• Le sport instrument de domination

    Peut-être à l'occasion des Jeux de Sotchi, une campagne publicitaire accroche le regard. Ce sont des affiches sur fond blanc , qui montrent seulement la partie supérieure du corps d'un jeune garçon. Pas n'importe quel garçon.Une dizaine d'années peut-être, voire moins, il présente un visage fermé, buté, obtus, au crâne glable. La mâchoire est large, serrée, dominatrice. La peau est claire. Le regard est horizontal, et vise quelque part à l'infini. Déjà le message est semble-t-il assez clair.  Ce garçon veut se retrouver au-dessus des autres humains, quels que soient les moyens. Cette solitude montre bien que ses semblables ne comptent pas. Seul importe SON résultat PERSONNEL.

    Là, apparemment il s'agit de sport. Probablement pas de sport d'équipe. Il veut être LE plus grand, LE plus fort, celui qu'acclament des foules manœuvrées, orientées, dynamisées, manipulées. Un slogan barre l'affiche.


    Avec mon assoc, je vais devenir champion du monde


    Compte tenu de cette solitude sur l'affiche, le message semble bien être que l'association sportive à laquelle est sensé* appartenir ce garçon ne lui sera qu'un éphémère tremplin pour bondir toujours plus haut, sans entraîner ses camarades avec lui.

    L'affiche, je ne l'ai pas vue de près. Donc j'ignore qui l'a commandée, qui l'a réalisée, quel garçon a posé, je ne veux pas le savoir, et ce n'est pas mon propos.

    Cette affiche s'insère, à mon avis, dans un dessein bien plus vaste, politique. Il s'agit de promouvoir une sorte de surhomme à la Nietzsche, qui se détache du vulgus pecum, comme on dit. Il s'agit de réaliser un clivage, toujours plus de compétition, donc de conflit, de bagarre entre les humains. Il s'agit de rendre la vie intolérable, innommable pour les gens qui sont simplement des gens, des vrais, sensibles, conviviaux,  attentifs aux besoins des autres et qui en attendent de façon naturelle en retour. Des gens qui, sans le savoir la plupart du temps, pratiquent l'Ubuntu, cette sagesse africaine qui est sereine, mais n'exclut pas la violence quand celle-ci devient nécessaire. Gandhi lui-même ne l'excluait pas.

    On sait quelle jungle, non, bien pis que la jungle, est devenue une partie des États-Unis d'Amérique, celle que peuplent les non-nantis. C'est souvent une foire d'empoigne terrible, attisée par une police dont les instructions sont extrêmement violentes. C'est cet esprit que des dirigeants français veulent importer ici à coups d'initiatives tous azimuts. Ainsi, cette propension à promouvoir de gré ou de force cette aberration culturelle et linguistique qu'est le Globish à l'Université et ailleurs vise bien à former une piétaille que survolera l'Übermensch, une sorte d'homme nouveau, "artificiel", pas forcément plus cultivé, mais créé pour commander et dominer.

    Quelles sont les motivations des adeptes de cette terrible dégradation des vies, des mœurs, des savoirs, des solidarités naturelles ? Est-ce le "vivre-ensemble" qui leur fait peur parce qu'ils ou elles en sont exclu(e)s par leur mental ? Sont-ce des dégénérés qui ont perdu le sens de la Vie ? Quel que soit le diagnostic, il est assez évident que leur résister est devenu LE combat essentiel sur cette Terre, bien avant tous les "dossiers sociétaux" qui occupent le devant de la scène pendant que les tarés travaillent en coulisse à un effrayant autre chose dont ils seront seuls bénéficiaires, un autre chose déshumanisé et mortel pour le plus grand nombre.

    Et qu'on ne nous dise pas que la solution est dans les urnes : si elles étaient vraiment utiles, il y a longtemps que nous, citoyens, n'y aurions plus accès. Cela commence d'ailleurs avec les votes électroniques, ou pire, via la Toile. Ceux que personne, sauf les concepteurs, ne peut contrôler. Le vote ne peut être qu'avec les pieds, qui se détourneront de ce qui est offert par la pub : retournons sur les marchés, évitons les "super" et les "hyper". Marchons à pied, voire en vélo. Fermons définitivement "la télé", instrument de propagande par excellence. Pour ceux qui le peuvent, jardinons, échangeons, loin des multinationales des semences qui veulent "copyrighter" le vivant. C'est avec ces gestes simples que nous déstabiliserons les übermenschen en puissance (ou qui se prennent pour tels, ah ah ah ah !).



    Les chariots de feu - Générique par lolo631

    Amis, si vous aimez le sport, participez-y : mais n'oubliez jamais que toute compétition est mauvaise conseillère. Le seul combat à mener, c'est vis-à-vis de soi-même, pour tenter d'être encore meilleur. C'est le sens exact, et tellement détourné par des personnages sans scrupules, du jihad.

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    *  sensé, et non censé : il s'agit d'avoir du sens, pas d'avoir une permission.

  • Commentaires

    1
    Mardi 11 Février 2014 à 18:51
    Excellent article ! ... parait que nous sommes tous égaux ..( enfin dans les mots ) ... mais on passe son temps à organiser la compétition , pour établir des échelles hiérarchiques ! et dans tous les domaines ! ...
    2
    Mardi 11 Février 2014 à 19:10
    Oui, Joël, c'est la compèt' qui tue le monde, au sens vrai du terme. Si quelque chose est à enseigner dans les écoles,, c'est bien justement à ne pas se vouloir meilleur qu'un autre : ce qui est ridicule, puisque chacun a ses particularités, et qu'il est nécessaire de s'entraider pour être bien ensemble.

    Je ne cesse de le clamer : TOUS égaux, TOUS différents, et cela vaut pour tous les aspects de chacun. En fait ceux qui bénéficient de la situation présente, ce sont les médiocres dont le seul point "positif" est d'être hargneux et têtus.
    3
    A.R
    Mercredi 5 Mars 2014 à 12:02
    Bien vue l'allusion au Djihad. Le sens plein du Djihad n'est pas, en dépit de ce que nous disent et les intégristes musulmans et tous les medias occidentaux, la "guerre sainte", mais la tension de tous nos efforts, d'abord sur nous mêmes comme individualités, pour conquérir notre propre unité intérieure et notre maîtrise de soi. Sur le plan extérieur, social et, politique, le djihad prône la résistance à l'oppression (et on ne peut évidemment en exclure la lutte et l'affrontement) mais non non la violence pour répandre l'Islam ("Pas de contrainte en matière de religion", Coran II, 256). S'il en fût différemment parfois dans l'histoire (comme d'ailleurs dans l'histoire du judaïsme ou du christianisme), c'est en violation et non, en application du Coran (comme de la Bible)
    4
    Vendredi 7 Mars 2014 à 06:39
    Ah, si les les vecteurs de propagande que sont les suppôts des médias faisaient simplement leur boulot de journalistes, qui est d'informer, d'apporter des explications le plus neutres possibles, comme ce serait mieux ! Cela ne leur enlèverait aucunement le droit de s'exprimer personnellement, dans des tribunes auxquelles il serait possible de répondre pour leur préciser un point qu'ils n'ont pas vu, ou pas pu savoir, ou leur opposer en toute courtoisie une opinion différente.
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