• Décidément, nos amis les blogueurs de gauche se déchaînent. Voici encore un document essentiel, à verser au crédit de JPD le Petit Blanquiste.

     

    21 février 2013

    Vigné d'Octon et les crimes coloniaux de la République

    Paul Vigné d'Octon.PNGA un moment où l’armée française nous rejoue sans gloire la prise de Tombouctou, le moins qu’on puisse faire est de rappeler comment, à une autre époque, d’autres soldats de la République ont martyrisé cette région d’Afrique.

    Paul Vigné d’Octon, médecin de la Navale, affecté au Sénégal puis en Guinée dans les années 1880, en a été le témoin révolté.

    En 1885, il accompagne une colonne d’infanterie de marine chargée de consolider le contrôle de la France sur la région des Rivières du Sud (Guinée actuelle) alors divisée par des rivalités entre deux chefs locaux. La mission est d’appuyer un camp contre l’autre en supprimant trois villages et en faisant disparaître leurs chefs. Les villages sont effectivement brulés et leurs chefs abattus avant que la troupe française se replie abandonnant le terrain à ses supplétifs qui torturent et achèvent les blessés. [1]

    Ecœuré par cet épisode et par bien d’autres, et désireux de témoigner de tout ce qu’il voit, Vigné expédie d’abord des articles à des journaux sous des pseudonymes divers puis démissionne finalement de l'armée.

    Peu après, il se présente à la députation dans sa circonscription de l’Hérault. Il est élu et sera réélu deux fois. [2]

    A la Chambre des députés, il accuse la politique coloniale de la France et s'oppose à l'octroi des crédits destinés à financer les expéditions militaires.

    Quand il interpelle le chef du gouvernement c'est pour lui demander de mettre fin à la politique de conquête coloniale, cause de « ces actes abominables » qui « porteraient à croire que les véritables sauvages ne sont pas au Soudan ». [3]

    C'est lui encore qui dénonce le massacre perpétré dans le village d’Ambike à Madagascar. Un adjoint de Galliéni, gouverneur de l’île, commande ce meurtre de nuit contre une population endormie. Mitraillées ou éventrées à la baïonnette, les victimes (femmes et enfants compris) se comptent entre 2.500 et 5.000.

    « Quand il fit grand jour, la ville n’était plus qu’un affreux charnier dans le dédale duquel s’égaraient les Français, fatigués d’avoir tant frappé », raconte Vigné.

    En 1899, il sera celui qui révèle les crimes que l’armée française est en train de commettre en Afrique où, durant une mission de reconnaissance sur des territoires situés entre le Niger et le Tchad, deux officiers, le capitaine Voulet et le lieutenant Chanoine, se livrent à des massacres monstrueux jonchant leur parcours de milliers de cadavres, et de villages dévastés et incendiés.

    Le gouvernement finira par ordonner l’arrestation des deux officiers mais l’affaire est enterrée par la Chambre des députés qui rejette à une écrasante majorité la commission d'enquête demandée par Vigné.

    En 1910, Vigné obtient du gouvernement l'autorisation de conduire une mission d'information en Afrique du Nord au désagrément des milieux coloniaux qui le redoutent, certains le considérant « plus dangereux que les criquets »...

    Persuadé que le gouvernement allait censurer ses rapports, Vigné les fait publier dans les colonnes du journal antimilitariste La Guerre sociale, puis les regroupe dans une brochure intitulée La Sueur du Burnous. Il y dénonce notamment les spoliations des meilleures terres tunisiennes : « On ne compte plus le nombre de tribus qui après avoir été chassées des terres assez fertiles qui les nourrissaient et refoulées sur un sol ingrat, en ont été dépouillées le jour même où l’on y découvrit des richesses minières à exploiter... »

    Après la guerre 1914-1918, il publie un nouveau pamphlet où il condamne entre autres les atrocités de la guerre menée en Syrie et au Liban lors de l’expédition du général Gouraud.
    Ho Chi Minh A.JPGC'est aussi à cette époque, qu'un jeune vietnamien Nguyen Aï Quoc (le futur Ho Chi Minh) demande à le rencontrer. De leur travail en commun  à la Bibliothèque nationale, celui qui conduira les guerres de libération de son pays contre la France et les Etats-Unis puise des éléments qui contribueront à l’écriture de deux de ses brochures : Les opprimés et Procès de la colonisation. [4]

    Il est devenu de bon ton d’affirmer que les crimes et exactions qui accompagnèrent les conquêtes et les occupations coloniales se sont déroulées dans un silence complice généralisé et que ce serait un archaïsme d’affirmer le contraire. L’exemple de Paul Vigné d’Octon nous montre que c’est faux. Même à contre-courant, il y a toujours eu des opposants à l'impérialisme français et à ses crimes. Aujourd'hui, encore !

    ●●●

    [1] Le même scénario semble se reproduire aujourd’hui quand, après avoir pris le contrôle d’une ville, l’armée française la livre à l’armée malienne qui y procède à des exécutions sommaires de Touaregs et d’Arabes.
    [2] La base de données de l’Assemblée nationale ne lui consacre aucune biographie.
    [3] Il s’agit, au temps de l’Afrique occidentale française, du « Soudan français » ou « Soudan occidental » devenu aujourd’hui le Mali.
    [4] En exergue de ce dernier écrit, Ho Chi Minh place une citation de Paul Vigné d’Octon : « Après avoir volé des terres fertiles, les requins français prélèvent sur les mauvaises terres des dîmes cent fois plus scandaleuses que les dîmes féodales. »

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  • Mon ami Rem* me fait l'honneur de cette nouvelle version d'un article qu'il a déposé chez Ruminances il y a quelques jours. Je l'en remercie. Il semble, selon lui, qu'il ne soit que la conclusion d'un ouvrage bien plus vaste dont il parlera sans doute. Place à l'écrivain engagé.



    TINA soit qui MALI pense !
    23 janvier 2013, IN EXTREMIS !!- L'actualité m'impose d'interrompre mes corrections (avec l'aide de quelques ami(e)s, merci !) pour reprendre plume imprévue... : Tout d'abord, de l'amie Martine - qui illustre la couverture - voici son bel article, paru sur «Ruminances» le 19 janvier 2013. Puis ma réaction. 

    Aminata Traoré, ma sœur


    «Les gens connaissaient leurs difficultés, nous vivions dans une situation sur-réactionnelle au Mali».
    Aminata Traoré dénonce en tant que Malienne, ancienne ministre de la culture, femme politique, écrivaine, humaniste, altermondialiste et essayiste, engagée, y compris sur le plan artistique, et, surtout, femme de ce monde...
    Aux dernières nouvelles, Aminata était contre une intervention militaire internationale au Mali. Elle craignait, entre autres choses, la maltraitance faite aux femmes en représailles, quels que soient les clans auxquels elles appartiennent.
    Elle avait peur aussi d’un jugement fait à l’emporte-pièce sans prendre en compte la trame de la situation globale des forces existantes, entraînant forcement des conséquences catastrophiques et injustes.
    Enfin, la soumission des peuples qui s’en suivront avec l’installation plus profonde du monde marchand qui pillera inévitablement, plus qu’à l’accoutumé, les terres dévastées, sous un prétexte ou cause détournés.
    Le peuple des Touaregs devient le peuple à abattre, alors qu’ il est victime de misère, comme tous les peuples africains, sauf que les conditions géographiques, géopolitiques, ont précipité beaucoup d’entre eux dans une lutte devenue religieuse, venue de Libye après avoir transité par l’Irak.
    Aminata Traoré considère que les pays africains sont des peuples soumis et poussés à la libéralisation par les institutions internationales, les appauvrissant jusqu’à la rupture. Le même processus d’austérité qu’en Europe, les africains y sont accoutumés depuis plusieurs décennies : une dette imposée, impossible à rembourser, des prêts d’argents consentis par le FMI à la condition de laisser s’installer multinationales et libéralisme. 
    Pour elle, le printemps arabe n’a rien à envier à la lutte pour la démocratie passé il y a une vingtaine d’année au Mali. Les peuples du nord de l’Afrique pourraient prendre leçon du passé Malien... Le problème reste l’emprise de la globalisation mondiale et de la mainmise du monde marchand sur les dirigeants africains restaurant rapidement l’anti-démocratie, favorisant l'éclosion d’élites et l’aggravation de la pauvreté, le retour à la soumission. Le capitalisme corrompt les relais élus sur place qui deviennent les 1% de maliens prospères naviguant dans les affaires, laissant les autres dans une pauvreté extrême. Ainsi la corruption grandit dans le sens où, comme on le dit en Côte d’ivoire, « débrouiller n’est pas voler ».
    Il faut bien trouver un moyen de survivre en Afrique, quand les terres sont arrachées aux agriculteurs, quand les eaux sont vidées des poissons par les multinationales qui exploitent aussi à grande échelle toutes les matières premières à moindre retour. La pollution ouverte à tous les excès. Il n’y a pas de travail, les fonctionnaires, sauf les gradés, ne sont pas payés. Idem dans le privé. Que reste-t-il aux gens ? L’immigration… Il y a aussi l’enrôlement dans l’armée de fanatiques en rage et le milieu mafieux de la drogue.
    « Quand on broie les peuples il ne faut pas s’attendre à ce qu’ils restent assis », dit Aminata Traoré en juin dernier, étonnée que l’on ne fasse cas du peuple malien qui se rebellait : « Les occidentaux sont naïfs, il faut cesser de croire à cette démocratie et voter ne sert à rien. Celui qui sera élu sera celui qui a le plus d’argent et s’il a de l’argent c’est qu’il est le plus corrompu. La Cédéao (CDAO) est dépendante du système extérieur et les peuples africains sont coincés sans pouvoir y échapper. S’il en avait été autrement, si les Touaregs avaient pu vivre dignement, jamais ils ne se seraient fourvoyés avec les combattants islamistes. » 
    « Il faut que les africains profitent que l’Europe soit en crise et en perdition pour se réinventer des solutions d’existence conformes à l'esprit de communauté traditionnel» (Aminata Traoré - La démocratie ne suffit pas par legrigriinternational). « Il faut cesser d’adhérer au système européen imposé alors que justement il est en train de se perdre. Tant que le système de la mondialisation restera basé sur la prédation et la subordination, nous vivrons dans un contexte d’insurrection. La meilleure façon de s’en sortir c’est de comprendre tous les enjeux et voir ce qui se passe réellement sans se boucher les yeux. »
    Intéressant discours, non ?... Aminata Traoré s’est beaucoup investie dans l’art Africain pressentant qu’il y avait dans cette activité un des débouchés. Elle lutte encore dans ce domaine, même en occident pour la libération et la promotion de l’art qui est l’image des peuples. Je suis heureuse en tant que femme, en tant qu’artiste, de savoir qu’il existe un être comme elle qui a le courage encore et encore d’affronter la réalité avec tant d’objectivité sans se laisser corrompre. Je loue son livre « Le viol de l’imaginaire »qui a sa sortie, il y a déjà plusieurs années, m’a donné le sentiment de me sentir moins seule.
    « TINA soit qui MALI pense »
    Rappel : TINA est l'acronyme de «There Is No Alternative» de Margaret Thatcher. Tel n'est pas du tout l'avis d'Aminata Traoré, nous rappelait Martine le 19 janvier 2013. Mais ce ne sont que deux femmes suspectes de vaines prétentions à la lucidité !
    L'important est l'avis de deux messieurs-biens, lucides présidents de la Françafrique, pardon de la 5° République Française. Le premier dans un historique discours hystérique du côté de Dakar, le second dans un historique acte hystérique du côté de Bamako. Deux variantes d'une même continuité politique «grandiose» (mais dans le «changement», ment le second). Celle d'une France Éternelle, ô cocorico, qui fut coloniale (sans -iste!) pour la saine évolution de pauvres sauvages vers les beautés, blabla, de LA civilisation que l'on sait... : car on l'a tous sur le dos, la TINA !
    Certes, avoue implicitement le discours de Dakar, la France a eu quelques ratés dans sa glorieuse époque de «grande mission civilisatrice», puisque les pauvres africains «souffrent toujours de n'être pas assez rentrés dans l'Histoire», a-t-il osé dire entre autres fadaises de mépris arrogant. Et son successeur, bien autant arrogant, prétend voler au secours du Mali par les armes. En tardif pompier d'un incendie qu'alluma son ancêtre politique : le si «grand humaniste» Jules Ferry, à la fois théoricien de notre sainte école publique et de notre sainte colonisation, excusez du peu.

    Ils ont tout faux, ces deux messieurs. Ces deux dames ont tout raison. Elles et tous les peuples d'Afrique et d'ici, qui ont sur le dos «les bienfaits de la civilisation», versus Mme Thatcher and so on : «TINA ! ... : Le libéralisme est là, renard dans le poulailler, c'est LA liberté du capitalisme triomphant. Qui fera SEUL l'Histoire, désormais... prétendent-ils (car «la Dame de Fer en avait deux grosses» moquent des écossais, amusés du fait qu'elle refusa, par décence, de porter le kilt!)...

    On ne peut comprendre l'actualité du Mali sans la replacer dans la si vaste Afrique :
    Les peuples d'Afrique bien autant que ceux d'ici et de partout, ont fait, font et feront l'Histoire. Pour se limiter à la seule Afrique Noire et aux récentes périodes anticolonialistes, les africains ont à peu près tout tenté, avec grand courage, face à l'envahisseur «civilisateur». Surtout pilleur et incendiaire... Après y avoir été tant esclavagiste pour leur Amérique... Et avant de jouer au pompier-pyromane.
    Il y eut de grands faits d'armes anciens, pour la plupart inconnus de nous (l'Histoire est encore loin d'être impartiale) mais pas des griots, donc des traditions. Puis, plus récemment, sont nées de grandes actions politiques audacieuses, grâce à une multitude d'anonymes. Et marquées de ces quelques noms : Patrice Lumumba, Nelson Mandela, Kwaine N'Krumah, Sékou Touré, Thomas Sankara, Amilcar Cabral, Augustino Neto, Eduardo Mondlane... et au Mali, enfin, Modibo Keita.
    Le point commun de tous ces leaders fut de se réclamer «Africains», pour une unité africaine perdue par des frontières aberrantes post-coloniales. C'était du temps de la dite «guerre froide» et des chauds maquis (ou coups d'états), plus ou moins inspirés par divers marxisme-léninismes. Dégénérant souvent (comme en URSS...) en conflits politicards !... Cette période anti-coloniale puis post-coloniale a beaucoup souffert de ces caricatures de «révolutions mode marxiste» en modèle très inadapté. Manœuvré souvent par l'URSS, Cuba, La Chine... avec scissions fomentées par les USA, la France, etc. : bon merdier pour petits politiciens et gros affairistes. Et surtout misères s'aggravant lourdement(migrations intérieures, inter-régionales, vers le riche Nord)...
    Le MALI, à sa façon, est une espèce de caricature-résumé de toutes ces misères héritées du colonialisme. D'abord par la pireextravagance de frontières artificielles intenables, qui ne furent que bêtes divisions de zones militaires provisoires entre petites armées françaises rattachées à un commandement soit à Alger soit à Dakar !...
    La caricature continue avec l'appellation coloniale de «Soudan Français». Qui, à l'indépendance (59/60) deviendra MALI. Mais... après rocambolesques aventures de «Fédération du Mali» (nom de l'ancien empire régional du 13°siècle), avec le Sénégal. Hélas son président L.S. Senghor finira par rejoindre le point de vue pro-Francafrique de F. Houphouët-Boigny («la Côte d'Ivoire ne veut pas être la vache à lait d'une fédération romantique»). Et l'essai de panafricanisme capote, après avoir tenté la Haute-Volta (Burkina-Faso) et d'autres : Ghana, Guinée, Togo. Oui, Modibo Keita est grand panafricain. D'ailleurs, il proteste contre les essais nucléaires français au sud algérien voisin, reconnaît le GPRA avant l'indépendance de l'Algérie, expulse les dernières troupes françaises du Mali en 61 (... revenues en fanfare aujourd'hui !!).

    La misère du Mali n'a cessé de s'aggraver, pire encore que chez ses voisins, depuis. Entre autres, les spéculateurs sur le cours du coton ruinent la grande ressource du Mali. Le «libéralisme» de TINA le veut. Puisque c'est le remède de cheval pour «assagir» (assassiner!) un pays qui fut tenté par une «3°voie» (non alignée et socialiste) d'une époque révolue. SAUF QUE NON... : IL Y A des ALTERNATIVES !
    Après l'échec (mondial) de l'alternative «communiste» aux sauces staliniennes ou maoïstes, voici notre nouveau choix devant le mur de TINA. Soit la révolution «d'en bas», sage-populaire, soit la pseudo-révolution «d'en haut», élitaire-délirante.
    -Soit«d'en bas» le genre indignés, versus Grèce,etc. ou versus «printemps arabe» et autres (Birmanie, Bolivie, n. zones à défendre) : Multiformes mouvements libertaires, sorte de révolution rampante qui prolifère par immenses variations locales, d'avenir. Celui de la Justice Sociale. De l'élémentaire Liberté...irrépressible pulsion de vie.
    -Soit«d'en haut», révolutions de l'élite de ceux qui savent, (car Dieu les a choisis!), genres évangélistes yankees, catho-intégristes d'ici, radicaux hébraïques d'Israël, divers islamistes-du-djihad. Volontiers kamikazes et sanguinaires pour les pires : là, ils sont, comme les autres, escrocs religieux - mais bien plus mis «en vedette». Notamment grâce à l'abcès de fixation que la mouvance Al-Qaïda a pu créer dans le Nord Mali, si loin de tout (même de Bamako) : Après sa naissance par son fracassant succès du 11/09/2001, ses échecs en Algérie, en Afghanistan-Pakistan, ailleurs...
    Alors, oui, bien sûr, comme tout le peuple malien, tous les africains, tout le monde, je suis atterré des invraisemblables exactions de fous de Dieu qui violent, coupent des mains, tuent, pillent, bref des fous furieux. Brigands surarmés par les stocks d'armes de l'ex-régime du fou furieux Kadhafi *, lequel est remplacé par … à peu près rien !

    Mais ces bandes, capables de ce pire-là, ont aussi une élite de très jusqu'au-boutistes disciplinée, capable d'un très grand coup contre les «infidèles» sur une exploitation gazière d'Algérie à In Amenas. Le plus important coup depuis le 11 septembre2001, peut-être. C'est une «opération coup de poing» dans une tradition des certains maquis (qui par exemple infligèrent en Espagne la première défaite aux conquêtes napoléoniennes) : Ces combattants là seront «hors-la-loi, terroristes» si vaincus, ou «héros patriotes» s'ils finissent par gagner. Or l'armée algérienne se revendique être fille des moudjahid des maquis, vainqueurs de l'«Algérie Française» d'il y a 50 ans. Elle n'a donc jamais toléré que d'autres maquis puissent naître depuis contre elle. Alors que les injustices sociales dues à «l’État FLN rentier du pétrole » se sont très, très aggravées : Dans un régime policier si puissant, si corrompu-corrupteur, les revendications populaires, faute de mieux, ont donc été canalisées par les islamistes. De plus en plus extrémistes au fur et à mesure qu'ils furent battus et repoussés au sud.
    Donc, au Sud-Sahara, après établissement de leur grande «base arrière de l'Azawad», - odieusement chipée au légitime mouvement Touareg autonomiste -, ils reviennent à la conquête de l'Algérie ! : Tel est le schéma de la stratégie de cette mouvance islamiste. Mais la réalité est bien différente : ces islamistes là ne sont plus dans le peuple algérien, mais bandes de brigands sans FOI ni LOI, sinon de tout justifier au nom de Dieu, et d'abord leur terrorisme atroce sur... d'autres musulmans !

    Beaucoup trop de mouvements insurrectionnels connaissent ce genre de dramatiques dérives. Hier : Tupamaros d'Uruguay, Sandinistes d'Amérique Centrale, Bolivariens de Colombie (etc.) avaient chaude intimité avec les revendications populaires. Faute d'avoir pu prendre le pouvoir, ils se sont étiolés et, souvent, résignés à survivre de trafics lucratifs, drogue principalement. Le cas des Talibans en Afghanistan et Pakistan est de pire dérive... et la dérive s'étend (via Soudan...et Internet !) au Sahara.
    Pendant ce temps le «printemps arabe» des révolutions vraimentpopulaires a pu enfin naître, fragilement. Renversant au moins trois despotes, Ben Ali, Moubarak, Kadhafi, menaçant le 4°, El-Assad-le-coriace. Fragilement puisque l'expérience d'une société se libérant toute seule de tels poids est neuve. Et que de «vieux chevaux de retour» affluent. Certains libérés de prison ou d'exil (pour des opposants politiques laïcs et d'extrême-gauche). D'autres recouvrant libre expression publique, après être restés discrètement actifs dans leurs vastes réseaux sociaux : les frères-musulmans.
    Cette appellation (officiellement «confrérie») est très souple, un peu comparable à la vaste «démocratie chrétienne» d'Europe depuis un siècle. A l'époque, d'ailleurs, les bons bourgeois des deux religions s'entendaient sur un point fondamental : «nous sommes des élites en charge de nos peuples ignares, à guider par la religion», et divergeaient sur le nom de cette religion !... Mais, tous deux, animèrent d'utiles services sociaux... en restant ambitieux de conquérir le pouvoir. Avec dérives fatales...

    Retour au Mali, dont les pouvoirs étatiques sont quasi nuls et dont les misères du peuple sont quasi inimaginables. Ce serait une nouvelle Somalie si les islamistes sahariens parvenaient à Bamako ! Rappel : la Somalie fut abandonnée au rapport bénéfice/coût d'intervenir dans cette pauvre «corne d'Afrique». Donc abandonnée aux pires pirates. Mais le Mali (même s'il n'a que de potentielles mines d'or) a une position stratégique entre Algérie et Nigeria pétroliers. Est voisin des belles mines d'uranium du Niger si indispensables à la France. Voisin du Sénégal et de Côte d'Ivoire, où tant s'exerce «notre» Françafrique (officiellement reniée)... Et puis, cocorico encore, cette démonstration de force française au Mali est «vendeur» de «notre» beau joujou Rafale aux princes du Golfe Pétrolier. Ces schizophrènes-graves qui trouillent sur leurs pétrodollars, les dispersent aux Djihad... Attaqués par ces joujoux made-in-France. Au prestigieux «cocorico» à défaut d'être vraiment riche ! 
    Les voisins du Mali sont presque autant fauchés que le Mali, en tout cas incapables de concrétiser sur le terrain leur solidarité militaire tant affichée en beaux discours... :
    Le club de la riche Europe a la même réalité que de la pauvre CDAO : égoïsmes et beaux discours de solidarités... (et l'ONU ? : pire blabla!) : Le FMI, lui, gouverne...
    Bref, ni les Maliens, ni les Algériens - ni les Touareg, encore une fois grands perdants de leur Azawad si juste - ni personne, surtout pas les musulmans (parfois réjouis par des coups d'éclats tels qu'à In Amenas) ne peuvent attendre qu'on agisse à leur place. D'abord celle des Maliens «aux premières loges». La malienne Aminata Traoré est très lucide, elle est très convaincante. Merci, Martine de ton billet sur «notre sœur-courage» que je salue comme toi !...
    Rem*

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    * Juste un aparté concernant l'ancien guide Kadhafi : de grands journaux français, à l'époque plus objectifs qu'aujourd'hui, ne l'avaient pas jugé ainsi. (documents de 1973 à 1987) Pauvre Libye, pauvre Mali, pauvre Afrique !
    bab

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  • L'homme de l'Élysée (non, pas du Picardie) fait donc "sa" guerre, dans un lieu dont je crains qu'il ne le connaisse mal. Le voilà soudain conquérant. Il ne s'agit pourtant pas de sauver "nos fils et nos compagnes", mais de l'extraction d'un produit que bien des Français préfèreraient bien voir ailleurs. Oui, bien sûr, il y a aussi de l'or, du pétrole, et autres bricoles. Mais ne s'agit-il pas de sauver le soldat Areva, qui a là sa principale source... de pollution à long terme ? C'est tellement mieux que les énergies durables : là il s'agit du danger durable.

    Soudain, à la demande d'un gouvernement à la légitimité très douteuse, les mercenaires que sont désormais tous les prétendus "défenseurs de la France" sont envoyés là-bas, dans le désert, à leur sortie d'un autre théâtre d'opérations contesté, et contestable, l'Afghanistan. Il va falloir combattre quelques mercenaires là aussi, ceux d'Al Qaida, ces groupuscules de déstabilisation inventés par la CIA aux temps des Moudjahidin... encore d'Afghanistan. A leurs côtés sont les occupants légitimes et millénaires du terrain, les Touareg. Une vraie civilisation, très différente de la nôtre, mais au moins aussi respectable. C'est un processus qui sent très mauvais.  Les Affaires Étrangères de notre pays y seront durablement jetées au Gémonies par les gens du cru. Sans doute cela n'a-t-il pas d'importance, dès qu'on parle d'uranium.

    Florange
    Curieusement, le discours fut bien moins ferme, quand il s'est agi de défendre notre sidérurgie. Il est vrai que, désormais, elle appartient à un homme du sous-continent indien, très riche donc respectable sans doute. En revanche, elle est bien implantée sur notre sol, et elle est servie par nos compatriotes. Bah ! Cela n'a sans doute pas d'importance. Et toutes les solutions qui ont été proposées pour sauver ce facteur pourtant stratégique ont été récusées, toujours par l'homme de l'Élysée. Au contraire, le voilà en quête du démontage final pour toute la protection sociale de notre pays, sans doute parce qu'elle agresse les amis du personnage. Son prédécesseur n'est donc pas allé assez loin, il faut très vite finir de détruire ce que des centaines d'années de luttes avaient fini par obtenir, au prix du sang parfois.

    Un certain séjour à Londres, un peu avant les élections, fut donc fructueux. Tout est en place pour contenter les adorateurs de la City, les banquiers du Dieu Argent. Comme ses prédécesseurs des années 90, un socialiste ™ va plus loin et plus vite que ceux qu'on aurait pu supposer être ses adversaires. Les centrales syndicales ne bougent pas. Ceux qui descendent dans la rue ne s'en réclament pas. A la suite d'autres sacrifiés comme la Grèce ou l'Espagne, voilà la victime qui est présentée à ses bourreaux.

    Et pourtant, l'opposition existe, elle est toujours là. Elle n'a pas les mêmes aspects que les hommes de Billancourt. Elle se bat ici contre Areva (oui, celui qui a des mines au Niger et en Mauritanie), contre Vinci ici, contre Vinci là. C'est un projet d'aéroport ridicule, dans le pire endroit pour le construire ; c'est un EPR-Arlésienne, et la ligne THT qui en découlerait peut-être s'il venait à fonctionner.... un jour.... c'est un dossier pharaonique pour traverser les Alpes en bousculant tout sur son passage (merci le TAV) comme les éléphants d'Hannibal ; ce sont des dizaines de projets où Vinci (encore lui) n'a pas la plus petite part, pour des résultats envisagés qui feraient rire si ce n'était si grave (dix minutes de gain de temps pour Poitiers-Limoges, si, si....).

    Oui, il y a une opposition, mais elle n'est portée ni par des syndicats, ni par des partis politiques hormis le Front de Gauche parfois. La plupart du temps, ce sont des riverains de projets qui prennent leur destin en main, ou des jeunes motivés qui viennent leur prêter main-forte. Ils sont en butte aux forces dites de l'Ordre (particularité, tout est très calme quand elles ne sont pas là) qui, manifestement, ne sont là que pour les intimider, alors pourtant et manifestement, cela ne fait que renforcer l'opposition, et ridiculiser les positions gouvernementales.

    Magistral là-bas (pour le moment), piteux ici, et dangereux, voilà un parcours "officiel" que les citoyens français ont le droit de trouver malséant. De la précarité organisée pour un maximum de personnes, à une retraite de plus en plus rikiki pour de moins en moins de gens, d'une santé publique en grand danger (l'espérance de vie redescend désormais) à un emploi aussi rare que l'eau dans le désert du Mali, notre pays entier s'en va à la poubelle.

    N'a-t-on pas le droit d'être en colère ?

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