• Ces jours-ci, à l'occasion du décès de Hugo Chavéz certains discutaient gravement de religion, sans connaître le plus souvent ce qu'elle représente en Amérique du Sud.

    Probablement ces personnes ont-elles du mal à penser que la question n'est pas là. Les Amérindiens sont des croyants, à leur manière, qui n'ont nul besoins des fatras que les clercs accompagnant les hordes de Hernan Cortés, FranciscoPizarro et d'autres ont tenu à leur inculquer par la force. Revenons aux sources, aux sources lointaines.

    galaxies vues par le télescope Hubble
    Notre petite planète (petite même à l'échelon de notre système solaire) est l'une de celles qui tournent autour de ce bon vieil astre du jour. Celui-ci à son tour "se balade"à 4,23 années-lumière de son plus proche copain, l'étoile Proxima du Centaure. Une année-lumière c'est, en arrondissant, dix mille milliards de kilomètres : une plaisanterie. Or des étoiles, rien que dans ce qu'on appelle la Voie Lactée, il y en a tout de même, à la louche, 200 à 400 milliards, dont environ cent milliards ont des planètes, et 17 milliards des planètes de taille proche à la nôtre. Cela remet les choses en place...

    Sauf que des galaxies comme notre Voie Lactée, toujours à la louche et avec les yeux bandés, il y en a au moins plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de milliards aussi. Tout le monde suit ?

    Ceux qui s'imaginent avoir un dieu pour eux tout seuls ont, comment dire, un peu de prétention. C'est pourtant ce qui se passe, avec de la part de certains une anthromorphisation forcenée d'un type barbu, grondeur souvent, indulgent parfois : on rigole ?

    Ces réducteurs de dieu oublient donc cet Univers autour d'eux, si grand qu'ils n'en ont aucune idée, et qu'ils l'oublient sciemment ou bêtement. Or cet Univers, est un réservoir inépuisable de forces apocalyptiques, forces magnétiques, lumineuses, gravifiques, interactions faible et forte des composants des noyaux d'atomes, on en passe, et des meilleures. Ce serait négligeable ?

    la plaque posée sur la sonde Pioneer 10
    C'est d'autant moins négligeable, que parmi ces milliards de planètes qui tournent autour de milliards d'étoiles, un nombre non négligeable aussi est nécessairement habité par des êtres pensants. Carl Sagan, qui "inventa" en quelque sorte l'exobiologie, avait établi une équation compliquée sur base de statistiques, d'où il ressortait que, rien que dans la Voie Lactée, il y avait approximativement deux millions de planètes où vivent des congénères, des penseurs. Bien entendu, vu les distances, pas question de communiquer. Mais cela n'empêche pas une certitude : selon la belle phrase de Giorgio de Santillana, "Il pense, dans l'Univers", dans le même sens où l'on dit "il pleut".

    Il ne faut pas se leurrer : les pensées de tous ces êtres contribuent nécessairement, par leur degré d'abstraction nécessaire, à canaliser les forces qui environnent tout l'ensemble. Forces le plus souvent impossibles à appréhender (à part pour nous autre pauvres terriens grâce à l'œil, à l'oreille, et au toucher appréciant le chaud et le froid). Forces cependant puissantes, et existant partout. Forces aussi qui existent depuis le premier milliardième de milliardième de seconde de l'univers, quand brutalement il a surgi d'une autre probabilité d'existence. Tous s'est enclenché, tout s'est mis en place par interactions des forces possibles, y compris le temps qui a fait son apparition en même temps. "L'univers m'embarrasse, et je ne puis songer Que cette horloge existe et n'aitpas d'horloger." disait Voltaire dans une poésie. En fait l'horloger est l'Univers lui-même qui, par essais et erreurs accomplis en quelques milliardièmes de microsecondes, a pris les briques qui "collaient" entre elles, et en même temps délaissé d'autres, peut-être séduisantes, mais ne convenant pas.

    L'Univers a donc créé lui-même son propre environnement, dont selon les hypothèses les plus récentes nos sens et même nos instruments ne peuvent détecter qu'un petite partie. Conjugué à cette pensée qui plane partout au même titre que les autres Forces, c'est une synergie phénoménale qui est là, à la disposition d'un élément de cet Univers un peu plus sensitif que d'autres. C'est ainsi que sont arrivés des contemplatifs, des humains ou d'autres êtres qui savaient "se mettre en phase". Probablement des animaux en sont-ils capables, peut-être même plus que des humains souvent. Sans doute au départ, sont-ce des gardiens du sommeil de leurs semblables qui prirent ainsi la mesure de leur petitesse sous le ciel étoilé, et devinrent les premiers médiateurs (d'aucuns diraient "prêtres"). Mais chacun, bien entendu, peut obtenir le même résultat en se concentrant.

    C'est ainsi que furent inventés des dieux, celui du soleil, de la lune, de la foudre, de l'eau, de la fécondité, et c'est ainsi aussi que d'autres ont cru bon de parler d'un dieu unique, tout aussi unique que celui du voisin, et que des guerres sont nées de ces inconciliables de pacotille.

    Pourtant l'Univers, à sa manière, EST le dieu unique, pour simplifier. En se concentrant, on peut prendre à bras le corps sa force, mais le plus souvent ces tentatives soit sont peu cohérentes, soit n'aboutissent à rien. La Force est là, mais peu de personnes peuvent parfois actionner la clef de démarrage. C'est de ce côté parfaitement aléatoire que découlent "les miracles" : les docteurs de Lourdes, par exemple, malgré leur piété probable, n'ont pour autant accepté en tant que tels que 68 "guérisons spontanées". La masse de personnes synchronisées par "la prière" est pourtant énorme là-bas. Les résultats, à la fois sont infimes en nombre, et en même temps existent bien même si cela n'a rien à voir directement avec une "apparition" déjà lointaine dans le temps.

    Il ne s'agit donc pas d'être mystique. Au contraire, une rectitude scientifique est préférable, pour éviter de tomber dans les "bondieuseries", comme on dit, de pacotille. Il ne s'agit même pas de "croire en Dieu". La croyance (certains disent la foi) fait mauvais ménage avec la science. N'est-ce pas Pierre-Simon Laplace qui avait rétorqué à Napoléon l'interrogeant "Je n'ai pas besoin de Dieu dans cette hypothèse", à propos du système solaire ?

    Oui, il existe bien un principe, qui est l'ensemble de l'Univers vu comme une Force unique, "Un Dieu" pour ceux qui tiennent à ce terme avec le risque de le faire dériver vers le n'importe quoi. Sans doute même, les religieux, en le personnalisant, le perdent-ils en chemin précisément. C'est pourquoi, par prudence, vaut-il mieux se qualifier d'athée pour couper court à toute interprétation biaisée. Mieux vaut en rester à l'aphorisme de Hermès, "tout est dans Tout, et réciproquement". Ou dit autrement, le moindre grain de sable appartient à l'Univers, et celui-ci est en lui.

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