• Wall Street et problèmes du monde

    Avec amusement, je découvre une dépêche de l'agence Reuters qui annonce

    Les problèmes de Wall Street en 2011 seront encore là en 2012 

    Je ris, car les problèmes du monde tiennent justement dans ce coin de New York, et son homologue londonien de la City. S'y ajoute, pour faire bonne mesure, le marché aux matières premières de Chicago.  C'est là que se dénouent les spéculations de tous les traders de la planète, de toutes les banques d'affaires, de tous les fonds de pension affichant un rendement de 5 à 10% de vos petites économies quand l'époque  est à la récession et à la déflation. Plus fort encore, certains y parviennent : pour cela ils n'hésitent pas ruiner quelques concurrents moins adroits, des petits porteurs, et bien sûr les salariés des entreprises qui sont sensées être l'objet de ces transactions. Le marché, c'est cela, et rien d'autre. Une foire d'empoigne, où les petits et les sans grade y laissent des plumes à coup sûr. Ne surnagent que les plus gros, et encore pas toujours s'ils ont été un peu trop imprudents. Il faut dire que souvent, pour lancer une opération, il faut avoir derrière soi d'énormes liquidités, réelles, ou disponibles à crédit, au cas où un report de position s'impose. Ce qui est fréquent.

     

    Il faut se souvenir du cas Kerviel : pour "tenir" des positions déjà énormes, il avait mobilisé la totalité des avoirs de la Générale, soit dix fois plus. C'est seulement parce que la banque n'a pas voulu plus longtemps suivre sur cette opération-là qu'elle a perdu autant. Cela cachait d'ailleurs d'autres pertes peut-être moins avouables, d'après ce qui s'est dit.

     

    Dans l'affaire, il faut bien se dire que l'investissement dans une industrie à développer, facteur positif d'avenir, est totalement occulté par le gain quasi immédiat : les valeurs changent de main à toute allure souvent, au gré de murmures, de bruits, d'intuitions, plus proches de Madame Irma que d'une saine gestion. C'est bien pourquoi des institutions comme Wall Street, si elles ont eu au tout départ une certaine utilité (pas plus), ne sont plus au contraire que les fossoyeurs de notre planète et de ses habitants.

     

    Il serait indispensable que les spéculations deviennent impossibles, que les positions ne puissent plus se faire à terme avec possibilité de report, qu'on ne puisse vendre que ce qu'on possède déjà, et acheter qu'avec l'argent qui figure déjà sur le compte, à la banque. Que les banques ne puissent plus utiliser l'argent déposé par leurs clients pour spéculer, que le Glass-Steagall Act soit remis en service, séparant banques de dépôt et banques d'affaires. Les solutions existent, les mettre en place n'est qu'un acte politique.

     

    Qui osera le faire, qui prendra le risque de se mettre à dos les banques comme Goldman Sachs, qui n'a pas hésité à tout faire pour ruiner un pays comme la Grèce, simplement pour assouvir ses appétits financiers ?  Et quand on parle de risque, il s'agit sans aucun doute de la vie même du législateur obstiné qui voudra faire le ménage à la maison. Un homme seul ne le pourra jamais, il devra être porté par une robuste opinion ayant compris l'enjeu, et soutenant l'action de mille manières. C'est pourquoi il est à craindre que ce ne soit pas pour demain. Avec une opposition comme il l'a, un Obama même motivé ne le pourra pas. Car c'est aux États-Unis, nécessairement, que tout pourra se jouer, ou non.

     

    Et pour finir, juste une mise en garde. Sur le marché des marchandises, celui dont on ne parle guère, la situation est pire encore. C'est pourquoi notre planète regorge de nourriture, mais quelques spéculateurs internationaux, de grandes maisons discrètes, stockent pendant plusieurs années, s'il le faut, des produits aussi essentiels que le blé ou le riz, laissant les cours monter par faute de pénurie, et lâchant les stocks au moment le plus propice, au plus haut. La mort de centaines de milliers d'enfants par malnutrition et famine ne leur fera pas lever un cil. Leurs noms ? Glencore, Cargill... il y en a d'autres.


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