• Nageons dans les paradoxes. Vous savez nager ? Vous avez votre bouée-crocodile, canard ou autre figure de proue ?

    Les "Religions révélées" et en particulier la chrétienne nous bassinent avec leur Paradis, censé devenir le réceptacle de "nos esprits" après le passage chez Charon. O K, après dispatching chez le taulier adéquat qui devait aiguiller soit vers le Tartare (pas trop cuit j'espère), soit directement vers le Paradis, ou l'Élysée, selon les versions, soit plus vicieusement vers un lieu manifestement laxatif nommé purgatoire.

    On peut imaginer les effets sur un "pur esprit" (v'z'avez une lingette ?) de ce genre de traitement. Il s'agit de lui éradiquer pulsions (sans zizi ni autre appendice), mauvaises pensées (clic), et autres futilités corporelles dites perverses - mais aussi sûrement les souvenirs de ce qu'ont pu occasionner ces pensées, ces velléités, ces "passages à l'acte" (hum).

    Passé par ce sas de désintoxication, le pur esprit (on le rappelle, histoire de ne pas oublier) pourra selon un temps plus ou moins long (j'te dis pas le truc pour un esprit désincarné, la manière pour décrire le temps dans un contexte éternel) accéder au sas suivant où un saint-pierre (il est frais vot'poisson ? les ouïes sont ternes) BLAM appose un Bon pour le service sur votre CV céleste. Ou pas. 

    Arrive enfin votre tour. Soigneusement récuré de toutes vos pensée, actes, et autres épiceries mauvaises, vous accédez à l'étape Bienvenue collègue, entre donc, le bar est à droite, la félicité à gauche (normal, quoi). Vous avez perdu tous souvenirs (forcément, sinon vous ne seriez pas entré), toutes pulsions (voir juste avant), en somme vous n'êtes plus rien. Vos copains, oubliés. Vos amours, aussi. Vous êtes comme le bébé à peine né, qui n'a pas encore même via maman touché sexe, alcool, autres drogues, sons, atmosphères... la page blanche, quoi. Sinon, pas la peine, vous avez des références, des addictions, des détestations, voire des allergies. Parmi les milliards de vos collègues vous ne reconnaissez personne. Même pas le taulier du coin forcément, celui au nom duquel on vous a catalogué dans une certaine religion. Religion vient de religare, relier.  Pas de pot, là y'a pas de réseau.  Vous êtes seul face à l'univers déifié, sans mémoire, sans clef USB, sans rien. L'horreur.

    Je ne parle même pas de quelques interpréteurs farfelus du Prophète qui vous ont assuré (j'imagine que vous soyez une femme) de l'usage exclusif de 80 vierges pour une période indéterminée.  Ou, selon d'autres canons, d'autres trucs bizarres.

    C'est facile : on vous assure en somme qu'après votre mort vous aurez sans effort (sans corps on n'influe pas sur la matière réelle) tout ce que vivant vous n'avez pas pu obtenir malgré vos efforts désespérés à obtenir le mieux possible pour vous et vos descendants. Y'a un truc, non ?

    Ben dites donc, ce ne serait pas plus simple, plus rationnel de se consoler en ayant chevillé au corps la conviction que, quand l'enveloppe est en panne, ce machin-là référencé 6Vhkkkb8000youpee en revient à ses fondamentales moléculaires, et sert à féconder les générations suivantes par lombrics interposés ?

    Bienvenue dans la réalité déparadisiée, camarade humain !

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