• mardi 1 février 2011




    Il faut avoir une idée de ce que voulait dire, il y a plus de 50 ans maintenant, "aller en Sixième". Seuls quelques-uns, ceux qui avaient les meilleures notes, pouvaient espérer sauter le pas. Les autres continuaient après le Cours Moyen, à suivre ce qu'on appelait le Cours Supérieur pendant trois ans, jusqu'au légendaire Certificat d'Études Primaires. Dans le cas le plus simple les gamins se retrouvaient au Cours Complémentaire, au chef-lieu de canton, pour quatre ans. Un car de ramassage faisait donc le tour de toutes les communes, une douzaine, qui le composaient.

    Pour ceux, nettement moins nombreux encore, qui "optaient" (comme si on leur demandait leur avis) pour "l'école libre" (traduisez confessionnelle, qui de toute façon dans ma région n'existait pas en Primaire), il fallait aller jusqu'à la ville, en l'occurrence le chef-lieu du département (mazeeeette). Vingt kilomètres, le bout du monde, quoi, pour des enfants qui ne connaissaient au mieux leur environnement qu'à sept ou huit kilomètres de rayon, ce qu'on peut faire en vélo.

    Ce fut pour mes parents, qui ne démordaient pas de leur "école libre", l'occasion d'acheter leur première voiture, une 4CV d'occasion. Ce fut pour moi, à qui il fallait toutes les chances de mon côté, l'occasion de découvrir l'anglais chez une fille qui en connaissait un peu plus, et qui m'a fait des cours pendant toutes les "grandes vacances" deux fois par semaine. Je dus aussi, sur le conseil appuyé du directeur en soutane du futur collège, m'astreindre à des pages et des pages d'écriture, que dis-je, de calligraphie, en anglaise droite, seule façon d'écrire correctement selon ses dires.

    Pendant ce temps-là, tout le "trousseau" imposé fut avec minutie étiqueté avec mon nom en toutes lettres, par ma mère qui souvent râlait à ce propos. Il y en avait, des pièces obligatoires !

    Arriva le jour de l'emménagement. Arrivée dans ce vieux collège froid et encore désert (il était tôt). Les rares parents déjà arrivés montrèrent à des parents plutôt désorientés les différents endroits où aller, la "salle des chaussures" aux relents indélébiles, le dortoir immense avec les lits tout petits (quelque chose comme 140x70) alternant avec de petits meubles à vêtements, le réfectoire aux noms déjà indiqués sur une pancarte, par tables de 6...

    Tout ce chambardement terminé, il ne resta plus qu'à prendre congé, avec des au revoir un peu mouillés. Direction la cour de récréation, où déjà je portais la tenue obligatoire, la grande blouse grise si gaie et si sympathique. Tout le monde se regardait avec curiosité, sachant que les habitués arrivaient plus tard.

    C'est ainsi que je me suis retrouvé en pension. Tout était minuté par la sonnerie déclenchée par la grande horloge électrique. Tous les matins à 6h30, c'était le réveil et la toilette, à 7 heures la descente en étude jusqu'à 7h30 : direction la messe. A 8 heures, c'était le petit déjeuner, puis la récréation. 8h30, les cours commençaient jusqu'à midi, avec une pause d'un quart d'heure. Dès le déjeuner fini, c'était le retour en étude pour encore une heure. Une demi-heure de récréation faisait la coupure, jusqu'à la fin des cours à 17h. Encore une "récré" d'une demi-heure, et c'était la "grande étude" jusqu'à 19h. Le repas du soir terminé, soit on repartait en étude, soit une fois par semaine (le jeudi) c'était le retour à la chapelle (du couvent?) pour les Complies. Puis à 21 heures, après une brève toilette, c'était l'extinction des feux. Été comme hiver.

    Le samedi était un jour comme les autres. Le jeudi (pas le mercredi), après les cours du matin et le déjeuner, certains profitaient d'une brève sortie avec les parents qui pouvaient venir. A 17h 30 il fallait être rentré. Il y avait aussi la possibilité d'une sortie pour le dimanche, après 17 heures le samedi, avec rentrée là aussi pour 17h 30 le dimanche.

    Ceux qui ne partaient pas avec leurs parents avaient "droit" à aller jouer au football le jeudi après-midi, sur un stade assez proche. Je détestais le "foot". Je préférais me geler sur le bord du terrain. Je n'étais pas le seul. Le dimanche, c'était le matin la grand-messe, et l'après-midi la promenade. Elle nous emmenait un peu n'importe où. Parfois on atterrissait au stade de foot où des "grands" jouaient "pour de bon". L'équipe locale était selon les années en première ou seconde division amateur. Il arrivait aussi que nos pas nous portassent au stade de Rugby : c'était déjà plus amusant. Mais bah ! je n'ai jamais été sportif.

    Quand on sortait le dimanche, il fallait enfiler l'uniforme : costume bleu, chaussures noires type "richelieu". Parfois on croisait le troupeau des filles, d'un autre collège-lycée voisin, en bleu elles aussi avec une sorte de... bouse ? bleue sur la tête. Gloussements de part et d'autre. Mais attention ! Pas trop fort, sinon on rentrait directement au pas cadencé à l'étude !

    Une fois par an, c'était la fête, les Portes Ouvertes. Stands débiles, musique... on connaît la chanson ! Nous étions tous ce jour-là en culotte courte, chemise blanche, petit ruban bleu noué en guise de cravate. Cette fête permettait de financer des améliorations, comme la télévision qui est apparue un jour, vers la fin de mon "séjour". Le matin, comme c'était en mai, le collège entier défilait en ville, par rangs de trois espacés de deux mètres en largeur et en profondeur, au pas cadencé. Un petit orchestre placé en tête, que les méandres des rues ne permettaient pas toujours d'entendre, donnait la mesure comme il le pouvait. Heureusement, les voitures étaient encore assez rares.

    Je ne garde pas du tout un souvenir ému de mes quatre ans chez les "frères Quat'Bras", comme on les appelait. C'est au contraire pour une sorte de catharsis que je rapporte ici ces quelques souvenirs. Brrrr...

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  • mardi 18 janvier 2011




    Il n'y avait pas que la dureté de la vie autrefois. Quand j'avais une quinzaine d'années, il m'arrivait d'aller à la pêche. La veille, j'allais au tas de blé prévu pour le réensemencement de l'automne, et j'y prélevais une petite, ô bien petite poignée de grain. Je la mettais à bouillir doucement dans une petite casserole, avec de la menthe. Pendant ce temps-là, je préparais mon vélo avec plusieurs lignes différentes à utiliser selon les états de l'eau, et puis mes deux cannes à pêche. Le blé cuit allait au frigo en attendant le lendemain. Comme on ne sait jamais quelle météo on va trouver, j'y joignais un imperméable, et un chapeau de paille.


    Le lendemain, le réveil sonnait très tôt, à quatre heures en général, ce qui ferait trois heures aujourd'hui, heure d'été. Je prenais mon vélo, prêt de la veille, bien avant le lever du soleil, je faisais deux ou trois kilomètres, en m'enfonçant dans le « marais mouillé », ce labyrinthe de petites « conches », de « rigoles » (chaque largeur de fossé ou de canal avait un nom différent), de petits chemins dont beaucoup étaient sans issue et aboutissaient justement à une rigole.


    Après un certain coude du chemin, je descendais de vélo, ouvrais une assez symbolique barrière avec des barbelés, refermais derrière moi pour le cas où le terrain où je m'aventurais était peuplé de bétail. Je traversais ce terrain, herbu, odorant, entouré de peupliers bruissants et frémissants sous la brise nocturne. Il ne faisait pas vraiment chaud à cette heure-là, dans un milieu toujours humide. J'arrivais sur le bord opposé du pré, bordé de frênes têtards qui plongeaient une partie de leurs racines directement dans l'eau de la rigole. Je vérifiais l'état de celle-ci. Souvent l'eau était claire, mais il arrivait que des lentilles d'eau fassent une couche vert clair à la surface : il fallait prévoir les lignes lestées, avec beaucoup de plombs et des bouchons plus gros. Je déballais sans bruit mon matériel, plantais mes supports de lignes, assujettissais des grains de blé décortiqués au bout des lignes grâce à une petite lampe à pile, étendais les lignes, et mon bouchon était à l'eau alors que l'est commençait à peine à s'éclaircir (en été bien sûr).


    J'attendais, immobile. Les oiseaux commençaient leur chant matinal, voletaient d'arbre en arbre. Le ciel blanchissait en face de moi à travers les rideaux successifs d'arbres. Je commençais à voir mes bouchons blancs sur le noir de l'eau, ou le vert des lentilles. Souvent, c'est là que commençaient les prises. Les poissons allaient sans doute en quête d'un petit déjeuner. Gardons, tanches, ablettes parfois venaient goûter mes grains de blé. Je les mettais dès la prise dans un panier métallique plongé dans l'eau, et accroché à la berge. Parfois je ne prenais rien. Mais cela n'avait pas d'importance, car cette ambiance suffisait au bonheur. Le soleil continuait à monter, j'en profitais pour me découvrir. Les insectes reprenaient leurs ballets, nombreux papillons dont un bleu qui n'existe nulle part ailleurs, facétieuses libellules qui se posaient sur mon bouchon parfois, abeilles affairées. Si des veaux étaient présents, ils venaient me flairer parfois. La matinée s'avançait ainsi. Les senteurs de menthe sauvage et de beaucoup d'autres herbes aromatiques emplissaient l'air avec l'arrivée de la chaleur.


    Je rentrais vers midi dans un nuage d'insectes, de papillons, de libellules... Je repliais tout, reprenais le vélo, parfois un oiseau effrayé s'envolait à mon approche. C'est ainsi qu'un jour, j'ai vu passer juste au-dessus de moi un magnifique faisan tout effrayé, dans le petit chemin entouré de grands arbres. Un froissement dans les feuilles : les plombs. Un coup de fusil. Le chasseur ne m'avait pas vu. Heureusement, il ne m'a pas eu, le faisan non plus. C'est pourtant si beau, un faisan !

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  • mercredi 12 janvier 2011



    « All' ont ben changé, les affaires, oui dame, dans nos coins pardus.
    Si nos défunts grands-pères retourniont, le s'y reconneuteriont pus. »

    Yves Rabault, poète patoisant, Barde poitevin, que j'ai bien connu, avait écrit ce petit sketch il y a pas loin de cinquante ans. Je me souviens mal de la suite, dommage !

    Il y a peu, j'ai eu enfin la chance de revenir sur les lieux de mon enfance. C'était l'époque où la télévision n'existait pas, où l'eau venait du puits de chaque maison. Il fallait pomper, avec la pompe à balancier. Chaque matin, le premier travail en hiver consistait en l'allumage du feu, dans la grande cheminée. Keuff ! Keuff ! Keuff ! Au départ, cela fumait, toute la maison était imprégnée de cette odeur, au fil du temps.

    Pour se déplacer, à part de bonnes chaussures ou un vélo soigneusement révisé, la seule façon de se déplacer était le char à bancs, attelé sur le petit cheval de la ferme. Par temps de pluie, on relevait la capote, qui ne protégeait guère quand le vent poussait les gouttes presque à l'horizontale. Mais n'y avait-il pas le « grand parapuie biu », cette immense ombrelle bleu charrette dont les « baleines » étaient vraiment taillées dans des fanons de baleine ?

    Tout le monde connaissait tout le monde, dans le village et les autres communes environnantes. On ne se déplaçait pas, les mariages (obligatoires) se concluaient entre voisins, à quelques kilomètres à la ronde. Tout le monde était un peu le cousin de tout le monde. Et si par hasard il fallait aller plus loin, n'y avait-il pas le petit train à voie étroite, qui rejoignait la « grande ligne » à une dizaine de kilomètres ? Si l'on était un peu en retard, il suffisait de courir : un peu plus loin que la gare veillait la « côte de la beurrerie », qui obligeait la poussive locomotive à rouler presque au pas. Qui perdait son chapeau (tout le monde était couvert) en raison du vent descendait en marche, et remontait un peu plus loin, le galurin vissé sur le crâne. Hasard des correspondances, pour faire les vingt kilomètres aller et autant au retour vers la préfecture, il fallait prévoir une nuit d'hôtel. Autant aller à pied...

    Dans cette fameuse « beurrerie » était traité le lait de la commune. Quelques ouvriers s'en occupaient, l'un d'eux allait collecter le lait chez les habitants. Avec sa carriole à cheval, il s'arrêtait à chaque ferme. Le précieux liquide avait été transvasé du seau de traite dans d'autres seaux plus grands, en aluminium épais. Le laitier versait le contenu de ces récipients dans de grands bidons, après avoir mesuré la quantité fournie avec son décalitre. Oui, cela faisait beaucoup de transvasements. Mais le beurre qui en résultait était excellent, il avait même obtenu la médaille d'or au salon de l'agriculture de Paris, en 1902. Comme il était vivant jusqu'au bout, il se défendait très bien contre les agressions microbiennes, à la différence du lait industriel qui est tué tout de suite.

    Le temps n'avait pas la même valeur qu'aujourd'hui. Plus jeune, mon grand-père n'hésitait pas, une fois par an, à prendre à pied le chemin d'un village éloigné, à une trentaine de kilomètres, pour la foire aux bestiaux. Il partait très tôt, bien avant le lever du soleil. A la nuit tombée, il était revenu. Les journées étaient longues, dès six heures c'était la traite du matin, et on ne se couchait guère avant vingt-trois heures. Sieste recommandée.

    Aujourd'hui, les lieux n'ont pas tellement changé. La petite ferme où je suis né, ainsi que ma grand-mère, son propre père le menuisier-charpentier, et ainsi de suite, abrite aujourd'hui de jeunes artistes qui font des cours de dessin, de peinture. Cela s'appelle « Le balet des Arts ». Avec un seul L, c'est le mot local pour un hangar. Les volets ont tous été repeints au fameux « bleu charrette » célébré par une autre maison placée au bord de la Sèvre, que l'on retrouve sur tant de dépliants touristiques.

    Juste à côté de la maison, une fuye se dresse toujours là, restaurée à l'initiative de l'ancienne députée du coin (SR) : elle n'abrite plus de pigeons « fuyants » (sauvages) depuis longtemps. Maintenant, elle se visite librement, mais autrefois elle appartenait à la vieille voisine de l'autre côté de la rue, une rentière qui n'avait jamais travaillé, qui avait appris le maintien, la broderie, toutes ces choses si importantes auxquelles s'adonnaient les jeunes filles « de bonne famille » de la fin du XIXe siècle.
    Cette vieille dame, chez qui j'étais toujours très bien accueilli par elle, et sa servante à tout faire, habitait une demeure typique des grandes fermes saintongeaises. C'est entouré de grands murs, on aperçoit difficilement le corps principal du bâtiment. Les ouvertures très chiches côté rue sont compensées par celles, bien plus abondantes, du côté jardin. Pendant que la maîtresse lisait son journal, passait avec délicatesse un chiffon sur les meubles et les bibelots, priait, recevait des « personnalités », élus locaux, notables, même un sénateur, la servante gérait l'immense jardin potager, celui d'agrément avec ses pelouses et ses allées, le poulailler, les lapins, faisait la cuisine, cirait les escaliers (une savonnette), ne s'arrêtait presque jamais. C'était presque l'autarcie. Dans une dépendance, l'alambic dont une partie avait été confisquée par les allemands pour son cuivre, était de la taille de ses cousins d'un petit peu plus au sud, là où le vin local a le droit d'être transformé en Cognac. Sans doute la fortune des maîtres des lieux venait-elle de là.
    Même la lessive était une affaire importante, et peu fréquente. Le linge et la literie étaient enfournés dans de grandes « ponnes » de pierre, des récipients de plus d'un mètre de large, sous lesquelles on allumait du feu. En guise de lessive, c'est de la cendre qui était ajoutée au linge. Une fois la « cuisson » terminée, le tissu lourd et trempé était sommairement tordu, puis déposé sur une brouette en direction du lavoir le plus proche. Mon village, pourtant bien petit, en comptait quatre, qui ont été récemment restaurés comme la fuye. Les femmes, qui ne manquaient pas de muscles, s'y déplaçaient, et pièce par pièce plongeaient leur chargement dans l'eau souvent glacée, puis le battaient comme les lavandières de partout afin de le rincer. De retour chez elles, elles l'étendaient pendant des jours. Le tissu des draps, souvent de fabrication locale, était généralement très lourd, très épais et très rêche. Elles l'avaient filé à la veillée avec leur rouet, et des tisserands installés dans des moulins à eau transformaient ce fil, de laine, de chanvre, en toile.
    Dernier point remarquable, près du vieux château féodal qui autrefois prévenait les incursions des Vikings, quand la mer arrivait pratiquement jusque-là, le port était un point de passage obligé pour les paysans allant chercher du bois dans les marais. Des bestiaux empruntaient les « batais » comme les humains, mais plus grands, pour changer de pré. Des chasseurs aussi avaient leur petit « six pieds » pour le gibier d'eau. C'était, si l'on se réfère à des photos dont je ne sais pas ce qu'elle sont devenues, des allées et venues continuelles. Ces photos avaient été prises par mon arrière-grand-père, à une période où peu de gens pratiquaient ce loisir.
    J'ai pratiquement connu tout cela. Peut-on seulement imaginer combien les conditions de vie ont évolué depuis ?

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  • trancheesL'Histoire se répète-t-elle ? Les conflits du monde semblent toujours être le terrain de jeu de "hauts" personnages qui envoient au casse-pipe des hommes jeunes, des quasi-adolescents innocents et effrayés. C'est au point qu'avant les attaques (selon ce que mon grand-père m'avait raconté à propos de la guerre de 1914-1918) les officiers faisaient distribuer à volonté de l'eau-de-vie manifestement trafiquée avec une drogue quelconque à leurs subordonnés. Le jeune transi de peur se transformait en machine de guerre, le temps qu'il fallait pour qu'il emporte dans sa propre destruction celle de ses "ennemis", braves paysans du Mecklembourg ou de Poméranie dopés de la même façon. Quel gâchis !

    Qu'il doit être difficile, d'être d'un côté de la barrière que dressent entre eux les humains ! Difficile, parce qu'en étant honnête avec soi-même on aperçoit que les postures roides et pseudo-héroïques côtoient chez les mêmes hommes les lâchetés ordinaires et les combats amour-haine continuels. Toujours dans le même souci d'honnêteté, on découvre chez "l'adversaire" les mêmes ambivalences, au point de douter, de ne plus savoir, de se poser la question de savoir si ce n'est pas "le grand résistant" qui trahit le plus, empêchant par son intransigeance maladive une réconciliation entre humains profondément humains.

    Ceci dit, au temps béni de Madame Thatcher l'ennemi était bien reconnaissable : c'était elle personnellement, ennemie du genre humain tout entier dans sa morgue détestable. Les personnages d'État doivent être, dans leur grande majorité, des malades. Ce fut reconnu pour Hitler, comme pour le féroce Staline. Rappelons-nous des Borgia, tout autant que de l'intraitable William Pitt qu'obsédait la réussite de Napoléon. Heureusement, des humains lucides ont su tourner en dérision ces va-t-en-guerre peu soucieux de la vie d'autrui, comme Christian-Jaque dans son film "Fanfan la Tulipe".

    hillary-clinton
    Malheureusement, les guerres continuent, aussi absurdes et meurtrières qu'autrefois. Au nom d'une logique dite "économique" pas même assumée officiellement (les cauteleux propagandistes osent sortir les mots "humanitaire", ou "protection" pour faire avaliser les pires crimes), des "responsables" comme Blair ou d'autres imposent la destruction de pays entiers, l'Irak, la Libye par exemple. N'y a-t-il pas un côté hystérique, à vouloir tant faire le mal, en rejetant toute la responsabilité sur la victime ? Le spectacle de l'actuel Secrétaire d'État US, à la nouvelle de l'assassinat de son "ennemi" Mouammar Kadhafi, donne froid dans le dos.

    Plus que jamais, il est évident que les "Grands De Ce Monde" (encore des majuscules, peut-être?) ne sont que des personnes auxquelles manque un équilibre, qu'elles compensent par un sens théâtral souvent reconnu aux sociopathes. Le sont-elle ? Pas forcément, mais un entourage défavorable les a contaminées au point d'en adopter les rites et les comportements.

    Comment sortir de cette ornière menant l'humanité entière à sa perte ? Sans doute faudra-t-il qu'un mouvement mondial dépossède du pouvoir ces personnages maléfiques. Pour autant, il ne faudra pas que d'autres personnages prennent la relève, ce qui ne servirait à rien : le Pouvoir devra rester à tous et à personne, dans une démarche éminemment collective et salutaire. Mais il s'agit là d'une démarche totalement révolutionnaire, en son essence même ? Bien sûr. Cela demandera de la part de tous et de chacun une prise de conscience aiguë de sa propre responsabilité sur l'avenir. Cela demandera de véritables efforts de la part de tous. Grandeur, et servitude. Ou la mort, dans un conflit ultime orchestré par les irresponsables "responsables", ceux qui se disent toujours "pas coupables". Facile.

    L'Humanité a le choix, si elle le veut. Si elle n'a pas de volonté, ce sera le néant. Elle aura le sort qu'elle mérite. Il faut que chacun en soit bien conscient. Non, il n'y aura pas de Deus ex Machina, de SuperHéros qui viendront faire le boulot à notre place. Nous serons tous des héros, ou tous inclus dans le Zéro ultime.


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  • Ruy Blas"Bon appétit, Messieurs !"
    En trois petits mots Ruy Blas a tout résumé. La ploutocratie fait rage, et étend ses tentacules bien au-delà des acteurs visibles. Les chacals sont là, bien là, enivrés de leurs propres fumets, et peu importe l'étiquette qui orne leur oreille. Elle est de toute façon délavée par le vent de leurs mots vides, et la pluie de prébendes qui les rassure.

    "Bon appétit, Messieurs !"
    Il est temps de faire place nette, de lessiver leurs excrétions, de ramener le peuple au centre, là d'où il n'aurait jamais dû être chassé. Tous ces politiciens, ces économistes, ces vomisseurs de sondages, ces gratte-papiers qui s'enorgueillissent de leur carte de journaliste en ayant oublié le fond de leur métier, qui est de chercher ce que les autres veulent cacher, toute cette meute inutile, futile, accapareuse, devrait rejoindre dans l'oubli les actionnaires qui n'actionnent que la misère, et les administrateurs qui ne savent que s'administrer des jetons de présence royaux.

    "Bon appétit, Messieurs !"
    D'une extrême droite s'étendant au-delà d'un FN quasi assagi, à une pseudo-gauche renommée socialiste, sans doute par dérision, l'éventail est large de ces personnages dont il ne faut attendre que larmes, misère, pollution, empoisonnement de la nourriture, de l'eau, de l'air, de la terre, des relations entre humains (au nom du MANAGEMENT, Madame). Qu'attendent nos frères humains pour s'Indigner tous ensemble, par millions, partout ? Et pour se soulever ensemble, aussi, afin de remettre à zéro les relations humaines, et de reprendre tout simplement à vivre ensemble, pour le bien de tous (mais pas les biens, qui appartiennent à tous).

    Souvenons-nous du proverbe amérindien, plus d'actualité que jamais :
    "La Terre ne nous appartient pas, ce sont nous enfants qui nous la prêtent"

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  • Il ne faut pas confondre.

    Europe physique
    Vous avez "l'Europe", ensemble complexe, aux climats, aux langues, aux cultures très variés, mais conscient de vivre sur un même petit continent.

    Et puis vous avez "cette Europe-là", celle du traité de Lisbonne conclu sans les peuples, contre les peuples,  clivage horizontal entre des patrons politiques, industriels, de presse, de finance, de religions mêmes, et ceux en-dessous à qui on ne demande rien, que de "s'écraser". Le truc, bien entendu, est de jouer une unité de façade entre les "grands", et de susciter un maximum d'animosités entre ceux "du bas" pour qu'ils perdent leur énergie entre eux, en oubliant qui profite de ces chamailleries.

    Cette Europe-là, celle qui a son siège (signe amusant) dans la capitale d'un pays désorganisé par des querelles intestines, mais qui fonctionne malgré tout, cette Europe-là ne peut avoir l'aval des personnes, des citoyens qui la composent. Ce n'est qu'un montage financier dont certains retirent les bénéfices, comme en bourse. On ne peut rêver pire chose.

    Il a même été dit que Robert Schuman et Jean Monnet n'étaient que des agents d'un lobby US soucieux d'agrandir son territoire financier. Après tout, seule l'économie trône dans ces instances, l'humain en est exclus. C'est un magnifique moyen de "faire de l'argent" pour des "monnayigarques" de la City ou de Wall Street, ou de la bourse de Chicago. Ce n'est aucunement un vrai projet d'avenir, comme peuvent en porter des citoyens du monde soucieux de l'avenir de tous.

    Pour vivre, il faut tuer "cette Europe" . Si les Grecs œuvrent à la mettre à bas, nul doute qu'il faudra les appuyer au maximum, partout, en bloquant l'économie par exemple. Ce sera la meilleure arme contre ceux qui vivent par effet de levier financier sur cette économie. Il ne sera même pas difficile de les chasser physiquement : ils sont plus souvent en avion que sur le sol. Il suffira de les empêcher d'atterrir. Ce sont techniquement des apatrides.

    Un dernier détail : la Grande-Bretagne joue toujours le jeu US, quand elle n'est pas le chef de file (voir Blair). Il faudra s'en souvenir le jour de la création d'une vraie Europe des citoyens. Elle s'en est exclue définitivement d'elle-même.

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  • Je lisais ce matin une tribune d'Archibald Emorej, "La saison des manifestations commence : prends ta carte, ou pas".

    Quelle fougue ! Dommage que cela ne résolve rien. Si drapeau il faut, noir il sera. Pour tuer le $Y$TEM, il faut tuer le profit. Tuer la finance. Mettre hors d’état de nuire ceux qui en vivent. Reprendre de vieilles habitudes, plus rudes, mais plus efficaces. Oublier le magnifique écran plat, porteur d’aliénation. Oublier la voiture pour chacun, retrouver les trajets en commun. Retrouver le produire local, penser global. Retrouver une certaine vie qui avait son charme, celle d’avant le banquier Pompidou. Souvenez-vous : chacun gagnait peu, mais chacun avait un travail, qu’il accomplissait avec le souci de "la belle ouvrage". On ne connaissait pas la pollution, hormis le carbone des fumées d’usines. Celles d’aujourd’hui se voient moins, mais elles tuent.

    drapeau noirMais c’est un éloge de la décroissance ? D’une certaine façon, oui, bien qu’elle vienne naturellement, en une sorte de couronnement naturel d’une évolution, ou plutôt d’une révolution vers un respect retrouvé. Respect de soi, des autres, de l’emploi qui grandit au lieu d’aliéner. Utopique ? Si chacun est conscient de l’enjeu, pas forcément.

    Il faut être conscient que les Maîtres du Monde pratiquent, sans le dire, un malthusianisme forcené. La galette ne grandit plus ? Diminuons le nombre de parts. Pour eux, nous ne sommes que quelques milliards de trop. Un détail. Alors, ils prennent les moyens de la réduction des effectifs. Et s’il le faut, ils créeront une "belle petite guerre" un peu plus méchante que celle de 39-45, qui soit au hasard cent fois plus efficace. Les moyens pour y parvenir, ils les ont. Ne reste qu’à trouver le bon moment, le bon prétexte. Pas de souci, si nous les laissons faire c’est pour bientôt.

    Nous avons le choix : pratiquer un virage spectaculaire, mais qui sera payant pour la grande majorité, ou laisser faire, et c’est cette grande majorité qui sera éliminée, ou encore plus assujettie. Ah oui, un détail : bien entendu les solutions proposées ici vont bien au-delà des projets du Front de gauche, plombé par un appareil communiste dépassé depuis longtemps.

    Le drapeau noir flotte sur la marmite !

    Mais ce n'est pas avec des manifestations pépères, encadrées, aseptisées, qu'avanceront les choses. Au contraire, c'est un bon moyen pour démobiliser les frustrés, les brimés, les révoltés, les néantisés du système. Est-ce fortuit ? Certainement pas. Nous l'avons dénoncé plus tôt : les syndicats sont partie prenante dans l'assagissement de nos concitoyens, malgré les malheurs qui les frappent, et la précarité qui les étouffe. Les permanents ont leur place bien assise, et ceux qui marchent droit n'ont rien à craindre de leurs employeurs. Pour ceux qui prennent leur rôle à cœur, c'est autre chose ! On l'a vu pour Gérard Filoche, qui malgré sa victoire au bout de cinq ans de procédures diverses peut craindre encore un Appel défavorable, pour avoir simplement fait son devoir dans le cadre de son travail. On l'a vu pour un médecin des prisons, pour des policiers qui ont dénoncé des abus, pour des scientifiques qui"l'ouvraient".

    Renverser la vapeur sera difficile. Pour notre simple survie, ce sera pourtant indispensable. C'est un travail à long terme, dont il faut espérer que nos descendants bénéficieront, comme avant la reprise en main par les banquiers il y a une quarantaine d'années une échappée s'était produite. Pourvu que la suivante (car il faut vraiment en espérer l'existence) soit durable !

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  • A 25 ans trop jeune, à 35 ans trop vieux, à 30 ans manquant d'expérience, à 40 ans en ayant trop, le chercheur d'emploi a toujours tout faux.
    linternationale

    Du haut de leur mansuétude, les multinationales du Profit leur laissent tomber de temps en temps un boulot, le plus précaire et inhumain possible, avec des horaires qui empêchent toute concertation entre ces travailleurs en miettes.


    Et pour les rares qui trouvent un CDI (malgré tout, il en existe encore), la hiérarchie fait tout ce qu'elle peut pour les dégoûter, afin qu'ils partent d'eux-mêmes, et laissent la place à un autre. La culture d'entreprise, l'esprit de corps, la solidarité sont balayés au nom d'un hypothétique profit pour les actionnaires. "Les chefs" participent à leur corps défendant, ou pas, à une course absurde à la nihilisation de l'efficacité, avec pour prétexte justement une plus grande efficacité. La culture du management est celle de l'absurde. Jarry s'en délecterait, Breton, Courteline également : c'est dire le niveau de bêtise auquel nous en arrivons maintenant.



    Quel est le plus à plaindre : l'employé-ouvrier esclave, robot au service d'un $Y$TEM qui le tue, ou celui qui recherche désespérément ce genre d'emploi "pour vivre" ?



    Quant aux preneurs d'otage, aux armes le plus souvent fictives, ils sont simplement un tout petit peu plus désespérés que les autres. C'est alors que certains s'immolent en public, en criant "C'est pour vous !". Violence suprême, que les manieurs de langages, fussent-ils ministres, esquivent d'un haussement d'épaule.

    "Ses yeux avaient pris la couleur de la terre. C'est pourquoi Johan Moritz fut admis à l'infirmerie du camp"
    (Georgiu, "La Vingt-Cinquième Heure")

    La coque était puante et noire
     Les gardiens comme des loups
     Tant de misère, de désespoir
     Avaient de quoi vous rendre fou
     Avaient de quoi vous rendre fou
    (Greame Allwright, "La Ligne Holworth") 

    La vingt-cinquième heure, celle où il n'y a plus d'espoir, est-elle donc arrivée ? L'humanité en arrive-t-elle à sa chute, sous son propre poids de maltraitances inter-individus que l'on n'observe nulle part ailleurs dans le monde animal ? Ou ces manifestations d'Indignés, partout dans le monde, sont-elles les ferments d'une nouvelle donne, ferments d'autant plus efficaces qu'ils ne sont pas (ou pas encore) contrôlés par les alliés et suppôts du $Y$TEM que sont politiciens, syndicalistes, ONG au financement interlope ?

    " Debout, les damnés de la terre ! ! ! "

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  • Il y a une nécessaire solidarité qui va de pair avec l'anarchie. Celle-ci est une sorte de retour aux temps anciens où tout le monde était partie prenante à égalité pour chercher la nourriture, pour se défendre, pour vivre en somme. En étaient exempts, naturellement, les très jeunes enfants, et les vieillards de 40 ou 50 ans, beaucoup plus rares, mais qui étaient la mémoire vivante de la tribu.

    roi en casamanceA mon avis, l'autorité est née surtout de la religiosité qu'ont beaucoup de gens au fond d'eux-mêmes. Aux premiers temps des humains, certains étaient nécessairement appelés à veiller sur le campement, ou sur la caverne, la nuit. Du fait du décalage horaire, il est logique que ce soient toujours les mêmes qui aient eu cette tâche. Quand il faisait beau, ce sont eux qui ont eu le temps de réfléchir à la rotation apparente des étoiles, à la place cyclique de la lune sur une période de 28 jours, et même sans l'écriture certains ont très probablement noté grossièrement, avec des codes à eux, ces constantes et ces variables.

    De là, naturellement ils se sont mis à prédire tel ou tel phénomène atmosphérique, comme les saisons, et sont devenus des mages, des érudits respectés. C'est de ces modestes scientifiques, qui entouraient très probablement leurs prédictions d'un certain "mystère", qu'est venu l'ascendant des "religieux", ceux qui relient avec la voûte céleste. Et de là aussi est venue petit à petit la hiérarchie. Parallèlement, les meilleurs à la chasse et au combat contre d'autres communautés sont devenus les chefs. La conjugaison des deux, le "religieux" et le "chef", est devenue "le roi", oit et sacralisé, meneur de la bataille sous la protection des dieux. Et leveur d'impôts pour satisfaire "sa cour" de conseillers, de lèche-bottes et de bateleurs, danseurs, houris, etc....

    C'est de cette lointaine tradition toujours en vigueur sous une autre forme qu'il faut se libérer. Pas loin de cinquante siècles dont il faut se libérer, sous peine de mort de la planète tout entière, ouch...

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