• THOR — THUNES

    THOR — THUNES

    En ces temps-là, notre terre Gaïa avait été investie, grâce à de nombreuses traîtrises, par des accapareurs dont le chef s'appelait Tyde Avide. Ils étaient particulièrement prodigues en paroles mielleuses (c'est bien uniquement dans ce genre de monnaie qu'ils étaient prodigues). Ils avaient fait en sorte que presque tous les chefs de Gaïa leur soient soumis grâce de fallacieuses promesses.

    Dans de multiples points, souvent ronds, d'un vieil hexagone de terres disparates en leur diversité, mais unies par d'historiques adversités qui leur avaient fait ensemble lever le glaive de la grande résolution, quelques-uns des habitants bougons, râleurs, ripailleurs, truculents se réunissaient pour résister. Selon leurs habitudes, ils n'avaient pas de chefs mais des porte-paroles dont l'un des plus célèbres était nommé Gaule Ya.

    Leur spécialité était de communiquer entre eux de très loin, grâce aux ailes de leurs moulins, ceux qui leur servaient à fouler le lin et le chanvre, à écraser le grain de leur farine de Sarrazin, ou le sel de leur soupe. Leurs animaux fétiches étaient le coq, réveil-matin émérite et fier, et la chèvre rétive et révolutionnaire.

    Un jour Tyde Avide et ses conjurés réussirent à obtenir d'un géant du nom de Sam, expert en engins de mort plus ou moins subtils (et en rien d'autre, du reste) une sorte de poison auto-reproducteur. Celui-ci fut répandu en cadeau au cœur d'une autre communauté bien pacifique, née au bord de l'océan du même nom, à l'occasion d'un rassemblement amical de guerriers d'un peu toute la Terre. Les guerriers, après avoir évalué leurs forces comme à Olympie autrefois, repartirent avec leur cadeau empoisonné.

    Bien entendu le poison se répandit partout. Dans l'hexagone évoqué plus haut, c'est surtout à l'occasion d'un rassemblement de druides, sur les bords d'un fleuve nommé le Rhin, qu'explosa la bombe. Celui qui s'était auto-proclamé grand-chef de l'hexagone, soutenu par les représentants locaux de Tyde Avide, décida que bien sûr il ne fallait rien faire pour contrer le mal, au contraire il se dépêcha pour faire donner (contre quelques piastres sans doute) à d'autres communautés mondiales les moyens qui eussent pu contribuer à ce combat. Perdre des piastres à protéger les hexagonois, il n'en était pas question. En même temps bien entendu, il abreuvait ceux-ci de belles paroles et de vaines promesses. Il s'était adjoint un conseiller habile, très âgé, qui avait servi bien d'autres autoproclamés avec lui. Celui-ci, un Hun venu des steppes de l'Asie Centrale, ravageait périodiquement les contrées proches de l'océan des Atlantes.

    Le chef autoproclamé de l'hexagone, Mack O'Rond, pour encore mieux appesantir son emprise, ordonna à ses légions caparaçonnées de cuir et d'acier d'obliger tous les habitants à rester en prison dans leurs huttes. Finis les points de ralliement des opposants, finies les aides, bientôt finie la nourriture — finie aussi la pollution réelle ou factice, faute de mouvements — au point que tout le monde allait mourir sauf le chef, ravitaillé par des aigles venus d'au-delà un petit canal nommé la Manche. Il fallait réagir.

    Grâce aux mouvements des moulins, que le chef pouvait difficilement contrôler, peu à peu des liens se tissèrent, d'autant plus forts que les vies étaient en danger. Et puis un jour, alors que Mack O'Rond recevait la visite à dos d'aigle de Tyde Avide et Sam O'Bez, un groupe lâche dans son déploiement, mais pour une fois discipliné, auquel participait le porte-parole Gaule Ya (les conjurés avaient appelé ce mouvement hardi Opération Thor en souvenir d'un marteau vengeur), réussit à capturer les trois chefs de la Terre en même temps, malgré les légions dispersées dans l'hexagone. Depuis ces trois malfaisants sont conservés dans un coin secret, une citadelle de fer nommée Daucy. Ils n'en sortiront pas.

    Ce fut une grande fête dans tout Gaïa, désormais il n'y a plus d'accapareurs de piastres, la nouvelle façon de s'échanger des valeurs s'appela les Thunes, et les habiles fabricants de belles choses très demandées des Forts Thunés.

    En hommage aux talentueux auteurs d'un sketch bien connu, Nord-Sud.

    bab

     

     

     

     

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :