en somme. Plus rigolo : les pourparlers continuent....

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