• De notre ami Pierre Fetet, un grand cri, traduction d'un journaliste japonais. Qui, à part fort peu de personnes, pense encore à Fukushima ? Pourtant rien n'y est réglé. Chaque jour ou presque, la NHK (en anglais), pourtant peu sensible à cet état de fait, relate de nouveaux évènements, de nouvelles pollutions. La Terre entière est concernée, puisque jour après jour depuis le premier jour de la catastrophe de l'eau contaminée se déverse dans l'océan Pacifique. Le typhon qui a balayé le Japon il y a quelques jour, particulièrement violent, a donc lessivé les abords de la centrale, et quelqu'un a découvert dans les environs de la centrale un canal aboutissant à la mer plein d'eau radioactive. A 150 mètres de la mer le taux mesuré est de 1400 becquerels par litre. Très au-dessus de la norme européenne plutôt laxiste de 300 Bq/l. Mais les eaux souterraines se jetant dans l'océan à raison de 300 litres par jour (découverte récente) après avoir baigné les fondations de la centrale sont bien plus actives, et ce depuis l'accident initial du 11 mars 2011.

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    18 octobre 2013
    Paroles de Takashi Hirose, journaliste et ancien ingénieur, dans le film documentaire AU-DELA DU NUAGE °Yonaoshi 3.11 霧の向こう de Keïko Courdy (2013).
    Takashi Hirose : « J’appelle ce pays une nation criminelle »
    « Les gens ont reçu un choc avec l’accident.
    Puis petit à petit, tout le monde a commencé à avoir peur.
    Mais c’était une bonne chose, une bonne peur.
    Ils ont compris que l’on ne pouvait plus faire confiance.
    Malheureusement, l’homme est entouré chaque jour de milliers d’informations.
    Cela lui fait oublier les plus terribles évènements.
    On vit cette situation aujourd’hui.

    En ce moment-même, sous Fukushima, de la matière radioactive est en train de s’échapper.
    Elle va dans les sous-sols, dans la mer, puis elle ressort sans l’atmosphère.
    Ce genre de chose n’apparaît pas dans les nouvelles.
    Alors tout le monde l’oublie.
    Si cela apparaissait tous les jours aux informations, les Japonais ne pourraient pas l’ignorer.
    Mais on passe toute sorte d’autres choses.
    Je pense que la plus grande faute revient aux médias.
    Ils ont construit cette situation.
    Rien n’a changé depuis l’accident.
    Les accidents se produisent parce que les médias ne prennent pas le problème au sérieux.
    Et même après l’accident, s’ils en parlaient un peu au début, maintenant ils n’en parlent qu’au compte-goutte.

    Le problème de la contamination, c’est que l’on ne peut que la mesurer, dans les choses, dans la terre, dans le sol.
    Beaucoup de monde aujourd’hui possède un compteur Geiger, mais cela ne mesure que ce qui circule dans l’air, cela ne mesure que les rayons gamma.
    En fait, lorsqu’on recherche la composition de la radioactivité sortie des réacteurs et sa dispersion, on ne trouve pas tout.
    L’intérieur des réacteurs faisait presque 5000 degrés.
    C’était une température plus que monumentale.
    Et l’uranium et le plutonium sont sortis sous forme de gaz.
    Je peux trouver cela d’après mes calculs, mais cela ne ressort pas dans les compteurs Geiger, tout comme les rayons alpha ou bêta.

    Personne ne mesure non plus le strontium.
    Le strontium est le plus effrayant.
    Il se fixe dans les os et provoque des leucémies.
    C’est particulièrement dangereux pour les enfants en pleine croissance qui sont exposés aujourd’hui.
    Pour les enfants qui habitent dans des lieux contaminés comme Fukushima, il faut organiser immédiatement une évacuation.
    Mais quand on n’a pas d’argent, on ne peut pas fuir.
    Même si les gens de Fukushima voulaient fuir, ils ne le pourraient pas pour des raisons économiques.

    Maintenant nous devons agir pour que la société Tepco qui a provoqué l’accident donne des indemnités, de l’argent, pour que les gens puissent partir s’ils le veulent.
    Le pays doit d’abord faire évacuer les enfants en groupe de la préfecture de Fukushima, plutôt que de les laisser fuir chacun de leur côté.
    Les enfants veulent pouvoir rester avec leurs amis d’école.
    On doit faire cela en groupe.
    C’est possible.
    Avant que le Japon ne perde la guerre, on avait organisé des évacuations de groupe.
    On faisait fuir les enfants des zones dangereuses en les amenant dans les montagnes.
    C’est quelque chose qui devrait être fait maintenant.

    Mais le pays ne fait absolument rien.
    Pour cette raison, j’appelle ce pays une nation criminelle.
    Si on ne fait rien, il va arriver des choses terribles aux enfants.
    Je suis inquiet. »

    Takashi Hirose








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    AU-DELA DU NUAGE °Yonaoshi 3.11
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  • C'est un véritable article d'anthologie que nous livre Pierre Fetet cette fois-ci. Tout y est, aussi bien la situation actuelle, que ce qui risque d'arriver dans un délai hélas inconnu.

    Une chose est certaine, et prouvée désormais : ce sont au moins trois cents mètres cubes d'eau contaminée gravement qui se déversent bon gré, mal gré, chaque jour dans l'océan Pacifique, avec la conséquence pour la faune marine que l'on devine. Trois cents mètres cubes, que TEPCO ne peut tout simplement pas empêcher de s'écouler actuellement. En cas de nouveau tremblement de terre, le bilan serait bien entendu revu largement à la hausse. De plus, cette situation déjà néfaste ne perdure ainsi que parce que des pompes continuent en permanence à refouler à la fois l'eau contaminée dans des récipients plus ou moins provisoires, et l'eau saine en amont qui est détournée avant d'être trop souillée à son tour. On sent là un dossier fort mal maîtrisé (souvent pour des questions de coût), que la moindre anicroche peut largement alourdir. Ne serait-ce que la simple transformation progressive du sol et du sous-sol de la centrale en un marécage radioactif et inapprochable.


    7 août 2013
    Que veut dire le mot « urgence » à la centrale de Fukushima Daiichi ? Ce mot a tellement été employé depuis deux ans et demi qu’on a du mal à croire à une urgence alors que Fukushima n’inquiète plus grand monde depuis longtemps. Et pourtant, ce mot vient d’être employé par quelqu’un qui s’occupe de la sécurité nucléaire au Japon : selon l’agence Reuters, le responsable d’un groupe de travail sur Fukushima de la NRA – l’Autorité de régulation nucléaire du Japon –  a annoncé lundi que Fukushima était dans une situation d’« urgence ». Shinji Kinjo n’est pourtant pas du genre à s’inquiéter d’habitude : le 15 mars 2011, après la troisième explosion à la centrale de Fukushima Daiichi, l’expert avait déclaré que l’augmentation de la radioactivité n’aurait pas d’effets immédiats sur la santé. C’est dire si ses propos publics aujourd’hui sont inquiétants. Pour comprendre pourquoi cet homme sort de sa réserve en remettant sévèrement en cause l’opérateur Tepco, il faut revenir sur les évènements qui ont débuté le mois dernier. C’est l’objet de cet article qui va essayer de faire le point de la situation concernant les eaux contaminées à la centrale de Fukushima Daiichi.
    Etat de la situation en mars 2013 selon Ken Buesseler

    La gestion des eaux de Fukushima Daiichi

    Pour bien appréhender la situation, il faut connaître l’état des lieux. En bref, en mars 2011, les sous-sols de la centrale on été entièrement inondés par le tsunami, d’où la présence abondante d’eau salée initialement. Puis elle a subi 3 meltdowns (fonte du cœur) – c’est-à-dire l’accident le plus redouté de l’industrie nucléaire – formant chacun un corium d’environ 70 à 90 tonnes. Mais pire, au moins un des coriums a traversé la cuve d’un réacteur pour s’arrêter et se solidifier en fond d’enceinte de confinement ; ça c’est la version officielle. Mais pour l’instant, Tepco n’a pas été capable de montrer quoi que ce soit prouvant cette version. Car il y a une autre hypothèse : le corium a peut-être traversé le radier de fondation, ce qui l’aurait mené à la couche géologique contenant la nappe phréatique. Personne n’a prouvé cela non plus, car c’est tout simplement impossible en l’état des connaissances étant donné que Tepco pratique la rétention d’une grande partie des données. Mais cette hypothèse est de plus en plus plausible, nous allons voir pourquoi.
    A la télévision japonaise (Asahi TV), on n’hésite plus à parler de melt-out (sortie du corium de l’enceinte de confinement).

    Arrosage des cœurs fondus

    Tepco arrose les cœurs fondus – du moins leur emplacement supposé dans les cuves – pour évacuer leur chaleur résiduelle. Cela nécessite environ 360 m3 d’eau par jour. L’eau, au lieu de rester dans les enceintes de confinement, se répand dans les sous-sols de la centrale, probablement à cause de failles provoquées par le tremblement de terre du 11 mars 2011. On estime que 100 000 tonnes d’eau contaminée stagnent ainsi à la base de la centrale. La contamination de cette eau est très importante : les dernières mesures donnent 5,7 millions de Bq/L pour l’unité un, 36 millions de Bq/L pour l’unité 2, et 46 millions de Bq/L pour l’unité 3.

    Nappe phréatique en jeu

    Une autre arrivée d’eau, incontrôlable, a été rapidement constatée, c’est celle de la nappe phréatique qui vient de toute part : 400 m3 d’eau par jour, qui se mélange et se contamine à celle utilisée pour le refroidissement.
    Pour que le niveau d’eau ne monte pas et que le site ne devienne pas un marécage radioactif, Tepco est obligé de pomper en permanence l’eau des sous-sols. Cette eau est ensuite acheminée à des systèmes complexes de traitement qui supprime la salinité et enlèvent une partie des radionucléides. L’eau est ensuite stockée dans des réservoirs, et une partie est réutilisée pour le refroidissement. En effet, pour éviter de relâcher de l’eau radioactive dans l’océan, on la stocke sur le site. Actuellement, il y a environ 1000 réservoirs contenant quelques 300 000 m3 d’eau contaminée. Au 5 août 2013, Tepco a annoncé avoir encore 60 000 m3 de stockage disponible, ce qui lui permettrait de tenir jusque décembre 2013. Sur le long terme, d’ici deux ans, Tepco prévoit d’augmenter sa capacité de stockage à 700 000 m3.

    Le point sur le stockage et le traitement des eaux contaminées le 30 juillet 2013 (source Tepco)
     
    Le combat contre l’arrivée d’eau

    Pour éviter de traiter trop d’eau, Tepco a installé 12 puits en amont des réacteurs pour pomper l’eau de la nappe phréatique avant qu’elle n’arrive dans les sous-sols. Cette opération ne permet en fait que de pomper 100 m3/jour. Mais comme le terrain surplombant ces puits a été contaminé par des fuites d’eau très radioactive provenant de réservoirs souterrains que l’opérateur avait creusés à même le sol – pour réduire la facture du stockage en cuves métalliques  – il n’y a pas encore d’autorisation pour relâcher cette eau en mer. En effet, après le tollé provoqué par le relâchement de 11 500 m3 d’eau radioactive dans l’océan en mars 2011, Tepco a promis de ne plus le faire sans l’autorisation des pêcheurs. Mais aujourd’hui, les pêcheurs n’ont plus confiance et ils ont sans doute raison.

    Ce poisson, pêché à proximité de la centrale de Fukushima Daiichi en janvier 2013 est très radioactif : 254 000 Bq/kg, soit 2 540 fois la limite de 100 Bq/kg définie pour les produits de la mer par le gouvernement.

    Mur étanche et fuites vers la mer

    Prévu depuis deux ans, la construction d’un mur étanche en acier et béton entre la centrale et l’océan aurait dû être aujourd’hui terminée. Il n’en est rien. Pour des raisons probablement financières (ça coûte évidemment très cher) et humaines (difficulté de recruter des ouvriers), la construction de cette barrière est loin d’être terminée.
    Projet du mur étanche en acier et béton (Tepco et Asahi TV)

    Dans la précipitation due aux découvertes du mois de juillet, Tepco a opté pour la réalisation de murs chimiques. Cette technique avait déjà été employée en 2011 : à l’époque, on avait injecté dans le sol du silicate de sodium (Na2SiO3), qui est un composé chimique ayant la particularité de solidifier le sol et le rendre dur comme du verre. Il est possible que ce soit le même procédé. Toujours est-il qu’une raison technique empêche de réaliser cette structure jusqu’au niveau du sol. Le mur chimique de 16 m de profondeur s’arrête à 1,80 m de la surface.

    Principe de réalisation du mur chimique par injection (source Tepco)

    Or il semble que l’utilisation de cette technique sur une longueur de 100 m ait provoqué la montée du niveau de la nappe phréatique en aval de la centrale au niveau de l’unité 2 : le niveau d'eau dans un des puits a augmenté d'un mètre depuis début juillet. Cela semble assez logique étant donné que l’eau souterraine se déplace de la montagne vers l’océan. Rencontrant un obstacle, cela provoque une élévation de son niveau. Le gros problème, c’est que cette eau est fortement contaminée ; Tepco reconnaissait qu' « il est possible que les eaux aient commencé à passer par dessus le mur souterrain », ce qui signifie en clair qu’elle est déjà en train de rejoindre l’océan.

    Schéma de l’Asahi TV : le niveau de l’eau de la tranchée est plus haut que le sommet du mur chimique.

    De l’eau contaminée dans l’océan

    Les mesures réalisées en mer depuis deux ans et demi montrent que la radioactivité ne baisse pas près de la centrale de Fukushima Daiichi, alors que la décroissance radioactive et la dilution auraient dû provoquer une diminution significative de la pollution. On supposait donc que la centrale relâchait des effluents radioactifs mais Tepco refusait jusqu’à maintenant d’admettre cette réalité. Ce n’est que le 22 juillet 2013 que l’opérateur a reconnu une pollution du Pacifique, puis le 2 août, Tepco a annoncé que la quantité totale de tritium rejeté depuis mai 2011 était comprise entre 20 000 et 40 000 milliards de becquerels (20 et 40 TBq). En fait, suite à la fuite de 2011 qu’ils avaient eu du mal à contenir, Tepco s’était engagé à boucher des conduits, ce qui pourtant n’a jamais été fait durant 2 ans, la situation s’étant soit-disant « stabilisée ».

    Localisation des fuites de 2011 (Asahi)

    On se rend compte à chaque fois que l’opérateur n’a rien d’un service public – bien que l’état japonais soit l’actionnaire majoritaire – mais est bien une entreprise commerciale qui, recherchant toujours le profit, évite au maximum les dépenses. Finalement le 7 août 2013, le gouvernement, par l’intermédiaire de l’Agence des Ressources Naturelles et de l’Énergie, annonce que 300 m3 d’eau contaminée rejoignent quotidiennement l’océan.

    Pomper en urgence

    L’ensemble des conduits-tunnels-tranchées en aval de la centrale contiennent environ 15 000 m3 d'eaux contaminées. Devant l’insistance de la NRA, Tepco s’est engagé à commencer à les pomper dès le week-end prochain alors qu’ils programmaient ce nouveau chantier seulement à la fin du mois d’août. Comme le bassin qui devait recueillir cette eau supplémentaire près de l’unité 2 n’a pas encore été construit, cela va réduire mécaniquement les capacités de stockage du site.

    Dès le mois de juin 2013, Tepco avait constaté une augmentation de la radioactivité dans l’eau d’un conduit situé près de l’unité 2. Mais en juillet, ça a été un peu la panique : deux prélèvements dans des tranchées qui servent en fait de réservoir d’eau contaminée depuis le début de la catastrophe ont donné des mesures impressionnantes : le premier prélèvement (19 juillet 2013) a mesuré 36 milliards de Bq/m3 de césium 134/137, et le second (26 juillet 2013) 2 350 milliards de Bq/m3. D’où l’état d’urgence décrété par la NRA.


    Des tranchées qui débordent

    Aujourd’hui, il est avéré que l’eau contaminée passe par-dessus la barrière chimique. On peut penser aussi qu’elle passe par en dessous et sur les côtés, étant donné que ce « mur » chimique est intermittent. On peut également penser que depuis 2 ans toute la communication de Tepco sur la nappe phréatique qui se serait maintenue sagement sous la centrale n’est qu’une vaste fumisterie. Dans une émission récente sur Asahi TV, des experts dénoncent les projets désastreux de l’opérateur.

    Sur Asahi TV, on explique que même le mur en acier-béton ne serait pas efficace puisque l’eau de la nappe phréatique contournerait facilement la barrière pour rejoindre l’océan.

    Pour l’instant, aucune action destinée à retenir l’eau contaminée n’a été efficace. Elles ont été réalisées en dépit du bon sens. Pourtant depuis le début de nombreux experts réclament une enceinte souterraine fermée, une sorte de sarcophage souterrain gigantesque dont la construction prendrait deux années. Si cette décision avait été prise il y a deux ans, le déferlement de l’eau contaminée dans l’océan Pacifique aurait peut-être été contenu aujourd’hui. Peut-être, car on ne sait pas pour l’instant quelle profondeur devrait avoir cette enceinte. La centrale de Fukushima repose sur des couches sédimentaires gréseuses et il est probable que l’eau y circule très facilement à des profondeurs insoupçonnées.

    Le corium sorti de l’enceinte ?

    Selon l’ACROnique de Fukushima du 1er août, les derniers résultats de mesure de la contamination en césium de l'eau des tranchées incriminées font apparaître des concentrations en centaines de millions de becquerels par litre pour le réacteur n°2. Plus l'eau est prélevée profondément, plus elle est radioactive, relate aussi Gen4 : il y a jusqu'à 950 millions de becquerels par litre. Cela laisse penser que l’eau qui refroidit les coriums sort de l’enceinte de confinement et largue ses radionucléides en continu dans la nappe phréatique. Etant donné que Tepco ment par omission en permanence sur tous les fronts depuis le début de la crise, on peut penser raisonnablement que c’est une des dernières cachoteries de l’opérateur maudit.
    Des échantillons ont été prélevés le 31 juillet à une profondeur de 1 mètre, 7 mètres et 13 mètres sur le côté mer de la centrale. (Asahi)

    Que faire maintenant ?

    Maintenant que le gouvernement a révélé que 300 m3/jour d’eau contaminée s’écoulent en continu dans l’océan, que va-t-il être possible de faire ? Il devient très critique de travailler dans cet environnement de plus en plus radioactif. Les hydrogéologues de la NRA certes travaillent sur le sujet, mais rarement la théorie concorde avec le terrain. L’eau finit toujours par s’infiltrer et s’installer. Il serait dangereux que le sol où est construite la centrale devienne un bourbier radioactif car il pourrait devenir instable. La solution à court terme est donc d’encore pomper et stocker. La solution à long terme n’est pas encore connue. Ou alors, il faut faire comme l’IRSN, rester optimiste quoi qu’il arrive : « Au vu des valeurs observées dans l’eau de nappe, l’apport de radioactivité à l’océan par le site devrait rester limité au regard de cet apport terrestre global, compte tenu des mesures prises, et les éventuels impacts écologiques devraient vraisemblablement rester localisés aux environs immédiats de la centrale du fait de l'importante capacité de dilution de l'océan. » (IRSN, 10 juillet 2013)

    Grès de Fukushima (coupe géologique à 300 m de la centrale)

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  • NHK, le 6 août 2013 à 8h 02 temps universel (10h02 en France)

    Les protestations s'intensifient sur Okinawa, contre l'intensification du déploiement d'avions de transport étatsuniens Osprey, à la suite de l'écrasement d'un hélicoptère militaire US dans la préfecture. Plus de cent personnes se sont rassemblées ce mardi à l'extérieur  de la base aérienne Futenma, à Ginowa. Ils chantaient et agitaient des panneaux de protestation contre le déploiement des Osprey.

    Un vieil homme de soixante-et-onze ans prenait part à la manifestation, il assurait que la venue des dangereux Ospreys dans cette préfecture est une insulte à Okinawa. Il ajoutait craindre fort que d'autres écrasements comme celui de lundi n'interviennent bientôt.

    Les maires de toutes les municipalités de la préfecture d'Okinawa ont exigé que les militaires US arrêtent d'intensifier la venue d'Ospreys, et retirent ceux déjà présents à la base de Futenma. Le corps des Marines a déjà fait parvenir deux de ces avions à décollage vertical, en tant que précurseurs d'un déploiement supplémentaire. Il a prévu d'en amener encore dix, ce qui porterait le total à vingt-quatre.

    Après l'accident de lundi, les militaires étatsuniens ont annoncé qu'ils vont reporter l'arrivée des Ospreys restants, sans dire combien de temps durera ce report.

    L'opposition aux Ospreys s'est enracinée dans la préfecture, les protestataires citant les différents abus vis-à-vis de la sécurité. L'accident de lundi a fait encore grandir la colère contre l'arrivée de nouveaux Ospreys. 


    (avec les coquilles habituelles, note du traducteur)


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    Voilà longtemps déjà que les Japonais d'Okinawa sont excédés de la présence des aviateurs étatsuniens sur leur sol.  Les appareils qu'ils utilisent, ces hybrides entre l'avion et l'hélicoptère (ils décollent à la verticale par pivotement des réacteurs), sont d'une fiabilité "modérée", et occasionnent assez régulièrement des accidents. Les militaires qui en sont chargés défraient la chronique locale assez régulièrement, également, par leur comportement peu "civil" quand ils sortent de leur base, au point que les viols sont assez fréquents (sans doute à la suite de soirées "un peu arrosées".

    C'est pourquoi aussi bien les habitants que les maires de toute l'île d'Okinawa s'opposent de plus en plus fort à la présence de ces hommes et de leurs machines, qui sont par leurs exagérations et les risques qu'il font courir à la population, de fait, des occupants.

    Comme le signalent assez régulièrement les dépêches de la NHK, ce sentiment partagé par la population entière est régulièrement signalé à Tokyo, qui apparemment n'a jusqu'à présent pas fait grand-chose pour y remédier : soit tout simplement fermer cette base. Sans doute y a-t-il des accords  que le plus fort entend bien voir respectés, comme à Diego Garcia et dans mille autres endroits dans le monde.

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  • Nouvelle année, mais dangers toujours aussi présents.  Dans deux mois nous "célèbrerons" le triste second anniversaire de la pire pollution par l'homme de la planète entière, par manque de prévoyance. Pollution d'autant plus dangereuse, qu'elle est parfaitement insidieuse, et que sa source n'est aucunement tarie. Il faut rappeler toujours que les doses minimes de radiation, considérées officiellement comme "acceptables", ne sont pas pour autant anodines. Jamais. Un cancer peut se voir déclenché par une exposition dite "négligeable" - ou pas. C'est une question de "chance".

    Merci à Pierre Fétet, en ce début d'année, de nous rappeler les enjeux de cet accident majeur, et de ses conséquences. Il nous faudra penser également que pratiquement toujours, les autorités cachent ou minimisent ce genre d'accident, comme au complexe Mayak près de Novosibirsk, en 1957.  Les gains des financiers, à cette échelle, sont tellement mesquins : eux-mêmes, ou leurs enfants si pour eux ils ont une "valeur", risquent de ne pas en "profiter". Funeste inversion des valeurs.

    Jeudi 3 janvier 2013
    réacteur 3Bientôt 22 mois se sont écoulés depuis mars 2011, date à laquelle la catastrophe de Fukushima a commencé. 2011-2013… Les évènements précis ont tendance à s’effacer de nos souvenirs. On se souvient pourtant, il y a eu des explosions dans une centrale nucléaire du Japon. Un territoire a été évacué. Le nom de Fukushima est à jamais marqué dans les mémoires sans que certains ne sachent vraiment à quoi il correspond exactement. Est-ce un territoire ? une ville ? seulement le nom d’une centrale ? un évènement ? Il y a quelque chose d’effroyable dans ce souvenir diffus et précis à la fois, dans ce nom de Fukushima. Notre corps frissonne encore de ces moments d’angoisse de mars 2011. On se souvient surtout de la terreur qu’avaient provoquée ces explosions, de la fuite des occidentaux hors du Japon, de l’inquiétude mal cachée des dirigeants et des scientifiques. On est encore mal à l’aise avec ces souvenirs embarrassants, car il persiste en nous un doute, un énorme doute, sur ce qu’il s’est passé réellement et sur ce qui se passe encore aujourd’hui. Pour dissiper ces interrogations, il est nécessaire de revenir sur ces évènements régulièrement, de prendre du recul, de faire le point. Surtout ne jamais banaliser. C’est nécessaire, car ce qui est arrivé en mars 2011 est la catastrophe nucléaire la plus importante jamais arrivée sur cette terre, mais c’est aussi peut-être salutaire car comprendre ce qui se passe, affronter la réalité, même inconcevable pour beaucoup il y a seulement 2 ans, permet de dépasser ses propres angoisses et aller de l’avant pour que cela ne recommence pas ailleurs.
     
    Fukushima signifie littéralement « île du bonheur ». La centrale qui a été touchée par le séisme, puis par le tsunami est appelée Fukushima parce qu’elle est située dans la préfecture de Fukushima, qui est un territoire équivalent à une petite région française. Elle est aussi appelée Daiichi (= n°1), car il y a une autre centrale, Fukushima Daini (= n°2), à 12 km au sud de la première. Mais Fukushima est aussi le nom d’une ville située à environ 60 km de la centrale de Fukushima Daiichi. Aujourd’hui, Fukushima est surtout connu pour la catastrophe nucléaire en cours, et les dictionnaires encyclopédiques devront plancher sur une définition beaucoup plus large, englobant à la fois les évènements factuels du mois de mars 2011 et leurs conséquences sanitaires, démographiques, politiques et économiques sur le long terme.
     
    Que s’est-il passé le 11 mars 2011 ?
    (ou petit résumé pour ceux qui n’auraient pas suivi ?)
     
    Tout a commencé le 11 mars 2011 à 14h46 avec le séisme le plus fort jamais enregistré au Japon, au large de Sendai. Ce tremblement de terre de magnitude 9 a été ressenti à la centrale de Fukushima Daiichi moins d’une minute après, provoquant l’arrêt automatique des trois réacteurs en activité à ce moment-là, les réacteurs n° 1, 2 et 3.  Le séisme a également fait des dégâts immédiats, créant des fissures dans le béton, déformant les murs et les portes,  bousculant les kilomètres de tuyauteries, ce qui a conduit par exemple à une fuite d’eau au 4ème étage du réacteur n°1. Cet évènement a été considéré comme un accident de perte de réfrigérant primaire, bien avant que la vague n’atteigne la centrale.  Le séisme a aussi été responsable de la perte de l’alimentation électrique provenant de l’extérieur, ce qui a entraîné la mise en route des générateurs diesels de secours. En outre, la détection de xénon 133 immédiatement après le séisme prouve que la centrale japonaise rejetait déjà des éléments radioactifs avant l’arrivée du tsunami. A 15h37, une vague de 14 à 15 mètres de hauteur a submergé le site nucléaire, mettant hors d’usage les générateurs situés au niveau de la mer. Trois quarts d’heure après le séisme, les réacteurs 1, 2, 3 et 4 de la centrale de Fukushima Daiichi étaient donc totalement dépourvus d’électricité, ce qui a provoqué des catastrophes nucléaires en série.
     
    meltdown.jpg1) La fusion des cœurs 1, 2 et 3
     










    La fusion d’un cœur (appelée aussi meltdown) est provoquée par l’absence de refroidissement du combustible. En effet, une centrale nucléaire ne s’arrête pas comme une ampoule avec un interrupteur. Il est toujours nécessaire de refroidir le cœur qui conserve une température résiduelle importante due aux produits de fission. S’il n’est pas refroidi, le cœur d’un réacteur fond en quelques heures seulement. La fonte du combustible et de ce qui l’entoure produit une matière que l’on nomme « corium ». Ce nom n’est pas très utilisé dans la communication de l’industrie nucléaire car il est le corolaire du mot « accident nucléaire ». On en connaissait deux exemples jusque là : celui de Three Mile Island en 1979 et celui de Tchernobyl en 1986. Cette matière a donc été inventée par l’homme il y a plus de 30 ans mais n’avait jamais fait l’objet d’une publication de vulgarisation, c’est pourquoi j’ai tenté d’expliquer cette matière en publiant un articleavec les connaissances dont je disposais en août 2011, suivi d’une mise au point en novembre 2011 pour donner des précisions et corriger quelques manquements de la première version.
     
    Jamais l’homme n’avait produit autant de corium d’un coup. Three Mile Island, c’était une vingtaine de tonnes, Tchernobyl entre 50 et 100 tonnes (difficile encore aujourd’hui d’aller vérifier). Fukushima, c’est 64 tonnes pour l’unité 1 et deux fois 94 tonnes pour les unités 2 et 3, soit un total d’environ 250 tonnes de combustible fondu, sans compter les dizaines de tonnes supplémentaires de matériaux divers mêlés à ce magma.
     
    Comme le Japon, la France de 2012 ne possède aucune centrale équipée d’un récupérateur de corium. Selon l’IRSN, « dans les réacteurs actuels, si un accident grave menant à la fusion du cœur survenait, les matériaux fondus pourraient percer la cuve et s’écouler sur le radier en béton. La percée de ce dernier pourrait en résulter, ce qui conduirait à un relâchement de produits de fissions dans l’atmosphère ».
     
    Tepco savait qu’un meltdown avait eu lieu dès le 12 mars 2011. Pourtant l’opérateur a choisi de n’informer le public que deux mois plus tard. Le doute s’est alors installé durablement dans le public envers l’honnêteté de cette entreprise et l’ensemble de sa communication.
     
    explosion3.jpg2) Les explosions des unités 1, 2, 3 et 4.
     








    Jamais un site nucléaire n’avait subi autant d’explosions, touchant 4 bâtiments réacteurs différents. Voici le rappel de ces 7 explosions qui ont eu lieu en l’espace de 4 jours :
    - Samedi 12 mars, réacteur 1 à 15 h 36 : explosion de la partie supérieure du bâtiment. Le toit s’est effondré, produisant une propagation horizontale des nuages de poussière grise.
    - Lundi 14 mars, réacteur 3 à 11 h 01 : explosion en deux temps, une première visible sur le côté sud de manière horizontale avec un flash de lumière, et quasi simultanément une seconde qui souffle le toit de manière verticale produisant une colonne de poussière noire de plusieurs centaines de mètres de hauteur.
    - Mardi 15 mars, réacteur 2 à 6 h 10 : contrairement aux deux précédentes explosions sur les réacteurs 1 et 3, celle du réacteur 2 n'a pas été visible de l'extérieur et n'a pas détruit le bâtiment externe. L’explosion a endommagé la piscine de condensation de l’enceinte de confinement.
    - Mardi 15 mars, réacteur 4 à 8 h 00 : dans le hall d'opération du réacteur 4, une ou deux grosses explosions causent deux brèches d’environ 8 mètres de large sur l’enceinte extérieure du bâtiment abritant le réacteur. Puis, à 9 h 38, se produit une autre explosion suivie d’un incendie, au niveau de la piscine de stockage du combustible, qui s’éteint vers midi. Le 16 mars, à 5 h 45, un nouvel incendie  est déclaré. Il s’arrête vers 9 h 40.
     
    La version officielle de l’origine des explosions est l’hydrogène qui se combine avec l’oxygène. Or, si la plupart des explosions peuvent s’expliquer ainsi, celles qui ont eu lieu le 14 mars dans le réacteur n°3 font encore aujourd’hui l’objet de discussions.
     
    Par ailleurs, alors de que des dizaines de caméras étaient braquées sur le site nucléaire en crise, la vidéo de l’explosion du bâtiment réacteur n°4 du 15 mars 2011 n’a bizarrement jamais été divulguée. Le doute sur la volonté sincère de l’opérateur à vouloir communiquer en toute transparence se transforme en méfiance. Qu’est-ce que Tepco refuse de montrer ?
     
    pollutioneau.jpg3) La perte de confinement des réacteurs 1, 2 et 3
     





    Habituellement, l’industrie nucléaire explique au public que l’énergie atomique n’est pas dangereuse car il existe trois barrières pour confiner les radionucléides et éviter qu’ils se dispersent dans l’environnement. La première est la gaine de zircaloy, alliage composé principalement de zirconium, qui sert à enfermer les pastilles de combustible sous forme d’un long tube de 4 m de long. La seconde est la cuve en acier du réacteur d’une épaisseur de plus de 20 cm, et dont l’ouverture est recouverte d’un couvercle boulonné. Les tuyaux du circuit primaire font aussi partie de cette deuxième barrière. La troisième est l’enceinte de confinement qui est constituée de murs en béton d’une épaisseur dépassant le mètre et doublée d’une paroi en acier.
     
    A Fukushima, ces trois barrières ont failli pour les 3 premiers réacteurs. Lors d’un meltdown, la gaine de zircaloy fond et laisse s’échapper les pastilles d’oxyde d’uranium ou de plutonium. La première barrière est donc détruite rapidement en cas de surchauffe, d’autant plus qu’il a été démontré que les gaines de zircaloy commencent à éclater entre 700 et 900 °C.
     
    La seconde barrière, la cuve du réacteur, si elle est épaisse n’en est pas moins fragile : percée de dizaines d’ouverture ménagées pour diverses fonctions ‒ circuit primaire allant vers les turbines, circuits de refroidissement, trous pour les barres de contrôle (97 dans le réacteur n°1) ‒ elle n’offre que peut de garantie quand il y a meltdown. Pire, quand il y a melt-through, c’est-à-dire quand le corium perce le fond de la cuve ‒ ce qui est arrivé au moins au réacteur n°1 ‒ c’est l’ensemble du combustible qui pulvérise cette barrière.
     
    La troisième barrière, faite de béton armé semble la plus solide. Pourtant en cas d’accident, elle n’en est pas moins vulnérable à cause de la puissance des explosions et de la pression exercée. Pour le réacteur n°3, on a constaté par exemple que de la vapeur radioactive s’échappait du bord de l’ouverture de l’enceinte. Cette fuite a été prouvée par une vidéo et par des photos infrarouges, puis dernièrement reconnue par Tepco. Pour le réacteur n°2, même si on n’a pas pu constater de visu les dégâts dans la piscine torique, on a mesuré qu’il a provoqué un panache parmi les plus radioactifs des premiers temps de la catastrophe.
     
    Ainsi, en cas d’accident majeur, les trois barrières de confinement ne sont pas suffisantes pour empêcher une pollution majeure : à Fukushima, sur trois réacteurs en difficulté, il y a eu 100 % de défaillance.
     
    piscine4.jpg4) La menace permanente de la piscine de désactivation n°4
    Comme si la fusion de 3 cœurs, les 7 explosions et la perte de confinement de 3 réacteurs n’avaient pas suffi, l’accident de Fukushima a également dévoilé au grand jour le problème des piscines de désactivation qui n’ont pas d’enceinte de confinement. Ce n’est pas par hasard qu’au lendemain de l’explosion du bâtiment réacteur n°4, les Etatsuniens ont demandé à leurs ressortissants de s’éloigner de la centrale au-delà de 80 km. En prenant cette sage décision, ils avouaient implicitement qu’ils connaissaient les dangers de la perte de contrôle du refroidissement de la piscine 4. Le gouvernement japonais avait ensuite même envisagé d’évacuer dans un rayon plus large, avec l’éventualité de l’évacuation de Tokyo. Car si on n’avait pas réussi à ajouter de l’eau dans la piscine 4, l’avenir du monde aurait été sombre, car l’incendie de cette piscine aurait provoqué une pollution bien pire que celle de Tchernobyl.
     
    Mais on ne peut pas parler de cette éventualité seulement au passé.
    Car aujourd’hui, cette piscine, mais aussi celles des 3 autres unités réformées, sont toujours à l’air libre et menacent toujours le monde. Elles sont situées entre 20 et 30 mètres de hauteur dans des bâtiments qui ont tous subi des explosions, et conservent ensemble plus de 3000 assemblages représentant plus de 500 tonnes de combustible. La piscine du réacteur n°4 est la plus surveillée car les murs du bâtiment qui l’abrite ont été fortement endommagés par l’explosion du 15 mars (souvenez-vous, celle dont la vidéo est censurée). Malgré le renforcement de la piscine par du béton et de l’acier, elle n’en reste pas moins une menace permanente, comme une épée de Damoclès sur l’avenir de l’humanité. N’en déplaise au journaliste scientifique qui s’est plu à dénoncer il y a quelque temps la « désinformation » qui régnait à propos de cette piscine dans des journaux concurrents ou des sites indépendants ne reprenant pas fidèlement l’information officielle, la menace ‒ qu’il ne nie pas ‒ est bien réelle et ce n’est pas en recopiant les discours rassurants de Tepco qu’il réussira à la supprimer. Un séisme de magnitude 9 est toujours possible au Japon et peu de monde pense que le bâtiment réacteur 4, déjà fortement ébranlé, résisterait. L’urgence du transfert du combustible vers une piscine au sol est donc toujours de mise, et c’est pour cela qu’il est important de continuer d’alerter  les décideurs pour augmenter la rapidité d’intervention et les chances de réussite de cette opération. Tepco a récemment communiqué sur le sujet en prétendant accélérer le processus de transfert, et en annonçant une fin des travaux pour la piscine 4 fin 2014. Mais tout le monde n’est pas aussi optimiste ; le professeur Koide par exemple pense qu’il faudra bien plus de temps. Il faut espérer qu’il n’y aura pas d’autre tremblement de terre puissant durant toutes ces années de travaux et de transfert, sinon il y a une autre solution que d’attendre, on peut se battre pour que les travaux aillent plus vite.
     
    La conséquence immédiate de ces multiples désastres est la diffusion massive de radionucléides dans l’environnement. En décembre 2012, Tepco annonçait que pour les seuls Césiums 134 et 137, l’ex-centrale rejetait 10 millions de Becquerels par heure dans l’atmosphère, soit 240 millions de Bq par jour. Qu’en est-il des plutonium, strontium, américium, neptunium et autres poisons ? Tepco n’en parle pas. Qu’en est-il de la pollution de l’eau qui s’infiltre dans les sols ? Pas de nouvelle non plus. La seule info de la pollution de la nappe phréatique a été donnée le 31 mars 2011 : à cette date, un porte-parole de Tepco avait annoncé que la nappe phréatique située à environ 15 m au-dessous de la centrale avait une teneur en iode 131 dix mille fois supérieure aux normes autorisées.  Depuis, silence radio sur l’évolution de cette pollution, ce qui est absolument anormal. Donc nous continuerons notre veille et nous en parlerons dès que nous aurons des informations sur ce sujet. En attendant, même si Tepco ne fournit pas les mesures, il est évident que ces rejets ont provoqué une pollution irrémédiable des terres, des nappes phréatiques et de la mer.
     
    Avec le nouveau gouvernement élu en décembre, le Japon a choisi de vivre dans le déni du danger nucléaire. On continue à brûler des déchets radioactifs dans tout le pays, on autorise les habitants des zones rouges à passer le nouvel an dans leurs maisons contaminées, on promet de remettre en route les centrales nucléaires arrêtées, les enfants des écoles continuent de porter des dosimètres et de mordre la poussière radioactive invisible. Tout est en place pour une grande catastrophe sanitaire à venir. Malgré tout, en 2013, le blog de Fukushima continuera à soutenir le combat des Japonais qui veulent un monde sans nucléaire en veillant à ce que l’information circule, en restant vigilant pour toujours dénoncer les mensonges de l’industrie nucléaire, les dangers des faibles doses et les chimères de la décontamination des terres.

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  • NHK, le 29 octobre à 4h46 TU (13h46 au Japon) soit 5h46 en France, heure d'hiver.

    La ville japonaise qui accueille la base aérienne US de Futenma a adopté une résolution pour protester à la suite de l'arrestation de deux militaires US pour avoir violé une femme.

    La municipalité de Ginowan, sur l'île d'Okinawa, a approuvé à l'unanimité la résolution de ce lundi. La session d'urgence s'était réunie à la suite de l'arrestation de deux marins US le 16 octobre. La résolution exprime  que l'exigence du renforcement d'une discipline et de mesures de  prévention à la suite d'incidents criminels et d'accidents passés mettant en cause du personnel militaire US, a échoué à produire des résultats.

    Cette résolution précise que le dernier en date de ces incidents est survenu alors que les résidents étaient déjà très en colère contre le déploiement de transports de troupes Osprey à Futenma. Elle ajoute que la colère et la défiance des gens d'Okinawa envers les militaires US a atteint un pic ; qu'Okinawa supporte encore un fardeau disproportionné de l'occupation par des installations militaires US au Japon, 67 ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Elle presse les gouvernements des deux pays pour qu'ils s'excusent auprès des victimes, pour qu'ils prennent des mesures préventives sévères, et qu'ils restituent rapidement à Okinawa la base de Futenma.

    L'assemblée déclare qu'elle va soumettre la résolution au Consulat Général des États-Unis à Okinawa, et au Ministère de la Défense japonais.


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    Il semble bien que même les Japonais, et en particulier ceux d'Okinawa, supportent de plus en plus mal cette occupation par des troupes US de bases sur leur sol. Il faut se souvenir que des bases US de différentes tailles au nombre d'un millier sont disséminées ainsi sur le monde entier. En termes militaires, on appelle cela un quadrillage. La Terre entière est en otage ainsi. Si ce n'est pas une occupation, une invasion tous azimuts, cela y ressemble bien. Est-ce cynisme ? Est-ce une volonté délibérée ? Le Pentagone considère cette occupation comme parfaitement normale, et correspondant à "sa mission" auto-appliquée de gendarme du monde faisant régner "sa" loi.

    (traduction avec les éventuelles coquilles habituelles)

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