• Sur les blogs et ailleurs, les plus lucides n'hésitent pas à le dévoiler, l'écrire, le proclamer, le dénoncer : tout s'accélère, les très riches sont de plus en plus riches et de plus en plus vite ; les pauvres sont de plus en plus pauvres de plus en plus vite. Ils sont de plus en plus nombreux, y compris parmi ceux qui "ont la chance" d'avoir un boulot, tant celui-ci est trop souvent partiel, parcellaire, en miettes. Les très riches, grâce à leurs liquidités en augmentation, ont de plus en plus la possibilité de peser sur ceux qui, sur le devant de la scène, sont censés décider. Tous les moyens sont bons. Se déchaînent des campagnes de presse grâce à ces folles maîtresse non rentables (ôôô l'horreur) que sont les journaux "d'opinion", où seule celle du propriétaire a droit de cité. Se présentent des "conseillers" téléguidés, qui diffusent "la bonne parole" à des décideurs plutôt paresseux : comme c'est simple, quand d'autres vous proposent idées, arguments, réparties, "bons mots" pour retourner un auditoire... Des officines créées spécialement ne sont là que pour affûter tout l'arsenal de charme et de pressions amicales, puis plus pressantes, voire menaçantes si nécessaire. Rares sont les routiers de la politique irréprochables, donc les pressions font mouche presque toujours.

    Le capital joue donc là-dessus pour placer ses gens comme il faut, là où il faut, quitte à employer la violence si la persuasion s'est montrée inefficace. Le capital est à la fois un "bel" outil, une addiction terrible liée au Pouvoir qu'il procure et aux plaisirs qu'il permet de se prendre sans sourciller sur le coût. Ne seront-ce pas d'autres qui, en fin de compte, paieront ? Les lois fiscales, électorales, sur l'encadrement du travail, de la santé, sur les moyens de sûreté ne sont-elles pas écrites par les valets du Capital, votées par ses obligés et promulguées par des fantoches "fabriqués" dans l'opinion ?

    Patrice Lumumba
    Des solutions existeraient bien sûr, des solutions massivement alternatives prenant le contrepied de ce qui se fait aujourd'hui en toute impunité. Certains s'y sont même essayés, avec jusqu'à présent peu de résultats, quand ils n'avaient pas "un accident". Repensons à Sankara, Lumumba, Mossadegh, Allende, Kadhafi, aux doutes concernant Colucci ou Chavéz, etc... L'Establishment (mot anglais naturellement, vu le culte du Capital dans les pays anglo-saxons en particulier) est vraiment très fort, et bien entendu international.
    Dans notre pays, de ce fait, à part de belles phrases et des oppositions tonitruantes, la volonté de lancer "autre chose" n'avance guère. Les programmes sont pusillanimes, insuffisants, mièvres, sans grande portée : encore s'agit-il de programmes que les genzenplace qualifient de "gauche de la gauche", de révolutionnaires, afin d'effrayer qui aurait l'idée de s'y joindre. Seuls des philosophes vont avancer des solutions plus radicales, rejoints un peu plus récemment par des économistes ou des sociologues, voire sans doute des géographes reprenant la grande tradition d'Élisée Reclus. Cela reste bien académique, et qui va les lire à part des personnes déjà plus ouvertes et à moitié acquises ?


    Mais pourquoi, alors, ces philosophes ne cherchent-t-il pas simplement à anéantir le capitalisme, en proposant d'abolir ses deux fondements qui sont le profit et le pouvoir ? Et pour que ces deux chancres disparaissent à la fois, n’est-il pas souhaitable de mettre fin à la propriété privée ? Car le Pouvoir, c’est le Pouvoir sur quelqu’un : à partir du moment où la propriété privée est bannie, cela change même les bases de la société au niveau du couple, où souvent, trop souvent surgissent des relations de Pouvoir. Et au niveau du travail, qui est un acte contraint partiellement compensé par une monnaie censée donner les moyens de reconstituer... la force de travail.

    Un cercle vicieux en somme, qui se combine avec le cercle de la production qu’il faut écouler à tout prix afin de payer le renouvellement d'une partie (c'est vicieux) de la force de travail. Les deux roues "de l’enfer" diraient sans doute des croyants. Roues qui se combinent avec la roue du Profit, il en faut toujours plus parce que jamais ce n'est assez gratifiant : en effet ce n’est que du vent, même s’il permet d’acheter toujours plus de Pouvoir.

    Cette solution radicale, la disparition de la propriété privée, serait-elle trop demander à l’Humanité, même pour en assurer la sauvegarde ? Car le capitalisme est une force de destruction majeure, capable de balayer toute vie sur Terre pour tenter d’assouvir ses soifs inextinguibles de base. Ses grands-prêtres complètement plongés dans l'addiction la plus virulente en sont arrivés à ne même pas réfléchir aux chances de leur propre survie en cas de pollution majeure et irréversible. C'est bien pourquoi mettre en place une nouvelle donne toute différente devient de jour en jour plus important, plus urgent, plus crucial.

    Repensons à cette Révolution bourgeoise qui eut lieu en 1789 : si les sans-culottes furent la matière brute qui permit de renverser une certaine hiérarchie, souvent de façon très sanglante, ce sont bien des bourgeois qui se retrouvèrent aux commandes de la rédaction de la première Constitution, épaulés par quelques nobles "libéraux" et des ecclésiastiques modestes (quelques curés) ou opportunistes comme l'inénarrable Talleyrand, le subtil Sieyès, le retors Fouché. Là où les relations étaient basées sur une suzeraineté complexe et souvent verbale, s'instaura alors une méticuleuse mise en forme de la propriété privée. Là où les devoirs étaient réciproques (les seigneurs avaient en principe le devoir de défendre leurs fermiers et la population des terres jouxtant leur château ; le roi devait défendre les seigneurs et la population en général : le tout en contrepartie des impôts et corvées), se substitua la propriété simple analogue à celles qui prévalait dans les villes. La notion de propriété s'en trouva énormément renforcée, comme en témoigna le préambule de la Constitution de 1793, article 2.
    .

    Article premier (le but de la société)

    Le but de la société est le bonheur commun. Le gouvernement est institué pour garantir à l’homme la jouissance de ses droits naturels et imprescriptibles.
    .

    Article 2 (énumération des droits)

    Ces droits sont l’égalité, la liberté, la sûreté, la propriété.


    Sur ces pierres se bâtirent toutes les lois, mises en forme de façon drastique par le Code Napoléon, toujours en vigueur malgré des aménagements. Le problème est bien là, surtout depuis que des accords internationaux refusés par les citoyens, mais appliqués par des représentants félons, ont magnifié la prééminence de l'ogre capitalistique dopé par les idées de la catastrophique École de Chicago.

    De cet engrenage mortel, il faut donc à tout prix sortir, casser le cercle vicieux, reprendre la définition même de la propriété. Il ne faut pas hésiter : une personne ne devrait avoir que le droit de jouissance (ce qu'en droit on appelle l'usus ) de bien appartenant en fait à la communauté : celle-ci par l'intermédiaire de tous les citoyens pourrait fabriquer des biens en fonction des besoins, les réparer, mais non s'en séparer (ce qu'on appelle le fructus ) : la dernière pièce de la propriété étant tout simplement exclue ( l'abusus ), soit le droit de se séparer de ces biens en les détruisant ou en les vendant. Le fait de devoir démanteler quelque chose devenue dangereuse impliquerait automatiquement celui de reconstruire quelque chose d'équivalent.

    Voilà ce qu'il faudrait mettre en place, ce qui changerait les rapports entre tous les humains, et permettrait d'accéder enfin à un âge d'or bien plus raisonnable que la catastrophe que nous vivons actuellement. La propriété privée disparue, la monnaie n'aurait bien entendu plus de raison d'être puisque tout se ferait sous forme d'échanges de bons procédés entre personnes toutes égales, et toutes différentes en talents (différentes, mais pas plus ou moins utiles).


    Il y a du travail ! Même si la notion de travail communément sous-tendue actuellement disparaîtrait dans ce nouveau cas de figure, remplacée par celle de tâches nécessaires et librement consenties sans esprit de lucre ou de domination.

    7 commentaires
  • Remettre les choses en place, dénoncer les approximations et les interprétations plus que suspectes des médias, et de ceux qui ont l'honneur d'y causer, voilà une tâche essentielle quand le cinquième pouvoir n'est plus qu'un moyen de plus pour l'oligarchie financière de garder la mainmise sur les opinions des gens.

    N'ayant pas la télévision, je n'ai pas eu  l'occasion d'assister à ce cri, et à ce que des personnes trop peu indépendantes ont travesti pour en effacer l'acuité. Mais relayer la bonne information non tronquée est un devoir, oui, un devoir.


    Jeudi dernier, Jean-Luc Mélenchon participait à l’émission Touche pas à mon poste sur D8 (je n’analyserai pas ici sa prestation, ceci à déjà été très bien fait). Quelques minutes après son arrivée, une salariée de la chaine est intervenue en direct, afin de dénoncer les baisses de salaire imposées par la direction aux intermittents du spectacle. Le lendemain, Bruno Roger-Petit, chroniqueur sur le Plus du Nouvel Observateur, décidait de consacrer son billet hebdomadaire à cet événement. Cependant, plutôt que de relayer le message de l’intermittente et de dénoncer à son tour les conditions de travail sur la chaine du groupe Canal +, celui-ci a préféré s’attaquer de façon éhontée à Jean-Luc Mélenchon. Probablement dans le but de faire parler de lui, le journaliste a consacré un article entier à accuser le coprésident du Parti de gauche d’être resté silencieux face à la détresse de cette salariée précaire. Pourtant, la réalité fut bien différente…

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    « La direction de D8, notre employeur, nous a traité avec beaucoup de mépris »
    L’intermittente ayant interrompu l’émission de Cyril Hanouna est Sophie Tissier, une mère célibataire âgée de 34 ans. Depuis plus de deux ans, elle est opératrice prompteur sur D8. Elle travaille pour l’émission Touche pas à mon poste depuis le mois d’octobre. Interrogée par les Inrocks, elle est revenu sur sa prise de parole afin d’expliquer ce qui l’a poussé à intervenir et surtout de dénoncer le sort réservé aux intermittentes sur D8.


    Révoltée par cette situation, elle avoue avoir jugée la venue de Jean-Luc Mélenchon sur le plateau de l’émission phare de la chaine comme « le bon moment » pour intervenir. « Touchée » par son discours sur le monde des médias au début de l’émission, elle s’est alors lancée et est intervenue quelques minutes après son arrivée.

    Pour le Nouvel Observateur, Jean-Luc Mélenchon est resté muet face à la détresse de l’intermittente

    La suite, voilà comment Bruno Roger-Petit et le Plus du Nouvel Obs la présentent le lendemain. Dans son billet, le journaliste reproche à Jean-Luc Mélenchon ne pas être intervenu, de ne pas avoir demandé la parole, d’avoir abandonné la jeune intermittente qui espérait « peut-être, un mot de soutien ».

    Le journaliste y voit une « faute politique ». « Mélenchon ne peut rien. Jean-Luc Mélenchon, dénonciateur des travers du système dont il est pour un soir l’acteur objectivement complice ». Le coprésident du Parti de gauche serait donc, non seulement impuissant, mais surtout insensible à la cause des salariés précaires. Pire, il serait le complice d’un système qu’il avait lui-même dénoncée (« le monde des médias est une machine à broyer »), quelques minutes avant l’intervention de la salariée de D8.

    Voilà donc comment le Nouvel Observateur fait du journalisme. Il sort deux minutes d’un passage télé qui en fait cinquante ; les analyse avec un objectif précis (ici, s’attaquer à Jean-Luc Mélenchon) ;  ne fait jamais référence à ce qui s’est passé avant, ni à ce qui se passera ensuite ; et surtout, se garde bien de recueillir le témoignage des acteurs de la scène. Voilà ce qu’on appelle le journalisme version Petit journal. Un journalisme mensonger basé sur la manipulation.

    Car en réalité, Jean-Luc Mélenchon n’est pas resté insensible à l’intervention de la jeune intermittente. Bien au contraire. Il suffit pour cela de regarder la suite de l’émission, ce que Bruno Roger-Petit n’a visiblement pas fait !

    « Une personne payée avec un lance-pierre, n’est pas en état de se rebeller »

     En effet, le co-président du Parti de gauche a passé plusieurs minutes après le départ de la jeune précaire à dénoncer les conditions de travail des intermittents et donc à relayer son message.

     « Le système repose sur une exploitation terrifiante des gens. C’est terrible ce qui est fait aux intermittents du spectacle, cette espèce de vie à crédit, où on vous tient(…), jusqu’à des femmes qui ont du cacher leur maternité parce que sinon elles n’accédaient pas aux droits auxquels elles avaient droit ».

    « Dans les rédactions vous avez une proportion considérable d’intermittents du spectacle, de gens qui sont en stage, qui sont payés avec dans lance-pierres. (…) Beaucoup de gens vivent avec des toutes petites payes. (…)  Une personne payée avec un lance-pierre, n’est pas en état de se rebeller. Quand tu as besoin de manger tu te tais, quand ton chef est là tu lui dis oui chef, sinon tu manges pas ».

    « La pauvreté, la précarité, l’étranglement des gens, génèrent un produit médiatique globalisé. Voilà comment se fabrique le nivellement vers le bas. (…) Si on paye bien les gens, si on stabilise leur statut social, on peut espérer avoir une information de meilleur qualité, plus respectueuse des gens et des points de vue différents ».

    Voilà ce que le Nouvel Obs appelle rester muet ? Voilà ce que Bruno Roger-Petit appelle une « faute politique » ? Ce n’est en tout cas pas l’avis la principale intéressée, la jeune intermittente Sophie Tissier. « Je ne suis pas membre du parti de gauche de monsieur Mélenchon mais j’espérais qu’il soutienne mon propos et la cause des intermittents. Et il l’a fait ! Il a dénoncé avec force notre précarité et nos conditions difficiles de travail ».

    Cette affaire, est une nouvelle preuve, s’il en fallait une, du traitement lamentable réservé à Jean-Luc Mélenchon par certains médias. Comme Patrick Cohen et bien d’autres, Bruno Roger-Petit participe à la campagne de diabolisation du co-président du Parti de gauche. Une opération qui se fait en parallèle de la dédiabolisation de Marine Le Pen et de la banalisation de son discours. Tant d’attitudes qui ne font que renforcer la défiance d’une partie des français envers les médias.
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  • On se souvient de la première partie de la conséquente étude, par Robert Bibeau, sur le déclin de l'impérialisme contemporain. Joie, la suite arrive, tout aussi ardente.



    ROBERT BIBEAU

    Le stade ultime – impérialiste – du système d’économie politique capitaliste se particularise par le mélange de huit (8) caractéristiques dont nous avons présenté les six premières la semaine dernière

    Voici les deux derniers traits spécifiques de l’impérialisme contemporain :

    7)      Avant-dernière trait prégnant de l’impérialisme contemporain à l’agonie ; on observe partout une concentration de la richesse sociale collective entre les mains d’une ploutocratie de plus en plus restreinte en nombre de familles et en nombre d’individus et de plus en plus puissante par cette richesse détenue en propriété privée. Dans certains pays comme la France, 200 familles environ détiennent le quart de toutes les richesses de la nation. Même constat en Italie, au Chili et dans de nombreux autres pays impérialistes dépendants comme Israël. En Chine puissance impérialiste majeure – bientôt première puissance économique mondiale – le nombre de milliardaires s’accroit de façon rapide et inexorable, particulièrement parmi les hauts dirigeants du Parti «Communiste». Aux États-Unis une petite fraction de un pourcent de la population détient le tiers des  richesses nationales (9).

    Un réseau sélect et compact de grands oligarques, souvent cooptés à la direction et aux conseils d’administrations des grandes corporations, tient entre ses mains le capital financier, et tout le pouvoir économique, politique et militaire afférant. Cette concentration du capital et du pouvoir se produit au détriment de toutes les autres classes et sections de classe de la nation, y compris aux dépens des fractions non monopolistes de la bourgeoisie qui se rebiffent et tentent, impuissantes, d’entraver ce processus monopoliste inévitable (10). 

    Ces fractions de classes bourgeoises dans leur résistance à la monopolisation se constituent en partis politiques sociaux-démocrates et même Communiste-révisionnistes.
    La démocratie électorale bourgeoise n’est qu’une mascarade visant à confier à la population la sélection de la représentation à l’administration politique de l’appareil d’État. Ainsi, aux élections américaines de 2012, la population votante des États-Unis avait le choix entre la faction Républicaine des « fiscalistes » et la faction Démocrate des « monétaristes » ; une faction souhaitait transférer le fardeau de la crise sur le dos du peuple en haussant les taxes de la classe dite moyenne – ne touchant surtout pas à leurs frères de classe milliardaires – et en réduisant les services étatiques ; l’autre faction, d’accord avec cette orientation, souhaitait néanmoins y adjoindre quelques mesures vigoureusement inflationnistes d’émission de monnaie (dollars de pacotille) de façon à réduire le coût de la force de travail (la fraction du travail nécessaire) des ouvriers américains.

    L’impérialisme c’est la guerre
    8)      La militarisation de l’économie nationale et internationale est le huitième trait  caractéristique de l’économie politique impérialiste. Les pays impérialistes développent ou collaborent au développement de l’industrie militaire (Israël et le Canada sont parmi les plus importants sous-traitants de l’industrie de guerre américaine) ; ou encore, les universités et les laboratoires des pays impérialistes participent à la recherche-développement d’armes sophistiquées, armes de destruction massive, armes pour terroriser les populations civiles locales et celles des pays néo-colonisés (au Liban, en Palestine, au Congo, au Mali, etc.). Ces pays que la « communauté internationale » des pays impérialistes dominants accusent via leur paravent – le Conseil «d’insécurité» de l’ONU – de terrorisme, d’intégrisme, d’islamisme, de nationalisme excentrique (l’Iran refusant de laisser ses richesses en hydrocarbure être pillées par les majors américaines et britanniques du pétrole ou encore la Syrie coupable d’être alignée sur Moscou plutôt que sur Washington) et aussi – anciennement – ces communautés coupables du crime de communisme (ça c’était pendant l’ère du Maccarthysme et de la guerre froide).

    Nombre des pays impérialistes moins puissants consacrent une portion importante de leur budget gouvernemental aux dépenses militaires et à l’armement.  Les pays impérialistes, même ceux qui ne sont pas très puissants, sont impliqués dans le commerce licite ou illicite d’armes de toute nature (les monopoles de la Suisse-pacifiste sont de grands fabriquant d’armement (!) Le Canada fabrique des mines anti personnelles, etc.). Les pays impérialistes maintiennent sur pied de guerre des corps expéditionnaires tout équipés d’armes sophistiquées de destruction massive, ce qui pèse lourdement sur les finances publiques et enrichit l’industrie de guerre nationale (parfois sous-traitante) et internationale dans laquelle les milliardaires locaux (grecs par exemple) font d’important investissements très payant, exempts d’impôts, alors que les ouvriers grecs sont harcelés par la « Gestapo fiscale » pour crime de « travail au noir » contre une poignée d’euros; de même en République tchèque, en Italie et en Belgique.

    Les pays dépendants, dominés par une alliance impérialiste ou par une autre sont contraint de consacrer une portion importante de leur budget d’État, parfois famélique, à l’achat d’armes dispendieuses et au maintien d’une force de sécurité chargée de réprimer toute velléité de souveraineté véritable de la part d’une portion ou d’une autre de la bourgeoisie nationale aliénée. Évidemment, ces armées d’opérettes coûteuses, réactionnaires et parfois mafieuses – s’adonnant au trafic d’armes, de drogues et au pillage des ethnies minoritaires – ont aussi pour mission d’écraser dans le sang tout soulèvement ouvrier ou populaire qui viserait à renverser la chape de plomb dominatrice qui écrase les peuples opprimées. 


    Le triomphe de l’impérialisme moderne a eu pour conséquence directe l’éclatement constant de conflits larvés. Les États-Unis notamment ont mené plus de cent invasions militaires depuis 1890. Les grandes puissances impérialistes ont mené ces guerres d’agression soit à l’échelle locale (Nicaragua, Haïti, Colombie, Côte d’Ivoire, Soudan, Libye, Syrie, Mali, etc.). soit à l’échelle régionale (Guerre de Corée, Guerre du Vietnam et invasion de l’Indochine, Cachemire-Pakistan-Inde, Afghanistan-Pakistan, Irak-Koweït-Iran, Israël-Palestine-Liban-Égypte, ex-Yougoslavie, etc.) ; et, par deux fois dans l’histoire contemporaine, des guerres mondiales ont saccagé la planète pour une nouvelle répartition des marchés, le contrôle des gisements de matières premières et des puits d’énergie, et pour le repartage des sources de surtravail, de plus-value et de profits entre les puissances impérialistes en conflit (11).

    La Grande Guerre (1914-1918) a entraîné l’élimination d’une immense force productive  (20 millions de morts et autant de blessés), une baisse de plus du tiers des capacités de production des puissances européennes et un repartage des zones coloniales d’exploitation dont l’Allemagne a été exclue. L’Allemagne Nazi tentera vingt ans plus tard de se tailler un nouvel empire colonial en Europe de l’Est et en Union Soviétique socialiste – avec le succès que l’on sait –. Un jour à Stalingrad les peuples soviétiques ont brisé pour toujours la machine de guerre impérialiste NAZI  des Krupp, Messerschmitt et de l’IG Farben.
    Le krach boursier de 1929 et la Grande Dépression qui suivit entraîna une chute de production encore plus sévère, soit 40 % des forces productives dilapidées aux États-Unis seulement. La Seconde Guerre mondiale avec 50 millions de morts, des dizaines de millions d’estropiés et d’énormes destructions civiles et militaires provoqua l’élimination d’immenses forces productives, une chute drastique de la production de marchandises et le repartage des zones d’influences à travers le monde (12).

    Le mouvement de libération nationale et de décolonisation qui suivit la Seconde Guerre mondiale (1949, libération de la Chine ; 1959, libération de Cuba ; 1962, libération de l’Algérie ; 1975, victoire du peuple Vietnamien ; 1979, Révolution iranienne ; 1989, effondrement du social-impérialisme soviétique, marquant le deuil définitif de l’utopique coexistence pacifique (entre deux systèmes sociaux antagonistes, doctrine que l’Union Soviétique avait proclamé vers 1956), modifia l’équilibre des forces géostratégiques  mondiales et entraîna la redistribution des sphères de contrôle, d’exploitation et de militarisation. Les agressions impérialistes visant la néo-colonisation de ces pays provoquèrent un brassage des alliances et des zones de contrôle des ressources naturelles et énergétiques, des marchés, des secteurs d’exportation de capitaux et de surexploitation du travail salarié, de la plus-value et de confiscation des profits – toujours se rappeler – s’il n’y a pas exploitation du travail salarié – il n’y a pas de plus-value et par conséquent il n’y a pas de profits.

    La source de toute la richesse sous l’impérialisme contemporain
     Sous le système d’économie politique impérialiste le produit du travail salarié se divise en deux parts inégales et pas davantage :
    A)  le « travail nécessaire » – la valeur de la partie de la journée de travail de l’ouvrier qui assure la reproduction étendue de la force de travail social. Le salaire de l’ouvrier doit donc couvrir à la fois le coût de sa propre reproduction et le coût de son renouvellement en tant que classe sociale (coûts associés à l’entretien de sa famille ainsi que les coûts associés à la survie de l’armée de réserve des travailleurs). La valeur du « travail nécessaire » se divise donc en deux parts inégales : i) le salaire net encaissé par le travailleur pour sa survie immédiate et celle de sa famille, et ii) les taxes et retenues, assurances, cotisations, fonds de pension et impôts en tout genre dont une partie servira à défrayer le coût des immobilisations et des services publics (soins de santé, écoles, universités, garderies, transport, culture, loisirs, etc.).

    B) L’autre portion de la valeur produite par le travail salarié est le « surtravail » – c’est la portion non payée de la journée de travail de l’ouvrier que l’on appelle « plus-value » (ce que le travail vivant de l’ouvrier ajoute en valeur à la marchandise-matière première morte) avec laquelle le capitaliste paiera lui-même ses impôts et charges sociales et qui comprend finalement toutes les formes de profits capitalistes (redevances, rente foncière, bénéfices sur actions, profit commercial, etc.).

    L’impérialisme c’est la crise économique systémique
    Avec la résurgence de la crise économique lors du krach boursier de 2008 on constate une surcapacité de production des biens et des services ; d’où l’inévitable destruction des forces productives (fermetures complètes ou partielles d’usines, délocalisation d’entreprises industrielles et de services, chômage catastrophique, emploi à temps partiel et travail précaire ou au noir, destruction ou dilapidation en pays développé d’une portion des aliments pendant que les populations des pays sous-développés sont affamées, etc.). On observe également une baisse drastique des taux d’intérêts payés sur les placements ce qui entraîne souvent des rendements peu intéressants sur les investissements et les placements boursiers – pendant que certains monopoles s’en tire bien on observe une baisse générale des taux de profits moyens et un grand nombre d’entreprises capitalistes déposent leur bilan ou se font absorber par leurs concurrents.

    Comment les pontes impérialistes ont-ils tenté de faire face à ces défis économiques récurrents ? Selon les pays, ils ont implanté l’une ou l’autre ou les quatre  mesures suivantes :

    I) Afin d’enrayer la baisse moyenne de profitabilité et pour redresser leur barque économique en train de sombrer, le premier axe des efforts des oligarchies financières internationales – à travers les politiques économiques et sociales des gouvernements à leur solde – a été de rejeter sur le dos des travailleurs le coût total des services publics qui pourvoient à la reproduction de la force de travail social (travailleurs et aussi armée de réserve des chômeurs). Il a suffi pour les gouvernements de réduire la part du « travail nécessaire » – c’est-à-dire, en définitive, de réduire la valeur relative des salaires des ouvriers en   laissant monter les prix inflationnistes ;   en    haussant les soi-disant « tickets modérateurs » et les coûts des services publics assumés par les consommateurs et en augmentant les charges fiscales et les retenues à la source grevant les salaires des travailleurs et de tous les employés.

    Contre les projets pharaoniques, opposition citoyenne (NDDL)
    II) Le deuxième axe des attaques menées par les gouvernements au service des riches  en vue de réduire la part du « travail nécessaire » par rapport au « surtravail » – générateur de plus-value – consiste à réduire drastiquement les services en saquant du personnel public et parapublic, en éliminant parfois complètement certains services collectifs nécessaires à la reproduction étendue de la force de travail.
    La privatisation des services publics (traitement de l’eau potable, des déchets et des eaux usées) et l’adjudication exclusive aux entreprises privées des projets pharaoniques de construction d’infrastructures publiques sous mode de PPP (partenariat-public-privé) sont également des mesures de cette nature – c’est-à-dire des mesures de transfert des fonds publics au travail salarié privé. Toutes ces mesures ont pour effet de diminuer globalement la portion du « travail nécessaire » et d’augmenter d’autant la portion du «surtravail» et donc la portion de la plus-value (et des profits) produite par l’ouvrier pendant sa journée de besogne, sans pour autant augmenter ni la durée de la journée de travail, ni la quantité de marchandises produites, ce qui serait nuisible, puisque de toute façon les marchés sont encombrés de marchandises invendues…inutiles d’en rajouter.

    III) Le troisième axe des efforts menés par les nababs financiers malins pour se sortir du pétrin et mettre fin à la baisse tendancielle des taux moyens de profits – s’extirper de la difficulté d’accumuler le capital nécessaire à la reproduction élargie de leur système déconfit  – consiste à prêter des montants astronomiques aux États créanciers de manière à plomber le service de la dette servant à rembourser le capital et les intérêts aux banquiers-créanciers. Environ 75 % des revenus des États impérialistes occidentaux proviennent des salariés alors que les charges fiscales des entreprises comptent généralement pour moins de 15 pour cent et vont en diminuant. Ce stratagème a été rendu possible, sinon grandement facilité, par l’abrogation en 1971 des Accords de Bretton Woods (signés en 1944 par 44 nations alliées – excluant l’URSS) qui structuraient le système monétaire impérialiste mondiale autour du dollar américain assujetti à la convertibilité du dollar US en valeur-refuge-or.

    En abrogeant cette contrainte de convertibilité-or, il devenait loisible aux États-Unis d’émettre autant de dollars qu’ils le souhaitaient sans avoir à en garantir la conversion en valeur-or, ce qui leur était devenu impossible. Les réserves or des américains étaient largement insuffisantes. Les oligarques financiers se préparaient ainsi à hypothéquer l’économie du monde « libre » (sic) en repoussant plus avant le jour de l’effondrement. Depuis quelques années l’euro s’est engagé sur le même sentier dévoyé pour obtenir les mêmes résultats délurés (13). Vous ne devez pas vous étonnez si aujourd’hui la France, l’Allemagne l’Équateur, le Venezuela, la Roumanie, l’Iran et la Libye tentent tous de récupérer leur or .

    IV) Le quatrième axe des efforts menés par les riches pour se sortir de la dépression économique et pour contrer la diminution de la plus-value extraite du travail salarié dans les centres impérialistes plus anciens (par rapport aux pays impérialistes dits « émergents ou ascendants » où les salaires sont pour le moment inférieurs à leurs concurrents) consiste à pousser au maximum la recherche-développement, la mécanisation, l’informatisation et la robotisation de la production

     Observant ce phénomène, qui n’est pourtant pas récent, les intellectuels bourgeois ont inventé les frauduleux concepts d’« économie du savoir et des connaissances » et d’« économie des nouvelles technologies », deux fumisteries. L’économie politique, l’infrastructure de production et la superstructure idéologique, politique et militaire ainsi que les classes sociales spécifiques à « l’économie politique du savoir et des technologies » n’existent tout simplement pas. La connaissance – la science et la technologie – ont toujours été partie de l’infrastructure du système de production et de circulation capitaliste, particulièrement en phase impérialiste.

    L’innovation n’est pas une nouveauté et a toujours accompagné le développement impérialiste. Le soi-disant miracle industriel allemand dans les années trente s’est  construit sur cette capacité d’innover. Le soi-disant miracle japonais et le miracle étatsunien dans les années soixante et pendant les Trente Glorieuses ont été basés sur cette capacité d’innover et de surproduire (accaparant la plus-value extra) en augmentant la part de capital constant (mécanisation-robotisation-informatisation) dans la composition organique du capital, ce qui occasionne justement la baisse tendancielle des taux moyens de profits.

    Par l’innovation scientifique et technologique les capitalistes monopolistes tentent de repousser les limites physiques de l’exploitation du temps de travail et de l’effort salarié en faisant produire davantage de « valeur marchande » en moins de temps, ce qui réduit d’autant la portion de « travail nécessaire » par rapport à la portion de « surtravail » au cours d’une journée de travail normale, accroissant ainsi la part de plus-value relative et extra qui s’ajoute à la plus-value absolue et augmente de ce fait la portion des profits pour une accumulation supplémentaire de capital préalable à sa reproduction étendue… espèrent-ils…Nous verrons qu’il en va autrement dans le monde réel.

    SEMAINE PROCHAINE:PRODUCTIVITÉ - COMPÉTITIVITÉ DU TRAVAIL SALARIÉ

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