AFP le 15-10-2012 à 10h55 - Mis à jour à 20h21PARIS (AFP) - Jean-Marc Ayrault a immédiatement rappelé à l'ordre lundi le ministre de l'Education, Vincent Peillon, qui avait souhaité la veille un débat sur la dépénalisation du cannabis, déclenchant une levée de boucliers à droite mais aussi à gauche.
"Le Premier ministre et M. Peillon se sont parlé au téléphone ce matin (lundi), il n'y aura pas de dépénalisation du cannabis", a annoncé Matignon.
En déplacement près de Nantes, Jean-Marc Ayrault a ensuite enfoncé le clou. "Lorsqu'ils (les ministres) sont à la radio et la télévision, ils doivent défendre à la fois la politique de leur ministère et la politique du gouvernement, et rien d'autre", a-t-il lancé.
Dépénaliser le cannabis, "ce n'est pas la position ni du gouvernement, ni du président de la République et ça n'a pas changé", a insisté le chef du gouvernement.
Bien entendu, après un tel déni de démocratie, Jean-Marc Ayrault n'a plus qu'une seule position à prendre : démissionner.
Ce n'est pas le sujet le plus grave du moment, mais il est symptomatique de la façon de procéder de ces nouveaux responsables, qui s'entêtent à suivre la même voie que leurs prédécesseurs, après avoir, comme sur ce point-là, dit le contraire. C'est vrai à propos de la règle d'or, de l'Europe, en fait de tout ce qui a eu une réponse avant les élections. Nous avons maintenant le contrepied, et c'est bien ce qui était craint par les vrais partisans de la gauche.
Ce qui est terrible, c'est ce concept de "fermer la porte", de refuser le dialogue. C'est ce qu'on avait connu à propos du dossier Notre-Dames des Landes, délibérément biaisé par des manœuvres du genre "il est trop tôt pour en discuter", puis peu de temps après " Ah désolé, c''est trop tard, le dossier est clos". Est-ce là une posture de responsable ?
Ajoutons, sur ce sujet précis, que c'est une très mauvaise chose : cela oblige à utiliser les brigades antistupéfiants à perdre leur temps là-dessus, cela encourage les trafiquants à continuer, c'est une cause de violences dans les banlieues (mais cela aussi n'est-il pas volontaire ?), cela enlève des redevances versées via les buralistes, et pendant ce temps-là il n'y a même pas (volontairement sans doute) de vraies recherches sur les avantages et les inconvénients du produit. Les chercheurs ne peuvent même pas s'en procurer pour travailler dessus, puisque toute possession en est illégale. On en rirait.
Ayrault, démission.