• Avril-mai 1948. Les hordes issues d'envahisseurs est-européens pour la plupart (grosso modo l'Ukraine, mais c'est plus diffus), venus petit à petit depuis plusieurs dizaines d'années, se mettent à chasser méthodiquement les sémites natifs (ceux qu'on appelle les Palestiniens, dont les familles pour certaines sont là depuis des milliers d'années). Il s'agit de les remplacer de force par des étrangers, au nom de la lettre d'un étranger (le ministre britannique Balfour) à un autre étranger (le banquier Rothschild, de même "nationalité" officielle). Rien de logique, rien de légitime, rien de légal.

    Cette volonté s'est affirmée par la force, et a causé des milliers de morts, des centaines de milliers de fuites des gens du cru vite remplacés par des colons. Officiellement, il ne s'est rien passé. Dans les faits, sournoisement la Naqba continue encore aujourd'hui : une expulsion ici, là un résistant est emprisonné, sa maison détruite, sa famille laissée à la rue.

    Cela ne pourra se terminer que par une expulsion massive des envahisseurs, qui se savent soutenus hypocritement par les sectes protestantes d'Amérique du Nord.

    De très nombreuses familles ainsi évincées ont gardé la clef de leur maison, le plus souvent détruite. Et puis les papiers administratifs témoignant de la réalité de leur possession. La Force ne dure qu'un temps, un jour la vérité triomphera.

     

    La Naqba, on n'oublie pas, on n'oubliera pas

     


    votre commentaire
  • Les Palestiniens la nomment ainsi, la Nakba.



    Le 15 mai 1948 marque le basculement. Avant cette date, des hordes de terroristes nommées Hagana, Irgoun, Palmach, Lehi, groupe Stern s'attaquent périodiquement, mais avec une grande violence, aux villages de la Palestine. La Palestine, c'est le nom de ces terres qui s'étendent entre la Méditerranée et le Jourdain.

    Ce jour-là, dès minuit passé, certains de ces terroristes s'auto-proclament État, sous la bienveillante compréhension des autorités anglo-saxonnes, reines du coin depuis les accords Sykes-Picot du 16 mai 1916. Aujourd'hui encore ce n'est pas plus : cet "État" n'a ni constitution (juste deux lois d'orientation), ni frontières reconnues par la communauté des nations. C'est d'ailleurs pratique : cela permet de continuer à s'étendre sans autorisation, d'où l'occupation illégale et illégitime du plateau du Golan à partir du 5 juin 1967.

    A partir de ce jour-là, les Palestiniens sont pourchassés de toutes les façons possibles, afin de donner un soupçon de vraisemblance à ce slogan choquant "une terre sans peuple pour un peuple sans terre". Beaucoup sont tués par ceux qui étaient des terroristes, et qui deviennent par un coup de baguette magique "l'armée". Beaucoup sont obligés de fuir (on parle de neuf cent mille). Malgré tout, il en reste encore beaucoup, sur leur terre qui désormais, là encore par enchantement, n'est plus la leur. Documents notariés, ou pas.

    Qu'on ne s'y trompe pas : il ne s'agit aucunement d'une affaire religieuse. Aujourd'hui encore, de nombreux juifs refusent cet état de fait, y compris certains qui vivent depuis très longtemps dans un quartier de Jérusalem, Mea Shearim.  Mais aussi d'autres, qui manifestent souvent à Paris, à Washington...

    Il ne s'agit aucunement de "race" comme disaient certains, puisque cette notion n'existe tout simplement pas.  Il est d'ailleurs probable que des recherches d'ADN montreraient (et montrent, parce que quelques recherches ont effectivement eu lieu dans ce sens) que les vrais descendants de ceux qui vivaient là il y a mille, deux mille ans, sont ceux-là même que des intrus ont voulu chasser.

    Donc, le 15 mai 1948 est le pivot de cette appropriation par des gens venus d'ailleurs, de la terre mise en valeur avec ferveur par ses habitants séculaires. Il s'agit bien entendu d'une affaire politique, concrétisée dès le 2 novembre 1917 par la déclaration Balfour, une lettre adressée par le ministre des affaires étrangères britannique, Lord Balfour, à un autre Lord, banquier, qui s'appelle déjà Rothschild. Celui-ci est le descendant de celui qui, en 1815, se fit un joli coup de bourse le 18 juin grâce à la bataille de Waterloo.



    Cet « État » imposé aux forceps par les vainqueurs de l'époque est bien entendu sans aucune valeur, hormis la force qui le maintient encore pour le moment.  Il est la simple cristallisation en Asie du Sud-Ouest d'une sorte d'hyper-base turbulente, mais essentielle pour les maîtres de Londres et de Washington. Ceux qui ont le vrai pouvoir, bien entendu, pas les présidents, premiers ministres et autres personnalités au pouvoir très incertain. Et quand ceux-ci veulent apporter du bien, "des forcenés" tout surpris par le geste qu'on leur attribue sont accusés de les avoir retirés du peuple des vivants.



    Quand cet état de fait révoltant finira-t-il ? La communauté des nations va-t-elle se réveiller, maintenant que les empires de la mer commencent à devenir moins puissants (qu'ils le veuillent ou non)  ? Les descendants des cruels seigneurs Khazars qui s'étaient convertis au judaïsme par intérêt aux alentours du XVe siècle (souvent convertis – encore une conversion – aujourd'hui en banquiers) vont-ils enfin cesser de nuire au monde entier ?

    Citoyens de toute la Terre, n'oublions pas cette date funeste : le 15 mai 1948. C'était il y a septante ans, c'était hier, c'est encore aujourd'hui. Car aujourd'hui encore, des Palestiniens tout ordinaires sont chassés de leurs maisons (aussitôt détruites le plus souvent) pour laisser la place à d'autres venus d'ailleurs. D'autres dates furent tout aussi funestes, ailleurs : le 11 septembre 1974 au Chili, le 20 mars 2003 en Irak, le 13 février 2011 en Libye... toutes initiée par les mêmes : des banquiers aux dents hypertrophiées de morses.

    On se souviendra que souvent, au plus jeune de la famille ainsi privée de sa demeure séculaire est remise la clef de celle-ci, à transmettre à ses enfants.




    Un jour, ces familles reviendront, quand l'Empire anglo-saxon du Grand Capital se sera écroulé sous sa suffisance, sa morgue et sa violence. Dans vingt ans ? Probablement guère plus. Peut-être moins.



    votre commentaire
  • Les doucereuses organisations humanitaires (sic) ont une façon très sélective de voir les choses. Dès que c'est un régime qui a l'aval de certains "grands pays" ou présentés comme tels, tout est permis à ce régime qui serait accueilli avec les hauts cris des vertueux "grands journaux de la planète" (ceux qui sont détenus par certains multimilliardaires) si c'était une levée de citoyens excédés par l'ingérence "des grands pays".

    C'est ainsi que Ahed Tamimi, jeune Palestinienne de seize ans, armée seulement de sa voix et ses poings, est "mise au trou" pour longtemps, peut-être même toute sa vie, parce qu'elle a eu l'outrecuidance de riposter avec ces pauvres armes aux hyperarmés soudards d'un régime qui a envahi la terre de ses ancêtres. Nulle "organisation humanitaire" ayant pignon sur rue ne relève cette "anomalie". Tout est normal au pays du déni du normal.



    Si "nos gouvernants" ne font rien, ne disent rien, ils seront considérés comme complices, et traînés dans la même boue. Permettre ce fait-là, c'est permettre tous les autres faits similaires dans le monde, de l'Orénoque au Mali, des escadrons de la morts mis en place par "l'École des Amériques" de sinistre mémoire un peu partout en Amérique du Sud, aux pseudo-islamistes entraînés et armés par les mêmes.

    Citoyens, restons du côté de ceux qui luttent pour leur survie ensemble, face à l'arbitraire d'une engeance qu'il faudra bien un jour éradiquer.

    bab

    2 commentaires
  • Grâce au Citoyen Veilleur, je viens de découvrir ce magnifique entretien de Mahmoud Darwich, ponctué d'un poème sublime. Merci.

    -:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-

    "J'ai de multiples images de l'Autre israélien. Multiples et variées. Il n'existe pas chez moi une vision unique et définitive de l'Autre.
    Celui qui m'a éduqué était juif, celui qui m'a persécuté l'était aussi. La femme qui m'aima était juive. Celle qui me détesta aussi.
    La guerre de 1967 a rompu les relations affectives entre les jeunes hommes arabes et les jeunes filles juives.
    L'idée d'ennemi avait en fait pénétré la relation; l'homme et la femme s'enlaçaient, mais l'ennemi était tapi sous leur lit. Dans mon poème "Un soldat qui rêve de lys blanc", j'ai raconté l'histoire de cet ami qui, après la guerre, vint me trouver pour m'annoncer sa décision de quitter Israël pour toujours.
    Il ne voulait plus être un rouage dans une machine de guerre. C'était un humaniste, et son éducation était fondée sur le pluralisme et l'ouverture.
    Venu en Israël avec des idées idéalistes, il avait découvert que la réalité était bien différente. Il est alors parti.
    Le poème le décrit ainsi: un individu qui se réfugie en lui-même, qui reprend son individualité à son groupe, mais la pression collective est puissante et dure.
    Nous avons appris l'hébreu en même temps que l'arabe. Toute ma génération maîtrise l'hébreu. La langue hébraïque est pour nous une fenêtre donnant sur deux mondes.
    Celui de la Bible d'abord, celui de la littérature traduite ensuite: ma première lecture de Lorca se fit en hébreu.
    De même pour Neruda. Je ne peux que reconnaître ma dette envers l'hébreu pour ce qui est de ma découverte des littératures étrangères.
    Je considère que la Bible est partie intégrante de mon héritage, alors que l'islam ne fait pas partie, à ses yeux, de l'héritage de l'Autre.
    Je n'ai aucun problème à me considérer comme le produit, le métis, de tout ce que cette terre palestinienne a dit, de tout ce que l'humanité a dit.
    Mais l'Autre refuse de faire de même, m'interdisant de m'associer à son identité culturelle et humaine. c'est lui qui réduit sa propre identité et la rend sélective.
    Le problème est que nous autres, les Arabes, nous nous sentons obligés de nous rattacher à nos racines et ce, pour fortifier nos défenses.
    Les autres nous y contraignent, bien plus que nous en avons envie ou le voulons.
    Je ne crois pas qu'il y ait au monde un seul peuple à qui on demande tous les jours de prouver son identité comme les Arabes.
    L'Arabe doit en permanence présenter ses papiers d'identité, parce qu'on cherche à le faire douter de lui-même. La seule identité dont je me revendique est celle de ma langue de poète."

    (Mahmoud Darwich, La Palestine comme métaphore, entretiens traduits de l'arabe par Elias Sanbar et de l'hébreu par Somone Bitton, éditions Actes-sud Babel)
    il rêve de lis blancs
    d'un rameau d'olivier
    de la floraison de ses seins au soir
    il rêve – m'a-t-il dit –
    de fleurs d'orangers
    il ne cherche pas à philosopher autour de son rêve
    il comprend les choses
    uniquement comme il les sent, hume
    il comprend – m'a-t-il dit – que la patrie
    c'est de boire le café de sa mère
    et de rentrer au soir

    je lui ai demandé : Et la terre ?
    il a dit : Je ne la connais pas
    et je ne sens pas qu'elle soit ma peau ou mon pouls
    comme il en va dans les poèmes
    Soudainement, je l'ai vue
    comme je vois cette boutique, cette rue ou ces journaux
    je lui ai demandé : L'aimes-tu ?
    il répondit : Mon amour est une courte promenade
    un verre de vin ou une aventure
    — Mourrais-tu pour elle ?
    — Que non !
    tout ce qui me rattache à la terre
    se limite à un article incendiaire, une conférence
    On m'a appris à aimer son amour
    mais je n'ai pas senti que son cœur s'identifiait au mien
    je n'en ai pas respiré l'herbe, les racines, les branches
    — Et son amour
    était-il brûlant comme le soleil, la nostalgie ?
    il me répondit avec nervosité :
    — Ma voie d'accès à l'amour est un fusil
    l'avènement de fêtes revenues de vieilles ruines
    le silence d'une statue antique
    dont l'époque et le nom ont été perdus


    il m'a raconté l'instant des adieux
    comment sa mère pleurait en silence
    lorsqu'il fut conduit quelque part sur le front
    et la voix affligée de sa mère
    gravant sous sa peau une nouvelle espérance :
    Ah si les colombes pouvaient grandir au ministère de la Défense
    si les colombes pouvaient grandir !

    il tira sur sa cigarette, puis ajouta
    comme s'il fuyait une mare de sang :
    J'ai rêvé de lis blancs
    d'un rameau d'olivier
    d'un oiseau embrassant le matin
    sur une branche d'oranger
    — Et qu'as-tu vu ?
    — J'ai vu l'œuvre de mes mains

    un cactus rouge
    que j'ai fait exploser dans le sable, les poitrines, les ventres
    — Combien en as-tu tué ?
    — Il m'est difficile de les compter
    mais j'ai gagné une seule médaille
    Je lui ai demandé, me faisant violence à moi-même :
    Décris-moi donc un seul tué
    il se redressa sur son siège
    caressa le journal plié
    et me dit comme s'il me faisait entendre une chanson :
    Telle une tente, il s'écroula sur les gravats
    il étreignit les astres fracassés
    sur son large front, resplendissait une diadème de sang
    il n'y avait pas de décoration sur sa poitrine
    il était, paraît-il, cultivateur ou ouvrier
    ou alors marchand ambulant
    telle une tente, il s'écroula sur les gravats
    ses bras
    étaient tendus comme deux ruisseaux à sec
    et lorsque j'ai fouillé ses poches
    pour chercher son nom
    j'ai trouvé deux photos
    l'une... de sa femme
    l'autre de sa fille

    je lui ai demandé : T'es-tu attristé ?
    il m'interrompit pour dire : Ami Mahmoud, écoute
    la tristesse est un oiseau blanc
    qui ne hante guère les champs de bataille, et les soldats
    commettent un péché lorsqu'ils s'attristent
    Là-bas, j'étais une machine crachant le feu et la mort
    transformant l'espace en un oiseau d'acier

    il m'a parlé de son premier amour
    et après cela
    de rues lointaines
    des réactions d'après guerre
    de l'héroïsme de la radio et du journal
    et lorsqu'il cacha un crachat dans son mouchoir
    je lui ai demandé : Nous reverrons-nous ?
    il répondit : Dans une ville lointaine

    lorsque j'ai rempli son quatrième verre
    j'ai dit en plaisantant : Tu veux émigrer ? Et la patrie ?
    il me répondit : Laisse-moi
    je rêve de lis blancs
    d'une rue pleine de chansons et d'une maison illuminée
    je veux un cœur tendre, non charger un fusil
    je veux un jour ensoleillé
    non un moment fou de victoire intolérante
    je veux un enfant adressant son sourire à lumière du jour
    non un engin dans la machinerie de guerre
    je suis venu pour vivre le lever du soleil
    non son déclin

    il m'a quitté, car il cherche des lis blancs
    un oiseau accueillant le matin
    sur un rameau d'olivier
    car il ne comprend les choses
    que comme il les sent, hume
    il comprend – m'a-t-il dit – que la patrie
    c'est de boire le café de sa mère
    et rentrer, en paix, avec le soir

    Mahmoud Darwich
    Introduit par A.Amri
    24.04.2013

    2 commentaires
  • A Barbès, la manifestation pacifiste et solidaire a bien eu lieu, et nous y étions !

    Des militants du Parti de Gauche dénoncent « le traitement partial et mensonger » de la manifestation pour Gaza du 19 juillet à Paris et veulent « rétablir la vérité d’une réussite populaire face à la désinformation et aux manipulations politiques ».
    Alors que les bombardements israéliens ont redoublé d’intensité et que le bilan des victimes, côté palestinien, s’élève à près de 500 morts, suite à la journée la plus meurtrière depuis le début de l’offensive israélienne, le traitement médiatique de la situation en Israël-Palestine relève du scandale. La plupart des médias présentent l’attaque israélienne comme un conflit entre deux puissances égales et coresponsables tout en occultant la réalité de l’occupation du territoire palestinien par Israël et son régime d’apartheid. Mais cette lecture idéologique qui sape la solidarité avec le peuple palestinien ne s’arrête pas là.

    Nous, militant-e-s du Parti de Gauche, avons décidé de nous rendre à la manifestation du 19 juillet à Paris non autorisée par le gouvernement Valls. Comme de très nombreux citoyen-e-s, nous avons voulu exprimer notre soutien au peuple palestinien et protester contre cette interdiction scandaleuse. Est-il nécessaire de rappeler que la France a été le seul pays à interdire une telle manifestation de solidarité internationale ?

    Un traitement médiatique partial et mensonger
    Dès l’après-midi, les médias ont repris les poncifs de la communication gouvernementale : « explosion de violences » pour Le Figaro, manifestation qui « dégénère » pour Le Monde et Libération. Les images retenues sont bien entendu celles de casseurs, on évoque des pavés jetés, des violences, le drapeau israélien brûlé, des slogans antisémites, etc. La palme de l’article-poubelle revient certainement à Rue89 : hésitant entre le micro-trottoir ridicule qui mêle des extraits sans contexte et laissant affleurer des généralités fallacieuses et un parti pris grossier, il présente les policiers comme des hommes courtois (certainement entre deux tirs de flash-ball tendus et coups de barres de fer de policiers en civil). Pour de tels journalistes les manifestants seraient au mieux des imbéciles, au pire des personnes violentes et vulgaires, et bien entendu toutes plus ou moins antisémites. Les journalistes de Mediapart semblent, eux, avoir fait un réel travail d’investigation et de croisement des sources.

    Tout ceci fournit autant d’arguments à Valls pour justifier son interdiction a posteriori : les violences montreraient bien qu’il a eu raison d’interdire cette manifestation. Comme l’indique le communiqué des organisateurs, « c’est la décision politique, pour ne pas dire idéologique, du gouvernement usant d’une violence disproportionnée qui a créé les conditions des troubles à l’ordre public, dont le gouvernement porte donc la totale responsabilité ».

    Nous dénonçons le traitement partial et mensonger de ce qui s’est passé à Barbès. Nous protestons également contre cette inimaginable cécité médiatique : non, il n’est pas vrai que, comme il est écrit dans l’article de Libération, une fois les affrontements commencés à Barbès, « c’en était fini de toute manifestation ». Aucun média ne semble mentionner les rassemblements pacifistes à gare du Nord des manifestants qui n’ont pas pu se rendre à Barbès. Et encore moins cette incroyable réussite populaire d’un cortège ayant défilé avec calme et détermination pendant des heures dans les rues de Paris passant par la gare du Nord, la gare de l’Est pour arriver jusqu’au niveau des Halles (Châtelet), plusieurs milliers de manifestants ont scandé leur solidarité avec le peuple palestinien, une liberté que le gouvernement français voulait censurer. La police, débordée par les événements et ne prévoyant pas cette marche spontanée d’un peuple reprenant ses rues, était obligée de suivre le cortège en constatant une dispersion dans le calme en fin de défilé à Châtelet. La manifestation décrite par les journalistes n’a pas existé. Nous y étions et pouvons en témoigner.

    Ce sont les forces de l’ordre qui ont ouvert les hostilités
    La désinformation ambiante va même jusqu’à travestir ce qui s’est passé à Barbès, lieu initial du rassemblement. Dès 14 heures, l’ambiance était plutôt calme et les drapeaux français étaient brandis à côté des drapeaux palestiniens. Des personnes de tous horizons étaient réunies, aussi bien des adultes, que des jeunes, des enfants, des personnes âgées – et on pouvait noter une présence féminine particulièrement forte. Puisque certains journalistes ne semblaient pas être dans le même cortège, précisons que nous n’avons pas entendu une seule injure antisémite mais que nous avons pu voir des panneaux « Antisémites non, Humanistes oui ». Les slogans politiques les plus repris : « Israël assassin, Hollande complice », « Nous sommes tous des Palestiniens », « Enfants de Gaza, enfants de Palestine, c’est l’humanité qu’on assassine ». Face à des citoyens révoltés de se voir confisquer leur liberté d’expression, ce sont les forces de l’ordre qui ont fait le choix d’ouvrir les hostilités : charges, utilisation massive et répétée de gaz lacrymogènes, matraques, etc.

    Alors que les forces de l’ordre sont censées disperser les manifestants et permettre leur évacuation, nous avons été bloqués avec l’ensemble des manifestants sur le boulevard ou dans les rues adjacentes. Asphyxiés par les gaz, les manifestants cherchaient à fuir le boulevard mais étaient repoussés par les CRS postés en amont. Cette stratégie répressive faisait des rues adjacentes de véritables souricières. Certains d’entre nous ont même dû se cacher dans les halls d’immeubles, portes cochères, pour éviter les violences policières et essayer de trouver une atmosphère respirable. Des foules ont ainsi été vigoureusement refoulées dans le métro, rappelant de sombres heures de l’histoire de France. Notons également que plusieurs manifestants ont tenté de répondre aux tirs par des sit-ins, pour bien souligner leurs intentions pacifiques. Cependant, on ne voit aucune photo des manifestants à terre devant la police… Cette police cherchait-elle à empêcher la manifestation et à la disperser, ou plutôt à provoquer affrontements et violences pour pouvoir ainsi justifier son autoritarisme et donner du grain à moudre aux manipulations politiques ? La réaction de Manuel Valls (qui pendant ce temps-là se promenait le long du tour de France pour satisfaire son plan de communication) est claire : l’ordre, la répression et la privation de liberté de manifester.

    Une belle manifestation populaire
    Au-delà de cette violence policière initiale, il faut souligner, dire et répéter ce que les médias ont choisi de taire : les manifestants, bien qu’ayant été dispersés, gazés, voire frappés, se sont regroupés spontanément et la manifestation a eu lieu, plusieurs heures durant, sur un vaste espace, dans les rues de Paris. Ces dernières n’avaient pas été bloquées, pas plus que le cortège, par une préfecture de police débordée, et pourtant aucune violence, aucun heurt, aucun incident. Mais les médias n’en parlent pas, à l’exception notable du Nouvel Observateur : « Manif pro-Gaza : partie de cache-cache dans les rues de Paris », article qui s’étend sur les trois cortèges de manifestation spontanée, et qui souligne leur réussite et leur pacifisme. Citons la fin de l’article : « A Barbès, le principal rassemblement de la journée, la manif spontanée a pris fin de façon beaucoup plus musclée. (…) Mais, ailleurs, toute la journée, de la gare du Nord aux Halles en passant par la place de Clichy, des cortèges plus ou moins spontanés, déterminés sans être violents, auront tourné la tête aux vieux routards du maintien de l’ordre de la préfecture de police, plus rompus à la surveillance de cortège organisés qu’à la partie de cache-cache inhérente aux manifestations soi-disant “interdites”. »

    Pourquoi, à part au Nouvel Observateur, les journalistes ne parlent-ils pas de ces manifestations ? Pourquoi les journalistes ont-ils choisi de rester place Barbès et de photographier ou de filmer quelques jeunes lançant des pavés plutôt que de mettre par écrit et en images ce fait : une fois libérés de l’assaut policier, nous avons marché dans Paris dans la plus grande tranquillité. Ne serait-ce pas parce qu’il serait ennuyeux pour le gouvernement de constater que, sans pression policière, les manifestants pro-palestiniens de Paris sont tout à fait capables de manifester dans le calme, comme cela a été fait à Londres et à Marseille par exemple ? Ne serait-ce pas parce que Valls serait alors forcé d’avouer que cette interdiction n’avait pas lieu d’être et qu’elle n’était qu’un coup de force scandaleux et liberticide ? Pourquoi ne voyons-nous aucune photo de ces milliers de manifestants pacifistes, qui s’excusent auprès des automobilistes coincés et qui expliquent leur démarche aux touristes attablés aux terrasses des cafés ? De même, l’épisode qui vit les manifestants reformer le cortège en haut de la butte Montmartre, reprendre les drapeaux avec détermination, et entamer une descente pour le moins audacieuse, a été passé sous silence. Tous les mensonges médiatiques ne pourront pas faire oublier le véritable enseignement de cette manifestation : le peuple est capable de braver les interdictions et les violences policières pour se réapproprier les rues de sa ville et défendre l’intérêt général. Gageons que ce qui s’est passé hier n’est qu’un début, et que les manœuvres du gouvernement n’auront pas raison de l’immense enthousiasme populaire qui soutient la lutte des Palestiniens contre la colonisation.

    Nous demandons à ce que les médias ne se comportent pas comme des chiens de garde à la botte d’un pouvoir à la déroute. Et qu’une rigueur journalistique effective leur permette de revenir sur ce traitement biaisé de la réalité et de réellement faire état de ce que nous et l’ensemble des manifestants avons vécu. Après nous être vus privés de la liberté fondamentale de manifester, nous citoyen-ne-s, nous voyons bafouer le droit à une information indépendante. Nous refusons l’odieux chantage à l’antisémitisme du gouvernement pour faire taire notre voix et celle du peuple palestinien Il faut faire savoir ce qu’il s’est vraiment passé à Barbès : la manifestation libre, populaire et pacifiste et solidaire a bien eu lieu, et nous y étions !

    Les auteurs sont militants du Parti de Gauche :
    Danièle Atala
    Daoud Baccouche
    Boris Bilia
    Fethi Chouder
    Julie Dusseaux
    Guillaume Etiévant
    Bruno Fialho
    Annick Flageollet
    Hugo Hanry
    Nourredine Kaddouri
    Ramzi Kebaili
    Bylal Khellouf
    Djordje Kuzmanovic
    Mathilde Larrère
    Nathalie Levallois
    Hugo Lycurgue
    Maximilien Perret
    Christian Rodriguez
    Aissa Terchi
    Jean-Sébastien Thirard
    Laélia Véron
    »» http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/210...
     
    URL de cet article 26315

    votre commentaire
  • Ria Novosti, l'agence russe, délivre un message terrible pour le Proche-Orient.

    Yasser Arafat pourrait avoir été empoisonné (cela semble confirmé) en raison des dissensions entre les factions palestiniennes de l'époque.

    -:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-

    Une confirmation de l'empoisonnement d’Arafat remet en cause le règlement au Proche-Orient

    Dossier: L'hypothèse de l'empoisonnement de Yasser Arafat

    Yasser Arafat. (Аrchive)
    17:21 14/10/2013
    MOSCOU, 14 octobre – RIA Novosti
    Le règlement du conflit israélo-palestinien pourrait se retrouver définitivement dans l'impasse si l'empoisonnement au polonium du chef de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat était confirmé, pense Vladimir Sotnikov, expert russe  de l'Insitut d'études orientales.
    La revue britannique le Lancet a publié hier les résultats d’une étude suisse confirmant la version selon laquelle Arafat aurait été empoisonné au polonium-210, un élément radioactif.

    "De nombreuses spéculations apparaîtraient si ces informations étaient confirmées. Les accusations visant les renseignements israéliens pourraient alors dériver vers des spéculations concernant l'implication de certaines fractions de l'Organisation de libération de la Palestine, qui n'étaient pas d'accord avec la politique du défunt Arafat concernant la création de l'Autorité palestinienne. Cela pourrait, au final, enrayer tout le processus de paix", a déclaré Vladimir Sotnikov à RIA Novosti.

    D'après lui, le nombre de spéculations serait trop important et le fait qu’Israël devrait alors se justifier rendraient "impossibles" des négociations sérieuses.

    Concernant l’influence de telles révélations sur le processus de paix, Evgueni Satanovksi, président de l'Institut du Proche-Orient et d'Israël, a déclaré que ce problème était "exclusivement palestinien" et que les Israéliens n'y avaient "aucun intérêt". Selon l'expert, le thème de l’empoisonnement d'Arafat au polonium intéresse uniquement les forces palestiniennes qui luttent pour le pouvoir à l’intérieur du pays.

    Yasser Arafat, fondateur et premier chef de l'Autorité palestinienne qui a reçu le prix Nobel de la paix pour sa participation aux négociations avec Israël, est décédé le 11 novembre 2004 dans un hôpital militaire en région parisienne. L'enquête officielle sur les causes de sa mort a commencé en été 2012 quand la chaîne qatarie Al Jazeera a annoncé la découverte, dans les effets personnels d'Arafat et dans son organisme, de l'élément radioactif polonium-210. Les journalistes avaient alors demandé aux chercheurs de l'Institut de radiophysique (IRA) auprès du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) de Lausanne d'effectuer des analyses : ils travaillent actuellement sur la demande des autorités palestiniennes. Les Palestiniens ont évoqué à de nombreuses reprises l'implication d'Israël dans la mort de Yasser Arafat. L’Etat hébreu a toujours nié ces accusations.

    votre commentaire
  • Un témoignage est un témoignage. Il en est de poignants. Celui-ci vous serre la gorge. D'autant plus qu'il est malséant d'en faire part, trop souvent. Merci une fois de plus à Cap 2012 qui a répercuté ce billet à lire et faire passer. Il s'agit de ce qui se passe dans un lieu géographique nommé depuis des siècles Palestine.

    Sur UJFP

    Premières impressions

    jeudi 6 juin 2013 par Michèle Sibony
     
    Compte rendu 1 – Michèle Sibony

    Première période du 20 au 30 mai

    Pour qui penserait que la question du sionisme, c’est-à-dire la nature juive de l’Etat, n’est plus d’actualité, masquée ou liquidée par la perspective des 2 Etats ouverte par Oslo, il suffirait de lire la presse israélienne quotidienne afin de découvrir combien cette question est revenue en force avec la fin du fameux processus.
    Ainsi le Haaretz de ces jours-ci foisonne d’articles sur cette question. A titre d’exemple, voici le résumé d’un article du 28 mai de Jonathan Lis intitulé « Une proposition de loi du Likoud place le judaïsme au dessus de la démocratie » : Yariv Levin député likoud membre de la coalition gouvernementale vient de proposer une loi qui subordonnerait l’identité démocratique d’Israël à son identité d’Etat juif. (comme si ce n’était pas déjà le cas d’ailleurs ! ndlt) Mais ce faisant il reprend à peu de choses près deux propositions antécédentes déposées par Avi Dichter député Kadima lors de la précédente législature. Bien sûr Levin ajoute à ces projets des recommandations supplémentaires et controversées : légaliser par exemple la notion de « Eretz Israël » (la terre d’Israël de la mer au Jourdain auquel se réfèrent les colons Bible en main ) et affirmer les liens juifs exclusifs à cette terre)
    Et la loi propose aussi : le « droit d’autodétermination nationale dans l’Etat d’Israël n’appartient qu’au peuple juif »

    Le projet recommande que l’hébreu devienne la seule langue officielle du pays (alors qu’aujourd’hui l’arabe et l’hébreu sont les deux langues officielles) . Mais le parlement pourrait ensuite légiférer pour garantir un statut secondaire à l’arabe et l’anglais.

    Un autre article du projet prévoit la destination exclusive des fonds à la construction pour les communes juives. Cependant l’État serait autorisé à approuver la construction de communes non juives.

    En même temps le projet utilise aussi un vocabulaire démocratique, soulignant que chaque résident d’Israël indépendamment de sa religion ou nationalité est autorisé à agir pour préserver sa culture, son héritage, sa langue, son identité.

    Autre sujet dont les journaux s’emparent tous les jours : Le boycott qui suscite une grande inquiétude , et dont la stratégie de défense israélienne est de dire qu’il est « individuel » et donc raciste. Hawkins est un hypocrite proclame ainsi Daniel Abraham (entrepreneur américain fondateur du centre de Washington pour la paix au Proche Orient) dans le Haaretz toujours « Nous pouvons toujours dénoncer S. Hawkins pour son hypocrisie (qu’il détaille abondamment) mais au bout du compte le plus important est que nous réalisions combien il est mauvais d’occuper un peuple dont le leader Mahmoud Abbas veut faire la paix avec nous. » Un sioniste de gauche, sans doute.

    13 ans après l’Affaire Muhamad El Dura revient en force dans la société israélienne, par la voix d’un comité spécialement constitué pour réviser toute l’affaire et qui statue que l’enfant tué devant la caméra d’antenne 2 n’est pas mort. Comme s’il s’agissait de laver l’armée israélienne de tous ses crimes en revendiquant son innocence sur celui ci, fondateur il est vrai , puisque survenu au 2e jour de la seconde Intifada.

    Le père de l’enfant tué à fini par envoyer le message suivant à travers la presse israélienne, « si mon fils est vivant et que vous ne l’avez pas tué, alors rendez le moi ! »

    Nombre de Palestiniens s’expriment sur cette question en rappelant au comité qui étudie avec autant de sérieux l’affaire Al Dura, qu’il pourrait aussi se pencher sur les conditions de la mort de 13 enfants palestiniens dont douze de citoyenneté israélienne, survenue pendant la même période. Sans parler des 951 enfants tués depuis 2000 (chiffres Btselem) . Il faudra plus qu’une lessiveuse pour laver tout ce sang.

    Explosion dans le train :
    Mes premiers jours ici sont toujours durs à encaisser. Ce que je vois, ce que j’entends, ce que je lis, tout me rappelle l’injustice, l’arrogance et la bêtise profondes du dominant privilégié. Et parfois une étincelle de trop provoque l’explosion incontrôlée. Dommage. Si j’arrivais à garder mon calme au lieu de me mettre à hurler, peut-être serais-je plus convaincante ? J’en doute. La propagande israélienne a cela de très fort qu’elle rencontre des gens qui l’adorent et ne demandent qu’à en être abreuvés afin de mieux justifier leur droit à l’existence contre les autres.. Briser un tel cercle vicieux demande un long travail patient et surtout des contextes sociaux, politiques, internationaux, très différents. En l’état actuel tout concourt à renforcer cette inertie nauséabonde.

    Dans le train Tel Aviv à Benyamina où m’attend une amie afin de m’emmener à Kfar Kara dans le Triangle (zone de forme triangulaire demeurée à forte population arabe après la Naqba) dans sa famille palestinienne d’Israël :

    En face de moi, une femme assez belle d’une cinquantaine d’année m’intrigue, juive orientale, palestinienne, espagnole peut-être ? Sur les 4 places en carré à ma gauche, deux jeunes soldates, 18-19 ans déjeunent, et près d’elles un couple âgé qui échange en hébreu aussi bien qu’en français, avec pour la femme un clair accent juif égyptien. Arrive une jeune fille qui se présente comme étudiante en psycho et propose à tout le monde de remplir un questionnaire qui alimente son mémoire de fin d’études. La dame à l’accent égyptien accepte « à condition , dit-elle, que ce ne soit pas contre Israël » Je dresse l’oreille.

    L’étudiante lui répond : qu’est ce que tu veux dire par là, ce sont tes réponses libres qui m’intéressent... je repasserai dans un moment ramasser les questionnaires.

    Et la dame commence la lecture à haute voix. Des statistiques sur l’état des hôpitaux en Cisjordanie sont présentées et le questionnaire demande de choisir entre les sentiments qu’elles éveillent chez le lecteur. -Ah ! Vous voyez ! J’avais raison, c’est contre Israël. Qu’est ce qu’on en a à faire des hôpitaux palestiniens, comme si on avait pas nos propres problèmes de santé ! C’est contre Israël . Je ne veux pas répondre ! Une jeune soldate intervient : C’est sûr : tu n’as qu’à répondre à l’envers , le contraire de ce que tu penses, pour fausser ses résultats et bousiller son enquête ...

    La femme placée en face de moi prend alors la parole , avec un accent yéménite ou oriental aux gutturales très marquées :- Pourquoi ne pas répondre ? C’est pour ses études, quel est le problème de dire ce que cela éveille chez vous. Cela ne vous menace pas...

    Et l’analyse détaillée du questionnaire de continuer, émaillée de rires de connivences entre la jeune soldate l’égyptienne et son époux. Rires sur ces Palestiniens qui nous emmerdent et qui n’ont qu’à se débrouiller, et qui ne sont pas humains ils n’ont qu’à aller ailleurs ici c’est chez nous...

    J’explose : c’est vous qui n’êtes pas humains, où est passée votre humanité ? Et votre judaïsme alors, n’en parlons pas ! Vous êtes des brutes ignares et sans conscience. Vous êtes cruels et hermétiques aux autres. Et vous vous permettez de les juger en plus !

    La femme à l’accent oriental renchérit : mais enfin avec qui voulez vous faire la paix ou discuter ! Avec les Russes ou les Américains ? C’est avec vos voisins qu’il faut parler quand même.

    L’Égyptienne me jette un regard noir et m’interpelle : on voit bien que tu n’as pas grandi dans un pays arabe et que tu ne sais pas comment ils traitent les gens là bas.

    - Je suis née et j’ai grandi au Maroc, cherchez l’erreur. Mais en quoi cela justifierait-il ta propre cruauté ? La soldate, très brune, ricane : ah ! elle est marocaine celle là ? (j’ai bien envie de la gifler) Je continue, - mais pourquoi regarder dans les pays arabes, regarde ici ce que vous faites, quelle société dégueulasse raciste et haineuse vous fabriquez, vous devriez avoir honte. La juive orientale opine du chef satisfaite de mes propos, mais avec un regard de reproche sur mon ton et ma rage que je contrôle de moins en moins.

    La soldate continue de ricaner : je lui suggère de la fermer et de continuer à tirer sans état d’âme sur les enfants palestiniens..la soldate imite alors le bruit d’une carabine qui tire en visant de petits enfants imaginaires. Elle se moque de moi. Une agitation s’est éveillée dans tout le wagon derrière moi... attention, j’ai été trop loin. L’orientale me le signifie clairement : Alors ce coup ci c’est toi qui exagères.

    Malheureusement je sais que je n’exagère pas.

    Mais je suis obligée de me calmer. Mâchoires serrées pour réprimer mon tremblement, je suis au bord des larmes. Le couple âgé me regarde avec stupéfaction, et la dame me reprend presque gentiment sur le mode de la démocratie : Pourquoi t’énerves tu comme çà ? On n’est pas obligé d’avoir les mêmes opinions mais on peut parler calmement, tu peux même dire ce que tu dis sans problème, c’est çà la démocratie. Je lui propose de ne pas parler de ce qu’elle ne connaît pas ce dont elle n’a pas la moindre idée : La démocratie c’est l’égalité.

    Le train arrive à Benyamina. Dans la famille de Manal un festin nous attend à l’ombre du mûrier dans la cour. Les rires et la gentillesse de sa mère, ses tantes, ses sœurs, auront raison de ma colère et de mon tremblement.

    Gideon Lévy dans la rue en plein Tel Aviv, s’est fait insulter et cracher dessus ainsi que sa compagne. Parce qu’il fait partie de « ceux qui haïssent » Israël. Il a la triste charge en effet de rapporter chaque semaine à cette société les actes commis pour la « protéger « dans les territoires occupés. Et en effet c’est insupportable. Une famille dans un village de Cisjordanie, le fils tué de plusieurs balles dans le dos, en s’enfuyant après avoir jeté des pierres contre le mur : l’armée elle même reconnaît que l’incident était problématique. Quelques jours plus tard l’armée intervient en pleine nuit, avec des dizaines de soldats, des chiens et des hurlements, dans la maison familiale endeuillée. Ils viennent arrêter le second fils. Dans la maison les parents, huit filles, tous battus, frappés, la mère huit points de suture, et deux des filles à l’hôpital, la terreur à l’état pur. L’officier qui a dirigé l’opération a indiqué à ses soldats : dans cette maison là pas de pitié...

    Tout ceci mérite bien un crachat sur celui qui le relate..

    Des colons ont mis le feu aux champs de leurs voisins palestiniens. Le feu a trop bien pris et fini par menacer la colonie elle même. Ils ont alors appelé l’armée au secours pour qu’elle vienne éteindre les flammes. Aujourd’hui ils prétendent que les Palestiniens ont provoqué un 2e feu...

    En tous cas dans la schizophrénie ambiante, si l’on ne voit ni n’entend ni ne parle de ce que l’on fait subir aux Palestiniens, tout le monde est secoué par l’attaque d’une banque qui a fait 4 morts. Or il s’avère que le meurtrier avait été renvoyé de l’armée pour comportement violent et brutalités injustifiées (c’était çà ou la décoration) . Mais l’armée n’avait pas jugé utile de donner ses raisons ou de signaler ce cas. Ainsi l’homme a continué dans le civil. De même c’est le fait divers de Qiriat Ata où un jeune homme a tué sa mère et envoyé à l’hôpital sa petite amie ainsi que deux passants, qui occupe les esprits. Mais pourquoi tant de violence ? Bonne question.

    300 000 permis de ports d’armes en Israël et dans les colonies ; on peut peut-être imaginer qu’ils ne s’en serviront pas ?

    Nathan Blanc :
    Jeune homme de bonne famille , comme on dit, n’est pas le premier refusnik en Israël. Mais il vient de gagner son bras de fer contre l’armée : après 170 jours de rétention en prison militaire,reconduite toutes les 3 semaines, il a été libéré du service militaire pour objection de conscience et rien d’autre. Il a refusé tout compromis avec ses convictions et son refus de porter les armes. L’armée lui a proposé une baisse de profil pour raisons psychiatriques, des arrangements multiples pour éviter d’avoir à créer un précédent sur l’objection de conscience. Elle a surtout peur de l’usage que pourraient en faire les religieux que l’on veut obliger à « partager la charge » du pays en faisant l’armée. Nathan Blanc indique dans tous ses interviews qu’il lui semble très important pour tous ceux qui le suivront, de ne pas accepter le déguisement de leur refus et d’en d’assumer les vraies raisons. En effet l’armée a très peur des refus frontaux elle préfère négocier des raisons qui ne la remettent pas en cause, et masquent finalement la réalité du nombre important des refusniks.

    Jérusalem :
    Je prends un taxi collectif et non le bus pour aller à Tel Aviv. Cela m’évite l’enfer de la gare routière centrale et de ses contrôles. C’est ce que font beaucoup de palestiniens aussi. Le chauffeur est palestinien et une grande partie des voyageurs. Ils discutent en arabe parlent au téléphone, tranquillement.

    A l’arrivée, l’un d’eux l’air gêné demande discrètement au chauffeur en arabe, puis dans un hébreu hésitant, puis en arabe à nouveau : dis moi comment je fais pour aller à la mer ? L’autre : quelle mer ? Je ne sais pas... la mer, Bahr.. Haïfa ? Quel taxi prendre ? Le chauffeur lui lance un numéro de ligne...

    Traduction : il vient sans doute des territoires occupés, et n’a pas vu la mer depuis longtemps... envie de pleurer.

    Michèle Sibony

    Articles de cet auteur

    Conditions de copie : Creative Commons.
     

    votre commentaire
  • Merci à Clo pour m'avoir communiqué cet échange intéressant.

    -:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-


    Jonathan D. est un ancien étudiant de Christophe Oberlin à la faculté de médecine de Paris. Jonathan a fini ses études en Israël où il est installé.

    En 2004, Jonathan a repris contact avec son ancien professeur, et les deux échangent épisodiquement une correspondance. Voici la dernière qui remonte à quelques jours.


    Lettre de Jonathan D.

    Bonjour Professeur,

    Cela fait longtemps que je ne vous ai pas lu.

    Dernièrement on m’a fait remarquer que j'étais cité sur une interview que vous avez donnée à "Radio j", à la suite de la polémique qui a suivi la question sur le cours optionnel de médecine humanitaire. 

    J’ai alors regardé les quelques interviews que vous avez donnés à ce sujet.

    Plusieurs choses m'ont frappé.

    Tout d'abord votre sang froid malgré les questions très embarrassantes, la faculté de poursuivre suivant une suite logique malgré les interruptions. On voit là votre expérience d'orateur.

    Cependant après quelques interviews j'ai remarqué que les arguments étaient les mêmes, peu importe la question, et deuxièmement ils sont souvent donnés dans le même ordre.
    Cela montre un effort de préparation mais perd de sa spontanéité.

    Au sujet de mon point de vue sur Israël, j'ai peur que vous ne soyez loin d'avoir saisi ma position.
    Je suis Juif, de droite politiquement, attaché à ma terre par un lien trimillénaire. Je suis souvent en désaccord avec mon gouvernement mais comme un membre d'une famille qui se dispute avec son père. Mes frères juifs sont pour moi plus importants que le reste du monde, comme un frère est plus important qu'un cousin.

    Je pense que les juifs ont vécu des centaines d'années sous domination arabe en paix, et donc je ne vois pas de problème pour que les arabes d'Israël vivent sous domination des Juifs, comme le font d'ailleurs les Druzes et les Bédouins. S’ils sont d'accord je vivrai à côté d'eux avec plaisir. Mais s’ils ne le sont pas, je pense que leur place n'est pas en Israël.

    L’état d'Israël essaye depuis sa création de réussir cette symbiose de manière démocratique. La charte de l'état déclare notre état comme juif et démocratique.

    Voilà un bref résumé de ce que je pense..... Désolé que ce soit un peu cru. 

    Je ne pense pas qu'il y ait de solution au problème palestinien parce que deux peuples se battent pour la même terre, chacun pensant que cette terre est la sienne.

    Et je finirai par une seule phrase: cette terre est la mienne.



    Réponse de Christophe Oberlin :

    Bonjour Jonathan,

    Merci de ton message. Il est pour la première fois illustré par l’une de tes photos. Je vois que le temps a passé depuis que tu étais mon étudiant à La faculté Bichat à Paris. C’est maintenant à un monsieur que je m’adresse. Pardonnes moi de continuer à te tutoyer, l’habitude est prise et je te suggère de faire de même !

    Oui j’ai cité ton prénom sur Radio J, et tu t’es reconnu. Mais tu ne me dis pas si ce que j’y ai dit de toi correspond à ton sentiment. Comme on va le voir, nos opinions divergent complètement. Mais, pour moi en tous cas, le fait que tu restes en contact est significatif. Tout d’abord tu n’es peut être pas sûr à 100% que tes idées sont exactes, puisque tu les confrontes aux miennes. Surtout tu ne m’insultes pas et ne reprend pas à mon égard une accusation d’antisémitisme qui est l’arme de ceux qui n’ont pas d’arguments. La discussion reste donc ouverte, et c’est ce que j’apprécie.

    Alors je vais essayer de répondre point par point à ta lettre.

    Sur la question d’examen du certificat de médecine humanitaire que j’ai posée en juin dernier et qui traitait d’un cas réel survenu à Gaza en 2009, et malheureusement 2012 a connu d’autres cas analogues, tu me reproches de manquer de spontanéité dans différents interviews : il est vrai que j’ai été interviewé plusieurs fois sur le même sujet, avec les mêmes questions. J’ai donc donné les mêmes réponses. Tu sais aussi que j’essaye d’être pédagogue, et la seule chose qui compte, c’est ce que les gens retiennent. Au risque de la répétition. Et bien en final, cette petite question, l’une des quatre du certificat de médecine humanitaire, a eu un bon effet pédagogique. Beaucoup de gens, en France comme à l’étranger, ont appris la définition d’un crime de guerre (contraire aux lois de la guerre) ou d’un crime contre l’humanité (intentionnel). Et figures-toi qu’à Gaza, la question qui m’a été posée plusieurs fois est : « Est-ce que les étudiants ont bien répondu ?» Et la réponse est oui (80 sur 85).

    Tu me dis ensuite que j’ai sans doute mal compris ta position sur Israël. D’où tires- tu cela ? Dans l’interview, je te cite simplement comme quelqu’un qui m’écrit et manifeste à cette occasion un certain malaise. Quand tu m’écris au moment où ton frère part faire la guerre au Liban, n’es-tu pas en souffrance ? La guerre de Gaza qui s’achève à peine t’a-t-elle laissé serein ? Est-ce un pur hasard que tu m’écrives à cet instant, alors que nous n’avons pas communiqué depuis très longtemps ? Étais-tu parmi les 75 000 soldats mobilisés à la frontière de Gaza ? Comment concevais-tu alors ton éventuelle mission ? Le cesser le feu t’a-t-il satisfait, soulagé ? Étais-tu vraiment sûr qu’il aurait été juste de te donner l’autorisation de tuer ? 

    Alors tu me dis que tu es « juif et de droite politiquement ». Cela n’a rien évidemment de contestable, et je peux te dire qu’aucun de mes amis du Hamas n’a jamais devant moi contesté ce sentiment d’appartenance en tant que tel.

    Tu te dis « attaché à ta terre par un lien trimillénaire ». Ce que tu dis là est du domaine socio culturel. C’est ce qu’on t’a dit, et tu en es convaincu. C’est du domaine de la croyance, et la croyance par définition ne se discute pas. Mais il faut savoir séparer la croyance du profane, et respecter dans son comportement ceux qui ne partagent pas cette croyance. Reproches-tu aux Chinois ou aux Indiens de croire à autre chose ? Peux-tu me dire si l’appartenance à la communauté juive implique le rejet de ceux qui ne partagent pas la même croyance ? 

    Si l’on met de côté la croyance, voyons l’Histoire. C’est justement il y a trois mille ans qu’est née la Philistia, par fusion d’une immigration venue d’Asie Mineure et de Crête avec la population locale du pays de Canaan. La langue, l’archéologie, les textes égyptiens puis assyriens sont là pour nous le prouver. Avec les cinq villes de Philistia : Ashkelon, Gaza, Ashdod, Ekron et Gath. Cinq villes dont quatre aujourd’hui sont en Israël, et la cinquième assiégée ! Et l’attachement que tu manifestes pour Jérusalem, légitime dans ta croyance, est-il exclusif et plus légitime que celui des chrétiens pour la Terre Sainte ou des musulmans pour les mosquées de l’esplanade ? 

    Tu me dis que ton attachement à un frère juif est plus important que ton attachement pour un cousin. C’est naturel, mais la société et la loi sont là, dans les pays démocratiques, pour faire en sorte que le cousin, voire l’étranger, bénéficie en final de droits égaux. Sinon, c’est la tribu. L’état d’Israël doit-il aujourd’hui se comporter comme une tribu, ou comme un état démocratique ? Et tu cites justement la formule « état juif et démocratique ». Il n’est pas rédhibitoire dans les textes généraux qui régissent un état, de faire référence au fond culturel de la majorité de la population. A condition que tous bénéficient des mêmes droits. La référence à l’Islam dans les républiques du Sénégal ou de Turquie, n’implique pas l’expulsion des non musulmans, ni leur exclusion de la vie démocratique. Penses-tu réellement que les Palestiniens israéliens peuvent, aussi facilement que les juifs, entrer facilement à l’université, obtenir un crédit pour construire une maison, entrer dans l’armée, présenter le journal télévisé, être ministre ?

    Alors tu me dis « que les juifs ont vécu des centaines d’années sous domination arabe, en paix, et que tu ne vois pas le problème pour que les arabes vivent sous domination juive ». Et tu ajoutes : « comme le font les Druzes et les bédouins ». Ne te rends- tu pas compte que le monde aujourd’hui a changé, et essaye d’imposer une notion fondamentale : l’égalité des droits entre les individus, où qu’ils se trouvent. Avec notamment un objectif qui est d’éviter que les minorités ne soient écrasées et disparaissent sous la force des majorités. Et la communauté juive est justement l’une de ces minorités ! Et la garantie de la pérennité d’une minorité, ce ne sont pas les armes, mais la paix avec ses voisins, et notamment avec ceux qui habitent dans le même immeuble !

    Tu termines en disant que « deux peuples se battent pour une terre dont ils pensent qu’elle est la leur. Cette terre est la mienne ». Le problème c’est que les Palestiniens ont toujours les actes de propriété de leurs terres, et que toi tu n’en as aucun ! 

    Et bien je vais te dire une chose. Le Hamas dit qu’il ne reconnaîtra jamais l’état d’Israël. Et pourtant, malgré tout le mal qu’il leur a été fait, ils acceptent que tous ceux qui se sont installés sur la terre de Palestine depuis un siècle y restent en bonne entente, eux et leurs enfants, à condition qu’ils acceptent l’égalité des droits. C’est-à-dire la démocratie, le respect des convictions religieuses, de la culture, de la langue de chacun etc. Figures- toi que certains de mes amis palestiniens, et parmi les plus revendicateurs… apprennent l’hébreu ! D’aucuns l’ont même appris dans les prisons israéliennes. Oh non, ce ne sont pas des collabos ! Ils ne renoncent à aucune de leurs convictions politiques ou religieuses. C’est simplement une reconnaissance d’un état de fait : « Il y a des hommes et des femmes immigrés récents qui parlent hébreu et nous devons les connaître et pouvoir dialoguer. Mais cela ne retire rien au fait qu’ils habitent dans ma maison, font cultiver mon champ, et que nous devons trouver un arrangement sur la base du Droit. » 

    Donc mes amis du Hamas refusent de reconnaître l’état d’Israël, mais ils acceptent de vivre en bonne entente avec… les Israéliens, dans le sens des habitants actuels de l’état d’Israël ! N’est-ce pas l’essentiel ?

    Est-ce que ce ne serait pas un bel objectif religieux que de promouvoir la réconciliation par le Droit ?

    Christophe Oberlin 

    -:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-

    (Note - on ne trouvera pas la fiche Wikipedia du professeur Oberlin, praticien humanitaire en butte à de nombreuses haines)

    1 commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique