A Monsieur Christian de Lavernée
Préfet de Loire-Atlantique
6 , quai Ceineray
44000 NANTES
Le 20 octobre 2012
Monsieur le Préfet,
Probablement à la demande (ou sur ordre) de Monsieur Jean-Marc Ayrault, ancien maire de Nantes, et actuellement Premier ministre, vous avez dépêché moult troupes de maintien d'un certain ordre*, matériel, logistique, etc... Comme moi, vous êtes sans doute convaincu que le retour de ce certain ordre * ne se fera que par une prolongation très importante de ce dispositif. C'est la collectivité tout entière qui paiera ce déploiement.
A moins d'être aveuglé par la notion de "l'ordre vient d'en-haut" sans discernement, posture qui serait indigne d'une élite de la Nation, et dont je ne pense vraiment pas qu'elle vous ressemble, ne vous est-il pas venu à l'idée que l'opposition à la mise en place d'un nouvel aéroport surdimensionné dans l'Ouest, et singulièrement à cet endroit-là, pouvait être profondément légitime ? Portée par des élus du secteur, ceux qui connaissent bien le terrain, portée par de nombreuses associations qui ont pris la peine d'analyser toutes les données du dossier, au point d'en confier l'audit approfondie à un cabinet extérieur, indépendant et neutre, portée par des Partis politiques qui ont longuement réfléchi avant de s'y investir, cette opposition est tout sauf un simple feu de paille, une simple négation instinctive et puérile. Elle témoigne d'une vraie prise de conscience de l'avenir non tel qu'il est décrit par les médias, trop inféodés à leurs propriétaires, mais tel que la simple réflexion en groupe la décrit.
Un certain gaspillage de la Planète est mort, même s'il ne le sait toujours pas. Les ressources sont limitées, les ambitions de certains grands financiers illimitées. Tôt ou tard, le télescopage entre ces deux données sera violent, d'autant plus qu'il aura tardé. La construction de l'aéroport, ce projet pouvait paraître viable il y a cinquante ans, date des premiers travaux sur la question. Aujourd'hui, il est devenu terriblement obsolète avant même le premier coup de pioche.
Qui plus est, notre pays exsangue ne peut pas supporter un tel coût, qui selon les experts indépendants serait très supérieur aux estimations volontairement optimistes des ingénieurs "maison", surtout si l'on tient bien compte de facteurs qu'ils ont jugés anodins ou qu'ils ont écartés sans en tenir compte. La manne que ces travaux pourront apporter est déjà sujette à caution, car de moins en moins de personnes pourront prendre l'avion, de moins en moins de ressources seront disponibles pour en construire de nouveaux, de moins en moins de carburant, devenu de plus en plus onéreux, sera utilisable pour ce gaspillage.
Toutes ces données font que vous ne pouvez tout simplement pas soutenir par votre concours en hommes et matériel une répression parfaitement illégitime. Sans compter que, par une attitude intransigeante, vous pouvez rendre détestable un gouvernement déjà brocardé, critiqué, usé en moins de six mois.
Monsieur le Préfet, en votre âme et conscience, faites rentrer dans leurs casernes les gardiens de la paix, ce sera le plus grand souhait que les citoyens éclairés pourront vous faire.
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Préfet, l'expression de mon plus profond respect envers la République que vous représentez ici.
babelouest
citoyen français
* un certain ordre, c'est celui qui ne veut "voir qu'une seule tête". Dans le pays de la Liberté, de l'Égalité et de la Fraternité, c'est quelque chose qui n'est plus concevable.