Longue citation du chef de l'État, il y a cinquante ans, le 4 janvier 1963.
(merci à
Jocegaly, pour m'avoir remémoré ce passage)
EXTRAIT DE C’ÉTAIT DE GAULLE D’ALAIN PEYREFITTE (T.2 , pp. 15 -16)
Salon doré [de l'Élysée ]- 4 janvier 1963
Le Général m’offre en étrennes une réflexion de Nouvel An – l’ouverture d’une nouvelle époque pour la France et l’Europe :
« Nous avons procédé à la première décolonisation jusqu’à l’an dernier. Nous allons passer maintenant à la seconde. Après avoir donné l’indépendance à nos colonies, nous allons prendre la nôtre. L’Europe occidentale est devenue, sans même s’en apercevoir, un protectorat des Américains. Il s’agit maintenant de nous débarrasser de leur domination. Mais la difficulté, dans ce cas, c’est que les colonisés ne cherchent pas vraiment à s’émanciper. Depuis la fin de la guerre, les Américains nous ont assujettis sans douleur et sans guère de résistance.
« En même temps, ils essaient de nous remplacer dans nos anciennes colonies d’Afrique et d’Asie, persuadés qu’ils sauront faire mieux que nous. Je leur souhaite bien du plaisir.
« Les capitaux américains pénètrent de plus en plus dans les entreprises françaises. Elles passent l’une après l’autre sous leur contrôle.
« Il devient urgent de secouer l’apathie générale, pour monter des mécanismes de défense. Les Américains sont en train d’acheter la biscuiterie française. Leurs progrès dans l’électronique française sont foudroyants. Qu’est-ce qui empêchera IBM de dire un jour : « Nous fermons nos usines de France, parce que l’intérêt de notre firme le commande » ? Qu’est-ce qui empêchera que recommence ce qui s’est passé l’autre année pour Remington à Vierzon ? Les décisions se prennent de plus en plus aux États-Unis. Il y a un véritable transfert de souveraineté. C’est comme dans le monde communiste, où les pays satellites se sont habitués à ce que les décisions se prennent à Moscou.
« Les vues du Pentagone sur la stratégie planétaire, les vues du business américain sur l’économie mondiale nous sont imposées.
« Bien des Européens y sont favorables. De même que bien des Africains étaient favorables au système colonial : les colonisés profitaient du colonialisme. Les nations d’Europe reçoivent des capitaux, certes ; mais elles ne veulent pas se rendre compte que ces capitaux, c’est la planche à dollars qui les crée ; et qu’en même temps, elles reçoivent aussi des ordres. Elles veulent être aveugles. Pourtant, à la fin des fins, la dignité des hommes se révoltera. »
Charles de Gaulle
4 janvier 1963
Chez De Gaulle il n'y a pas que du bon : mais là-dessus.... il n'y a vraiment pas photo. Il voyait juste, et en politique internationale il agissait juste. Qui a oublié
le discours de Phnom Penh, par exemple ? La soumission des édiles de la République aujourd'hui vis-à-vis de la Phynance est affligeante et criminelle. Une telle dépendance ne saurait durer.
Je l'ai dit, je le répète : au vu des circonstances depuis plus d'un an maintenant, le gouvernement doit démissionner en bloc, et le président à sa suite. Les parlementaires expédient les affaires courantes, lancent le projet d'une Constituante, dans six mois un nouvel État voit le jour grâce à un référendum constitutif : à ce moment-là tous les parlementaires rentrent chez eux, ainsi que les Constituants, frappés tous d'inéligibilité à vie.
Bien entendu tous les traités européens sont considérés comme caducs, et renégociables à zéro. La France sort de l'OTAN avec fracas. Les banques sont nationalisées, les départements grande finance fermés. La BdF redevient la garante de la Monnaie (même si l'Euro reste le moyen fiduciaire de paiement, la Monnaie française, celle des comptes bancaires, et peu importe son nom, s'y ajuste périodiquement). Il ne s'agit aucunement de mesures nationalistes comme les préconise un parti qui, lui, reste attaché aux financiers, mais de mesures de sauvegarde avant la remise en chantier d'une Autre Europe débarrassée des scories de l'Argent-Roi, humaine et fraternelle. Une Europe qui prenne enfin en partie modèle sur les Républiques d'Amérique du Sud.
Voilà ce qu'il faut faire. Tout de suite.
A la Justice ensuite de déterminer les fautes de l'Exécutif, et de décider ou pas de mettre en examen certaines personnes pour haute trahison (y compris des banquiers, des dirigeants de grandes entreprises, ou de filiales étrangères).
1793-2013. Terrorisons le Capital.