• Cette phrase, Edward Snowden l'a prononcée hier dimanche dans un texte publié par le Spiegel. La veille il avait rencontré le député allemand Hans-Christian Stroebele. Le monde politique allemand est très remonté contre Washington, et contre la NSA qui a pendant trois ans au moins écouté et piraté les moyens de communications de Berlin.

    Berlin fut longtemps un élève appliqué des bonnes relations Europe-États-Unis. Il semble bien que cette sorte d'amitié soit désormais du passé. Comme la Grande-Bretagne de David Cameron semble prendre légèrement ses distances avec son grand frère, sous la pression du Parlement, c'est donc à notre pays qu'échoit désormais le rôle de caniche, voire de basset. Les citoyens de notre pays sont eux aussi copieusement écoutés par les grandes oreilles de Fort Meade, mais les protestations "du plus haut niveau" n'ont été que de pure forme. Qui ne dit mot consent, c'est bien connu quoique pas toujours exact.

    En tout cas, si la citation de Snowden se justifie parfaitement, son opposé est tout aussi exact. Celer sciemment la vérité, plus que cela, la détourner, la cacher sous des contre-vérités, est bien un crime. La plupart des politiciens ne s'en privent pourtant pas, c'est une sorte de sport entre eux, à qui sortira la plus grosse craque, le plus gros mensonge, selon l'adage de Goebbels "Plus c'est gros, plus çà passe".

    La politique devrait être un métier de seigneurs, irréprochables, et capables en cas de manquement à leur honneur de se faire hara kiri (même si c'est virtuel comme une simple retraite définitive). Rares sont ceux qui se sont pliés à cette sorte d'exigence. De plus, si l'un d'eux est pris la main dans la confiture, les protestations pour le défendre montent jusqu'au ciel : façon de se protéger mutuellement.

    Entrer en politique, en France comme à l'étranger, mais singulièrement dans notre pays, c'est donc pénétrer dans une confrérie où le meilleur a bien du mal à ne pas se salir. Comment sortir de ce système qui s'auto-perpétue ? Seul un bouleversement politique où le délégué ne serait plus que porteur d'un mandat strict, sans avantages particuliers, pourrait casser la machine, et du même coup rendre pleinement à ces délégués la dignité à laquelle normalement ils devraient avoir droit.

    Cela signifierait aussi que la protestation française ne serait pas seulement des mots arrachés "pour faire bien", mais un véritable coup de poing sur la table assorti de sanctions, car la dignité de président de la république est la conséquence de la dignité de chaque citoyen français.

    Comme ce n'est pas ainsi que les circonstances se sont déroulées, "l'Amérique", comme aime à s'appeler l'amas disparate de territoires entre le Rio Grande et les Grands Lacs, a gravement insulté, bafoué l'honneur de chaque citoyen français, et violé son intimité. Honte à cet agglomérat qui se prend pour "le Peuple Élu" et à son gouvernement, mais aussi honte à ceux que nous citoyens avons placés pour nous gouverner et nous représenter sur la scène internationale. La faute est partagée.

    Pour ce manque grave à ses devoirs, mais aussi pour bien d'autres actions qui ont émaillé à toute allure le début de son mandat, l'hôte de l'Élysée est invité expressément à démissionner, et à se retirer définitivement de la vie politique. Quelques-uns l'ont fait, pourquoi pas lui ?

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