• "Ils" sont partis. "Ils", ce sont ces gens qui veulent peser sur une disposition républicaine qui ne les concerne en rien; et qu'on appelle le mariage laïc. Destiné à codifier les rapports humains  à la structure sociale de la famille, le mariage laïc n'a aucun lien avec ces "ajouts" que sont, éventuellement et en principe sur le seul volontarisme des contractants, les mariages religieux.

    Dans les faits, rien n'est aussi simple que cette décision mutuelle de vivre sa vie ensemble. Sensée protéger jusqu'au bout cette vie commune, à laquelle se greffe "naturellement" la survenue d'enfants, elle peut s'interrompre par simple séparation de fait, comme par une formalisation plus grande nommée le divorce. Peuvent en résulter des re-mariages, ou de simples remises en commun de vies sans formalités particulières. Parmi les personnes qui se lient ainsi sont aussi, de fait, des citoyen(ne)s de sexes divers.  Jusqu'à présent, celles et ceux qui n'étaient pas "dans la norme"  (comme s'il pouvait y en avoir une)  n'avaient, et encore que depuis relativement peu de temps, que le PaCS pour assurer une cohésion "légale" de leur union. Les enfants qu'ils-elles avaient pu avoir "dans une vie antérieure" n'étaient administrativement liés qu'à une seule personne adulte, même si un(e) autre était venu(e) compléter le foyer. Les conditions de fait ne trouvaient aucune correspondance "de droit", puisque le PaCS n'est qu'un contrat entre DEUX personnes.

    Ajoutons que ce PaCS, de propos délibéré, présente moins de facettes positives que le projet initial ne le proposait. C'est l'un des rédacteurs de ce pré-projet qui m'en avait parlé il y a quelques années.  Des pans entiers en avaient été écartés, sous la pression d'élus de droite.

    C'est pourquoi certains parmi ceux qui se retrouvaient ainsi en porte-à-faux ont demandé une régularisation de l'existant - et non une création artificielle et contre nature d'un droit nouveau ne reposant sur aucun cas existant.

    Murés dans leurs certitudes dignes du XIXe siècle, les "calotins" et autres intégristes plus ou moins notoires se dressent aujourd'hui contre cette régularisation d'un état de fait. Ès qualités, je pense qu'ils n'ont tout simplement pas le droit de le faire, puisque cela heurte de plein fouet la séparation des Églises et de l'État il y a plus de cent six ans.  L'inique loi Debré fut déjà une faille qui aurait dû depuis être réparée.

    Il est heureux de noter que, parmi les élus et personnalités "de droite", donc plus favorables en général aux dispositions à caractère religieux, certains, par calcul ou non, ont préféré ne pas participer à cette tentative de division de la société. Il en est par exemple de François Fillon, mais aussi plus curieusement de Marine Le Pen.

    Rassurons-nous : ce genre de manifestation a généralement beaucoup de succès, les TGV et autres autobus à prix d'ami sont pris d'assaut sous l'égide des "bergers" locaux et régionaux, bien qu'aux dernières nouvelles seul parmi les hauts hiérarques l'archevêque de Lyon annonce son déplacement. Attendons-nous, comme l'ont supputé sans doute grâce aux réservations de moyens de transports les autorités, à entre 150 000 et 300 000 participants.

    Et si l'État les prenait au mot ? Et s'il décidait de n'autoriser le mariage civil à ... personne désormais ? Il lui suffirait de donner au PaCS certaines dispositions auxquelles il n'avait pas droit jusqu'à présent, afin de mieux l'équilibrer. Déjà, sans doute certains grogneraient à cette annonce. Mais l'essentiel ne serait pas là.

    Si les ministres du culte continuaient à célébrer des mariages religieux, ils tomberaient sous le coup du Code pénal, article 433-21.  Et cela, ce serait une mauvaise surprise. Plus de mariages religieux ? Des générations (!) de curés se retourneraient dans leurs tombes.

    Ne serait-ce pas une bonne idée ? Qu'en dirait Mgr Dupanloup ?



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